Chapitre 13.

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Lana | Colorado, décembre 2022

Nous sommes déjà le jeudi 1er décembre et je n'ai toujours pas dit à Éros que je comptais partir demain soir.

Nous ne nous sommes pas adressé la parole depuis notre dispute, je l'ai évité toute la semaine. J'attendais que mon billet ne soit plus remboursable pour lui en parler.

Depuis ce matin, je réfléchis de quelle manière lui annoncer. Les autres sont au courant depuis ce midi. Nous avons mangé ensemble et j'en ai profité pour lâcher le morceau. Selon Liam, Éros ne me laissera pas partir. Mais je ne lui laisserai pas le choix.

C'est juste Éros, il n'est pas ton père, il n'est personne.

Malgré tout, le stress augmente, car j'appréhende sa réaction. Je ne veux pas qu'il s'énerve comme la dernière fois.

Me voilà devant la porte de son bureau. Je ferme les yeux et souffle un bon coup pour me donner du courage. La technique semble fonctionner. Quand je les rouvre, je suis beaucoup plus détendue et déterminée.

Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller dans son bureau. On m'a bien fait comprendre que je ne devais jamais y entrer. Les seules fois où je suis passée devant, ma peau s'est recouverte de chair de poule. Dans un sens, Éros me fait peur.

En y repensant, je ne le connais pas. J'oublie trop souvent qu'il est le chef de la mafia la plus puissante du Colorado. Une partie de moi ne réalise pas vraiment à quel point son monde peut être dangereux. Pourtant, sa réaction l'autre soir m'a vite ramenée à la réalité. Je me permets parfois de dire certaines choses qui ne seraient pas passées si je n'étais pas amie avec Jace et Liam. Il faut que je fasse plus attention.

Je toque à la porte et, quand sa voix résonne de l'autre côté, j'entre rapidement en refermant derrière moi. La pièce n'est pas comme je l'imaginais. Elle est spacieuse, les murs sont blancs et il n'y a pas grand-chose mis à part une commode et un bureau avec deux chaises. Éros est assis à son bureau, la tête plongée dans des documents.

- Désolée de te déranger.

Au moment où je prononce ces quelques mots, il relève la tête, surpris que je sois là. Je déglutis et poursuis :

- J'ai quelque chose à te dire... Tu sais que j'ai rencontré mon père le week-end dernier et que j'ai attendu ce moment toute ma vie.

- Abrège, j'ai pas ton temps ! me coupe-t-il d'un ton sec.

Je lui lance un regard noir.

- Il m'a donné rendez-vous chez lui, à New York. J'ai déjà mon billet d'avion, je pars demain matin.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et sors en vitesse du bureau. Après une dizaine de pas, quelqu'un me prend par le bras et me force à me retourner.

- Si tu crois que je vais te laisser y aller toute seule, c'est mal me connaître, assène Éros froidement.

Je le regarde, intriguée, ne m'attendant pas à cette réaction.

- Quoi ? Tu vas mettre un de tes hommes à mes pieds ? ironisé-je.

Un rictus se forme sur ses lèvres.

- C'est moi qui t'accompagne.

J'allais lui répondre, mais il me lâche brusquement le bras avant de repartir dans son bureau.

Il va m'accompagner ? Tout, mais pas ça.

En y réfléchissant, ce n'est pas si terrible. Il fera ses affaires de son côté et moi du mien. Je vais enfin pouvoir avoir les réponses à mes questions.

Sidéris T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant