Sidéris T1

Chapitre 15.

Lana | New York, décembre 2022

Le bureau est grand et plutôt classique. Il dispose d'une petite bibliothèque, avec un canapé à ses côtés et plusieurs plantes. Je m'assois sur l'une des chaises que mon père me désigne de la main, et il fait de même avec la sienne.

Dans un premier temps, je garde le silence et me contente de le fixer. Ce que je lis dans ses yeux n'est que regret et tristesse. Il a le visage terne et des cernes. À cet instant, malgré les beaux habits qu'il porte, il n'a rien d'un chef de mafia à mes yeux. Je me racle la gorge, prête à parler.

- J'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as avoué ce midi, commencé-je en déglutissant.

Je n'ai pas le temps de poursuivre qu'il me coupe la parole.

- Écoute, Lana, je suis vraiment désolé pour tout. Absolument tout ce que j'ai fait depuis ta naissance. J'ai commis des erreurs et je compte bien me faire pardonner. J'en parlerai à Lucas, sois-en sûre. Et même si tu ne veux pas de moi dans ta vie, ce que je comprendrais, je ne cesserai jamais de veiller sur toi. Je ne referai plus cette erreur.

Je reste sans voix. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise ce genre de choses. Dans un sens, ses paroles me rassurent, car il entend se faire pardonner, mais je reste tout de même dubitative. Malgré tout, je ne pense pas qu'en parler à Lucas soit la meilleure idée pour le moment.

Je baisse la tête et ferme les yeux, me préparant à ce que je m'apprête à dire, mais il continue :

- Tu ne sais pas à quel point ça m'a détruit de devoir partir. Je ne sais pas si tu connais l'amour, mais sache que ta mère était l'amour de ma vie. Je suis parti, mais jamais je ne l'ai quittée, elle est et restera la femme de ma vie, et jamais je ne la remplacerai.

Je relève la tête pour l'observer avec attention. Yeux fermés, mon père ravale un sanglot. Cela ne devrait pas, mais le voir ainsi me brise le cœur. Moi aussi, je souffre de la perte de ma mère, mais je ne peux pas imaginer de perdre l'amour de sa vie, la mère de ses enfants. Il l'a quittée à contrecœur, sans pouvoir profiter de sa vie avec elle, ni même de ses enfants. Et le pire, c'est qu'il s'est éloigné pour nous protéger, pour qu'au final, ma mère soit tuée à cause de son statut.

Quand il rouvre les yeux, ils sont rouges et remplis de larmes. Mon cœur se fend. Je n'avais jamais pensé à la douleur qu'il avait pu ressentir en s'éloignant de nous.

Oh, papa...

- J'ai tout fait pour vous protéger, toutes ces années. Quand j'ai reçu l'alerte que quelque chose se passait chez vous, j'ai sauté dans le premier avion. J'ai essayé d'appeler ta mère, mais elle ne m'a pas répondu.

Une larme s'échappe et vient rouler le long de sa joue. Mon cœur se comprime un peu plus, alors que je retiens mes yeux de pleurer. Il essuie son visage d'un geste rapide.

- Mais quand je suis arrivé, les pompiers étaient déjà là et la maison était détruite. Puis je t'ai vue, Lana (il lâche un sanglot). Je t'ai vue dans cette ambulance, complètement détruite. J'ai très vite compris et je me suis effondré. Si tu savais combien je regrette de ne pas avoir été là pour vous sauver. J'ai complètement merdé, Lana. Je ne pourrai jamais me faire pardonner par ta mère, alors le mieux que je puisse faire maintenant, c'est être présent pour Lucas et toi.

Je ne peux pas m'empêcher d'être triste pour lui et pour maman. Je vois sur son visage qu'il s'en veut et je suis sûre que maman aurait voulu que je lui pardonne. Ma gorge est nouée et mes yeux me piquent. Je comprends son regret. Je regrette moi aussi de ne pas l'avoir sauvée. Si je ne peux pas me pardonner, alors je le ferai avec lui.