Sidéris T1

Chapitre 16.

Lana | Colorado, décembre 2022

Cela fait maintenant une semaine que nous sommes rentrés de New York. En arrivant à la maison, j'ai été très surprise d'y retrouver tous les autres qui nous attendaient.

- C'était trop vide sans vous, s'est écrié Jace en nous prenant dans ses bras tour à tour.

Durant toute la semaine, Noa n'a pas arrêté de parler de Liam, et inversement. Ariane et moi sommes ensevelies sous la quantité d'informations les concernant. Mais ils sont si mignons qu'on leur pardonne. Ce week-end aura lieu leur deuxième rendez-vous.

Éros a repris ses affaires et, les rares fois où nous nous croisons, l'ambiance reste cordiale. Même si nous ne sommes pas aussi proches qu'à New York, je suis contente que nous soyons enfin sur la même longueur d'onde. Nous n'avons pas reparlé de la soirée, puisque de toute manière, il n'y a plus rien à dire.

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous à l'hôpital pour une radio de la main. Dans la salle d'attente, je trépigne d'impatience, car cela signifie qu'on me retire cet affreux bandage. Jace s'est proposé pour m'accompagner, et je suis contente qu'il soit là pour moi.

Nous attendons sur deux chaises, un peu à l'écart du brouhaha et des autres patients. Jace a les yeux rivés sur son téléphone, tandis que je regarde autour de moi pour y trouver quelque chose d'intéressant. Mais rien ne réussit à capter mon attention. Après plusieurs minutes à fixer les va-et-vient du service, je me risque à poser la question qui me brûle les lèvres.

- Jace... Comment as-tu rejoint la mafia ?

Il relève ses yeux vers les miens, surpris par ma question soudaine. Puis, il verrouille son téléphone avant de plaquer son dos contre le siège, laissant son regard se perdre dans le vide.

Après quelques minutes, je désespère d'obtenir une réponse quand il ouvre finalement la bouche.

- J'ai rencontré Éros quand j'étais enfant, on était à l'école ensemble.

Je savais qu'ils se connaissaient depuis des années, mais je ne pensais pas que ça remontait à si loin.

- Enfant, reprend-il, j'étais enrobé, et ça a été une période compliquée pour moi. J'ai été harcelé pendant tout le début de ma scolarité, à tel point que je ne voulais plus aller à l'école. Et pourtant, j'aimais bien ça, à la base.

Mon cœur se serre. Avec sa bonne humeur communicative, j'étais loin de me douter que Jace avait été un enfant harcelé. Instinctivement, je pose ma main sur la sienne, pour lui apporter du soutien à ma façon.

- Un jour, quand j'étais en 4th Grade, un nouvel élève du nom d'Éros est arrivé dans la classe. Il a tout de suite été bien accueilli par les autres. Il était déjà très charismatique à cet âge-là.

Je souris, essayant d'imaginer un Éros sûr de lui à l'âge de neuf ans.

- Un soir après l'école, j'attendais mes parents sur le parking de l'école quand des brutes du 5th Grade me sont tombées dessus. Ils me traitaient de « petit gros » ou de « boudin » tout en me donnant des coups de pied. Puis, sorti de nulle part, Éros est apparu et a pris ma défense. Pour la première fois de ma vie, quelqu'un m'avait défendu. Il a réussi à les faire fuir et m'a aidé à me relever. Après ça, j'ai su qu'il ferait partie de ma vie pour toujours. Je lui devais bien ça.

Déjà, enfant, Éros était bagarreur. Au moins, cela avait été pour la bonne cause. Jace tourne la tête et plonge son regard dans le mien.

- Après ce soir-là, ma vie a totalement changé. J'avais un meilleur ami. On a passé toutes les autres années du collège ensemble. Arrivé au lycée, j'ai appris que son père était le chef d'une mafia, mais ça m'importait peu. Ça ne changeait en rien ce que je pensais d'Éros. Quand son père est mort l'année dernière et qu'il a dû reprendre la mafia, j'ai eu deux choix : soit je le rejoignais et je le soutenais comme il l'avait fait avec moi des années auparavant, soit je faisais ma vie de mon côté. Mon choix a été vite fait.