Sidéris T1

Chapitre 14.

Lana | New York, décembre 2022

Mes jambes sont lourdes et ma tête tourne au ralenti. Mon cœur bat si fort que ma poitrine est douloureuse. J'ai l'impression de recevoir des milliers de coups de couteau.

Mes larmes envahissent mes joues. Je cours jusqu'à ma chambre sans faire attention au personnel que je dérange. Mon corps est faible, et les forces me manquent rapidement. Je dois m'arrêter.

J'ouvre avec fracas la porte de ma chambre qui vient taper contre le mur. Ma tête entre les mains, je ferme les yeux pour tenter de calmer ma respiration.

- Lana...

Je tourne ma tête en direction d'Éros. Il est dans l'encadrement de la porte. Il s'approche doucement, mais je recule à chacun de ses pas.

Comment peut-il être ici et vouloir m'aider alors qu'il y a une semaine, il me hurlait dessus ? Il ne m'a jamais considérée plus que comme l'amie de Jace et Liam, et aujourd'hui mon état le préoccupe ?

- Ne t'approche pas, soufflé-je.

Il s'arrête et m'observe en plissant les yeux, comme s'il essayait de comprendre ma douleur. Pourquoi ferait-il ça ?

Je n'arrive pas à penser à autre chose que ma mère. Elle est morte par sa faute. Mon cœur se compresse à cette seule pensée.

C'est impossible. C'est un cauchemar, et je vais me réveiller.

- Lana, calme-toi, je suis là pour toi.

- Il l'a tuée, Éros. IL L'A TUÉE ! crié-je, à bout de souffle.

- Je suis terriblement désolé pour ta mère, dit-il en s'approchant de nouveau.

Je recule, jusqu'à ce que mon dos vienne taper contre un mur. Mon corps est si affaibli par la tristesse que j'ai n'ai plus la force de tenir sur mes jambes. Je m'effondre à terre, ma tête tombant sur mes genoux repliés.

Éros est à mes côtés, accroupi devant moi, et pose ses mains sur mes genoux. La crise d'angoisse qui me submerge est si puissante que je n'ai plus la force de le repousser.

- Regarde-moi, Lana, on fait comme d'habitude.

Il prend ma main et la pose sur son torse. De son autre main, il relève ma tête pour m'obliger à le regarder. Je plonge dans ses yeux immédiatement. Son bleu profond ressemble à une mer d'une tranquillité inébranlable, contrastant avec la tempête qui se déchaîne en moi. Son regard est comme un phare dans l'obscurité, une lueur d'espoir. Et je m'accroche à cette lueur de toutes mes forces.

Quand je réussis enfin à me calmer, j'éclate une nouvelle fois en larmes.

- Éros... Ma mère a été tuée... C'était pas un accident... C'était pas un accident, répété-je entre deux sanglots.

Il s'assoit à mes côtés et me prend dans ses bras.

- Je sais, Lana, je suis désolé.

Je devrais le repousser, mais je n'en ai pas l'envie. La chaleur de ses bras m'apaise, m'apporte une bulle de sécurité, comme si plus rien n'existait et que plus rien n'avait d'importance. C'est juste lui et moi, ici et maintenant.

Je suis sous cette eau chaude depuis plus de vingt minutes maintenant. Une fois que j'ai réussi à me calmer, Éros m'a laissée et je me suis précipitée sous la douche pour profiter de la chaleur.

Je ne sais pas si j'arriverai à pardonner ça à mon père. J'y ai beaucoup réfléchi. D'un côté, il voulait nous protéger et il a essayé de venir à notre secours. De l'autre, tout ceci ne serait jamais arrivé sans lui.