Sidéris T1

Chapitre 12.

Lana | Colorado, novembre 2022

- Comment ça, ton père ? demande Jace, surpris par ma révélation.

- Il est parti quand j'étais enfant, mais avec Lucas, on n'a jamais su pourquoi. J'étais loin de me douter qu'il était le chef d'une mafia, dis-je en baissant la tête.

Jace attrape ma main dans un geste réconfortant et je sens la voiture prendre de la vitesse. Éros a les doigts crispés sur le volant, comme s'il lui avait fait quelque chose.

- Il est chef de quel État ? demande-t-il soudainement.

Je retire ma main de celle de Jace et lui lance un sourire pour le remercier avant de tourner la tête en direction d'Éros. Nos yeux s'accrochent à travers le rétroviseur intérieur et ce qui se dégage de son regard m'effraie.

- Celle de New York. Tu le connais ?

Il reporte son attention sur la route.

- Oui, je les ai vus plusieurs fois avec mon père lors de réunions comme celle-ci.

- Comment tu peux être sûre que c'est ton père ? m'interroge Liam en se retournant.

- Ma mère m'a donné une photo de lui, alors je l'ai tout de suite reconnu. Apparemment, il n'a jamais arrêté de nous surveiller depuis toutes ces années.

Il acquiesce et se repositionne face à la route. Nous continuons de rouler en silence, la tension s'étant accentuée dans la voiture.

Quand Éros se gare enfin dans l'allée de la maison, je ne perds pas une seconde pour sortir du véhicule et rejoindre ma chambre. Une fois mes talons et ma robe retirés, je file à la douche, mon remède quand je réfléchis trop. Il n'y a rien de plus apaisant pour moi que la chaleur de l'eau qui coule sur mon corps.

Mon cerveau part dans tous les sens. Entre le comportement incompréhensible d'Éros, la distance qui me sépare de Lucas et la soudaine réapparition de mon père, ma tête va exploser. Tout se mélange, je ne sais plus quoi faire.

J'ai toujours pensé que mon père était parti, tel un héros qui part à la guerre. Ou qu'il était agent secret. Un truc incroyable comme seul un enfant peut s'imaginer. La réalité est bien moins glorieuse, il est chef d'une mafia.

Que fait-il à New York, déjà ?

Pendant que j'enfile mon pyjama et me glisse sous les draps, je me repasse la scène en boucle dans la tête. Mon père n'a jamais arrêté de nous surveiller, et pourtant, il n'était pas là quand maman est morte dans cet incendie. Il n'était pas là non plus quand je me suis fait enlever et torturer. Il n'a jamais été là.

Mon cœur me dit de passer à autre chose, de le comprendre. Ce n'est pas facile d'avoir une famille dans ce monde. Mais ma tête me dit qu'il a eu un millier d'occasions de revenir depuis le décès de maman. Malgré son statut, il aurait dû se battre pour continuer d'être avec nous. Je suis sûre qu'il pouvait mettre en place des protections rapprochées ou quelque chose du genre.

Je souffle un bon coup et me retourne dans le lit. Je me vide la tête et essaye de m'endormir.

Je me réveille en sueur et essoufflée vers 4 heures du matin. Je ferme les yeux, bien décidée à profiter encore quelques heures, mais même après de longues minutes, mon corps refuse de se rendormir. Dans un grognement, je pose les pieds au sol et descends à la cuisine. J'ouvre le frigo et me sers un verre d'eau.

- Un cauchemar ?

Dans un sursaut, je referme la porte du réfrigérateur et me retrouve face à Liam.

- Tu ne dors pas chez toi ? demandé-je, surprise de le voir ici en pleine nuit.

Il attrape une pomme avant de s'asseoir à la table de la cuisine.