Chapitre 3

225 20 4
                                    

Règle n°3 : Echapper au passé, ne pas laisser les murs se fissurer.

Mes affaires posées sur la table d'étude quelques rangées plus loin, je recherchais un livre que j'aurais pu lire. Je finis par choisir un classique de mon enfance : Alice au pays des merveilles. Je m'assis et commençais à feuilleter les premières pages, surveillant ma montre. Je finis par le reposer, et ajoutais sur ma liste de course de m'en acheter un exemplaire.

Je sortis de la bibliothèque et me dirigeais vers ma prochaine salle de cours. La porte était déjà ouverte, je rentrais et m'assis toujours contre la fenêtre. Après avoir correctement positionnées mes affaires, je déposais mon sac sur la chaise à mes côtés en espérant que cela dissuaderait les autres de s'asseoir à côté de moi. Quelques élèves arrivèrent à leurs tours, s'éparpillant dans la classe, par petits groupes.

Lorsque la cloche retentit, je vis Lise arriver en compagnie de ses amies. Elle me fit un grand signe de la main, avec un grand sourire. Taylor entra à son tour, et s'assit à l'autre bout de la classe dès qu'il m'aperçut. Son visage était toujours fermé. Finalement, il tourna la tête vers moi et son regard gris, devenu si sombre d'un coup, me transperça. Je me rendis alors compte que je le regardais depuis qu'il était entré. Il prit alors ses affaires, et vint les poser à côté de moi. Il prit mon sac et le posa délicatement par terre, ce par quoi je fus surprise.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'assieds à côté de toi, Miss Maniaque.

Je pris mon sac et le remis bien, avant que son contenu ne se renverse sur le sol. Je me relevais, et le foudroyais du regard.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Tu viens pourtant de ramasser ton sac car il allait tomber sur le côté.

- Tais-toi.

Il était en train de me faire perdre mon sang froid. Je repris une bouffée d'air alors que le professeur arriva enfin, histoire de me calmer. Il commença par se présenter, puis nous présenta rapidement le programme avant que nous commencions à travailler. Je tentais de ne plus prêter attention à mon voisin. Alors que je prenais des notes, il me regardait, avec attention. En lui jetant des coups d'œil de biais, je remarquai que ses bras étaient déjà recouverts de tatouages. Pas ces tatouages tribaux que des petits jeunes se font sur un coup de tête, non. Ses tatouages à lui semblaient réfléchis. On pouvait même en voir à travers son t-shirt blanc qui lui moulait le torse. Comment avait-il pu se faire tatouer autant de fois, en si peu de temps ? D'un certain côté, il semblait avoir plus de dix-sept ans. S'il avait dix-neuf ans, ça lui aurait laissé trois ans pour se faire tatouer tout cela (de manière légale bien évidemment).

Il fallait que j'arrête de penser à lui. Bien qu'il me regardait avec insistance, il fallait que je n'y fasse pas attention.

- Pourquoi t'es comme ça ?

- Comme ça quoi ?

- T'as aucun pète de travers. Tu te tiens parfaitement droite, aucun de tes cheveux ne rebique, t'as ton maquillage mit super bien, tu ranges bien tes affaires, je sais pas, t'es genre guindé, tirée aux quatre épingles.

Je me tournais vers lui. Son compliment me fit sourire, voyant qu'il était on ne peut plus sérieux. Et pourtant, il ne semblait pas me complimenter selon lui. A vrai dire, avant j'aurais pensé la même ... Non, avant n'est plus.

- Et pourtant, des fois on dirait que ... Je sais pas comment l'expliquer, mais tu as envie d'être moins comme ça. T'as pas une part de folie ?

- Non. Laisse-moi tranquille, lui répondis-je, en ayant marre qu'il me distraie du cours.

Il finit par se taire pendant le reste du cours, continuant malgré tout à me regarder attentivement ce qui m'agaça. Le reste de mes cours, je les passais seule, bien que j'eu mangé avec Aïsha, Lise et leurs amies. J'avais été polie, mais n'avait que très peu parlé. Lorsqu'enfin ma journée fût terminée, je sortis du lycée pour faire mes courses. Après avoir acheté de quoi me nourrir, ainsi que ce qui était important pour mon appartement, je partis au rayon livre, histoire d'acquérir quelques nouvelles œuvres. Je choisis Alice au pays des merveilles, De l'autre côté du miroir, ainsi qu'une trilogie de Katherine Pancol. J'encaissais mes achats et rentrais chez moi. Je rangeais mes courses, puis mes livres dans ma bibliothèque. Mon regard s'attarda un instant sur une boite à chaussures d'une marque à célèbre semelle rouge. Je me refusais de l'ouvrir, sachant son histoire, et ce qu'elle contenant. Si je l'ouvrais, je ne serai plus parfaite. Mon masque se fissurerait.

Ma soirée se découpa entre faire mes devoirs, préparer à manger, faire du ménage et regarder un film. Lorsqu'il fût pour moi l'heure de me coucher, je rangeais mes affaires et partais me laver avant d'enfiler un short en coton confortable et un débardeur. Je m'endormis rapidement, me forçant à me vider l'esprit de quelque pensée que ce soit.

- Ah ! petit prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi ta petite vie mélancolique. Tu n'avais eu pour longtemps que la douceur des couchers de soleils. J'ai appris ce détail nouveau, le quatrième jour au matin, quand tu m'as dit :
« J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil...
- Mais il faut attendre...
- Attendre quoi ?
- Attendre que le soleil se couche. »
Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m'as dit :
« Je me crois toujours chez moi ! »

- Pourquoi il faut attendre pour que le soleil se couche Papa ?

- Parce qu'il faut attendre qu'il ait éclairé tout le monde sur la Terre. Tu sais, le soleil n'éclaire pas tout le monde en même temps. Quand il fait jour chez nous, dans d'autres pays il fait nuit.

- J'aimerais bien pouvoir faire comme le Petit Prince, qui déplace sa chaise.

- Mais tu n'en aurais pas marre ?

- Mais non ! Plus tard, je serais à la poursuite des couchers de soleil !

Je me réveillais en sursaut. Mon portable indiquait trois heures trente-quatre du matin. Il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas réveillée ainsi en pleine nuit. Je m'assis sur le bord de mon lit, perturbée par ce réveil si soudain. Je me souvenais dans les moindres détails de mon rêve, ou plutôt de mon souvenir. Je pris ma tête entre mes mains, pour essayer de chasser ces images et ces mots.

Parfaitement réveillée, je jetais un coup d'œil vers ma bibliothèque. Je me levais, et restais un instant devant la boite à chaussures, seule sur son étagère, avant de m'en détourner pour prendre mon tout nouvel exemplaire de Lewis Caroll. J'entendis mon portable vibrer alors qu'Alice dégringolait dans le terrier.


De Sarah :

Max m'a tout expliquée. Je suis désolée. Mais, Kate, même si tu as ignoré tous mes appels (je te soupçonne d'avoir mis un filtre), il y a une chose que tu dois savoir : tu ne pourras échapper à ton passé aussi facilement, il te rattrapera. La fuite n'est pas une bonne solution.



---------------

Bonjour à tous !

J'espère que ce nouveau chapitre vous a plût ! Personnellement, je m'éclate à vous écrire la suite à chaque fois ! Merci à tout ceux qui votent et qui commentent, ça me touche énormément.
Dans ce chapitre, vous en apprenez un peu plus sur Kate, bien que cela soit très vague. Qu'en pensez vous ? Qu'est ce que contient la boite d'après vous ? 
Pleins de bisous, je vous publie bientôt la suite ;)

How to be perfectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant