Chapitre 11

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- Alors, les filles, dites-nous tout ! Comment vous avez rencontré Kate ? demanda ma meilleure amie.

- Eh bien, elle est arrivée à la rentrée, parfaite, mystérieuse, dans notre classe. Elle semblait très gentille, et malgré tout, elle intimidait tout le monde. A vrai dire, ça a toujours été le cas jusqu'à aujourd'hui. Elle se tient droite, toutes ses affaires sont bien rangées, son maquillage est parfaitement appliquée. Parfaite, c'est ce qui la décrit le mieux. Elle ne laisse jamais aucune expression paraître, expliqua Lise.

- Si, une fois elle a fumé avec Taylor, et une autre elle a ri franchement. Mais à part ça, c'est la reine des glaces, on en vient à croire que son cœur est de pierre, ajouta Aïsha.

- Je suis là je vous rappelle ...

- Moi j'ai vu ses sentiments apparaître parfois, mais il y a toujours une phrase, un truc qui la fait réagir. Genre, une fois, je lui avais apporté ses devoirs, elle était décoiffée, première fois de sa vie on aurait cru, ria Taylor, suivit de Max et Sarah qui eux, rigolaient pour d'autres raisons. Bref, on discutait tranquille, jusqu'à ce que je lui sorte que la fuite n'était pas une bonne solution ou un truc du genre. Et là, elle a pété un câble et m'a chasser de chez elle.

- C'est la seule fois qu'elle n'était pas en cours ce jour-là, avec hier. Puis, elle parle très peu d'elle, je sais même pas quelle est sa couleur préférée, son style de mec, ou même le nom de ses parents ...

Je me levais brusquement, faisant trembler les verres sur la table.

- C'est bon, j'en ai marre, je me casse.

Et je sortis de table après avoir posé de quoi payer nos commandes dans le petit pot. Arrivée dehors, j'allumais une cigarette, et partis en voiture. Les larmes coulaient sur mes joues.

« Ma couleur préférée ? Ses yeux. »

Je laissais tomber mon mégot au sol.

« Mon style de mec ? Le blond qui se tient juste en face de toi, et qui m'a larguée. »

Je quittais la ville alors qu'une boule se formait dans ma gorge et que je laissais échapper une plainte douloureuse. Je ne savais pas où j'allais, et peu importe, tant que je pouvais fuir la douleur qui me lacerait la poitrine.

« Mes parents ? Ma mère est morte en me donnant naissance, la seule chose que j'ai d'elle, c'est son nom, qui est désormais le mien. Mon père ?... »

Je finis par me garer sur le bas-côté de la route. Une fois sortie de la voiture, je poussais un cri, douloureux, à m'en briser les cordes vocales. Je finis par me laisser tomber à terre, au milieu de nulle part. Je n'en pouvais plus d'avoir mal. Je n'en pouvais plus de pleurer. Je n'en pouvais plus de continuer comme ça. De jouer à être quelqu'un d'autre. Mais je ne pouvais plus être moi-même. Je ne pouvais plus sans que l'on me questionne. Quoi que je fasse, l'on me questionne. J'aimerais être invisible. Et en même temps, je ne veux pas l'être. Je veux qu'ils sachent. Et qu'ils ne le sachent pas. Je ne sais plus ce que je veux. Je suis au milieu de tout ce cataclysme, et je ne sais plus comment faire pour m'en sortir. Je ne sais pas quel est le meilleur moyen pour qu'il y ait le moins de dégâts. Je ne sais pas comment ne pas être brisée plus que je ne le suis déjà.

Are you prood of me now ? I don't think so.

Après maintes et maintes cigarettes, et je ne sais combien de temps, mes larmes avaient cessées pour la simple et bonne raison que j'étais devenue incapable d'en verser une seule. Je me levais, et pris mon appareil photo dans la voiture. Et je me perdis pendant des heures dans mes clichés.

How to be perfectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant