Chapitre 5

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Règle n°5 : Ne rien laisser paraître.

Cela faisait déjà plus d'une semaine que les cours avaient commencés. Une semaine que je trainais plus ou moins avec Aïsha et Lise. Plus d'une semaine que j'essayais de trouver un moyen de m'esquiver tous les midis. Plus d'une semaine que j'évitais le moindre contact humain. Plus d'une semaine que j'évitais au maximum de croiser Taylor, qui ne m'adressait plus la parole. Plus d'une semaine que j'avais blessé Sarah au point qu'elle ne prenne pas la peine de répondre à mon message. Après tout, qu'aurait-elle pu répondre ?

Je me dirigeais vers le lycée. J'avais glissé un CD dans l'autoradio, les nocturnes de Chopin résonnaient dans l'habitacle. Je me garais sur le parking du lycée, et vérifiais que mon maquillage n'avait pas coulé, et que ma chemise n'avait pas de faux plis. Je descendis de ma voiture, sac sur le dos, prête à affronter une nouvelle journée. Je me faufilais entre les occupants de la PC pour me rendre à la bibliothèque. J'y arrivais enfin, et m'assis sur la même table que le premier jour. Je cherchais un exemplaire que je pouvais emprunter, qui me plairait. Je tombais sur l'Assommoir d'Emile Zola. Je commençais à en parcourir les pages, me laissant portée par le roman. J'étais tellement concentrée dans ma lecture que je n'entendis pas la sonnerie. Lorsque je me rendis compte qu'il n'y avait plus personne, je remballais mes affaires, glissais l'exemplaire dans mon sac, et courus hors de la bibliothèque. Arrivant devant la porte de mon cours d'histoire, je frappais. J'entendis la réponse de mon professeur et entrais.

- Excusez-moi de mon retard.

- C'est la première fois. Allez-vous asseoir à votre place.

Je le remerciais, et partis m'asseoir à la seule place libre : à côté de Taylor. Je déposais mes affaires en douceur, et sortais mon cahier rempli de notes. Je pris ce qu'il y avait déjà marqué au tableau, et écoutais le professeur en silence. Je sentais la chaleur émanant de Taylor tellement il était proche. C'est alors que je me rendis compte que j'avais froid. J'aurais dû enfiler une veste ou une écharpe. Je retournerais chez moi ce midi, pour aller en chercher une.

C'est alors que je sentis une veste sur mes épaules. Je me retournais et découvris alors que c'était Taylor qui me l'avait mise.

- Tu claquais des dents, se justifia-t-il. Désolé, mais elle ne sera pas parfaitement à ta taille, ajouta-t-il.

Je restais stupéfaite, et il se détourna, n'attendant visiblement aucune réponse.

- Merci.

- C'est rien. Garde la pour aujourd'hui.

J'enfilais alors les manches de son gilet en coton, chaud et doux. Le reste du cours se déroula en silence, jusqu'à la sonnerie annonçant la fin de nos deux heures d'histoire. Taylor sortit de la salle, et je finis par en faire de même. Je fus surprise qu'il reste à attendre près de la porte. Et encore plus lorsque je compris que c'était moi qu'il attendait.

- Tu viens avec moi ?

- Où ça, à la PC ? Non mer..

- Nan, j'aime pas la PC. Derrière le lycée.

J'acquiesçais de la tête. Depuis ce matin, je n'étais absolument pas parfaite. Il fallait que je corrige ça. Cependant, lorsqu'il me proposa de tirer sur sa cigarette, je ne refusai pas. J'avalais sans problème la fumée, et la relâchais au bout de quelques secondes. Même si cela faisait longtemps que je n'avais pas fumé, les vieilles habitudes ne se perdent pas. Il sembla quelque peu surpris que je ne tousse pas, mais il ne me le fit pas remarquer.

- Pourquoi est-ce que tu fumes ? lui demandais-je.

- Tu dois t'imaginer que c'est pour faire classe.

How to be perfectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant