Chapitre III

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Mon cœur rata un battement. Cette phrase me paralysa. Comment est-ce-qu'il savait... Je continuai la lecture et écrasai ma tête sur ma couette. « ... et le lendemain, j'avais la gueule de bois. ». Ouf ! Je m'étais fait une belle frayeur. Je psychotais trop ces derniers temps. Cette double vie m'angoissait alors que j'étais d'un naturel assez calme.


Je m'efforçai à ralentir mon rythme cardiaque en posant mon index et mon majeur sur mon cou. Après m'être calmée, j'ôtais mes lunettes et les posai sur ma table de nuit. J'avais perdu ma vision d'aigle du jour au lendemain. Arthur m'avait précisé que cela pouvait être du au coma et aux « voyages » que j'effectuais entre la Terre et Utopya et qu'un jour peut-être elle reviendrait. Pendant ce temps, je devais m'obliger à nettoyer les verres sans arrêt. Mon pouce frôla l'interrupteur de ma lampe de chevet et y exerça une pression. La lumière disparu et les rêves virent m'enlever à mon lit.


* * *


Ma mère arriva dans ma chambre et ouvra avec vivacité mes volets. Comme à mon habitude, je ronchonnais en franglais :


« No mummy please. Un peu plus de time please. Mam 's I Love You, please. No ! Ferme les curtains. Argh ! What is it ?The soleil ? I n'avais pas vu ça depuis a lot if time ! It buuuuurns. »


Malheureusement, ma maman ne comprenant pas le sens du tragique et, sans aucune pitié, elle se jeta sur moi pour m'embrasser sur le front. Elle venait de briser ma règle primordiale : ne pas m'agresser dans la première heure suivant mon reveil. A contre cœur, je basculai mes pieds afin de les insérer dans mes chaussons. Tel un zombie, je marchai mécaniquement vers la cuisine et vit que mon père, assis dans son fauteuil à lire le journal, m'avait déjà préparé mon chocolat chaud. Je souris. Cette journée sera une belle journée.


Après m'être habillée avec les habits de la veille, je saisis mon sac avant de partir au lycée en trottinant. Je n'étais pas en retard, je n'étais jamais en retard (en omettant, bien sûr les 30 secondes d'hier) mais j'avais besoin de libérer mon surplus d'endorphine.


J'arrivai devant le lycée et ralentis ma course. Je passai devant tous les adolescents, assis en rang d'oignon sur une barrière, occupés à fumer et à raconter leurs soirées. Mais je n'étais pas comme eux, je n'étais pas populaire, je n'étais pas timide pour autant. Mon sarcasme m'avait valut l'image d'une fille franche mais hautaine. Je repérai parmi ce troupeau Théo et Ange se tenant la main. Un sourire se dessina sur mes lèvre à cette vue. Mignons.


Je me dirigeai directement vers la salle B204, notre salle de français. J'aimais arriver en avance car une fois que la sonnerie retentissais, c'était la ruée vers l'or ou plutôt la ruée vers les places du fond. Notre professeur arrivait, elle-aussi, en avance et me laissait entrer. Par habitude, je me plaçais au fond, près de la fenêtre. Oui, c'est cliché, je sais.On se croirait dans un mauvais shojo où la fille solitaire s'assoit toujours à cette place, en regardant la fenêtre.

Je me décidai de parier sur la prochaine arrivée. Alors que je me décidai à choisir Mila, la jeune fille mignonne, timide et très intelligente ; quelqu'un pénétra dans la classe. A mon plus grand étonnement, cette personne était non pas blonde mais brune, était doté non pas de yeux bleus mais de yeux marrons, était non pas une fille mais un garçon, s'appelait non pas Mila mais Théo. Je fus surprise de son arrivée car il restait toujours avec Ange jusqu'au dernier moment. Alors qu'il passa la porte, les pouces sous les bretelles de son sac à dos et l'air vagabond, son sourire s'étendit quand il vit qu'il n'était pas seul. Il glissa sur la chaise à coté de la mienne.

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