Chapitre XIII

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Q-quoi ? C-c-comment ça ? Comment savait-il ?



Je commençai à paniquer et à tourner ma tête frénétiquement autour de moi.


Ce n'était pas possible, il n'avait pas pu sortir d'Utopya. Ou alors...une caméra ? Un traceur ?


Je tentai de me calmer et du coin de l'œil, j'observai chaque angle de la pièce. J'avais été formée pour repérer toutes sortes de sondes mais en vain. Dépitée et avec une fierté bien amputée, je me résolus à lui demander directement.


De: The Queen

À: Théo(T)/Noah(U)

Objet: Le pourquoi du comment, esclave.


Comment as-tu su que j'hésitais à l'enlever ?


Ta Reine.


Je relus le message une bonne dizaine de fois et changeai finalement ma signature par « La Reine » pour éviter toute ambiguïté. Il ne tarda pas à répondre :

De: Théo(T)/Noah(U)

À: The Queen

Objet : Je sais tout... Je vois tout...


Non plus sérieusement, je suppose que tu as arrêté de saigner et de cicatriser. Si c'est pas le cas, remplace-les par d'autres sparadraps sans oublier de désinfecter les plaies avants.


Ton Docteur Généraliste.


Je me jetai sur la montre pour voir sa réponse. Je restai paralysée devant l'écran pendant quelques secondes avant de souffler.

D'un coté, ça me rassure: mes talents de perception ne sont pas rouillés. Mais d'un autre coté, ça me désespère: comment avais-je pu penser qu'il parlait de mon collier ?


Finalement, j'enlevai et les pansements et ma chaîne avant de me tremper dans l'eau bouillante qui fit rougir ma peau.


* * *


Quand j'ouvris les yeux, mon premier réflexe fut de regarder l'heure. Je m'affolai et me redressai d'un coup quand je vis le nombre 12:08 s'afficher, puis je me laissai retomber sur le matelas. Un filet de lumière perçait les volets et me donnait une bonne visibilité. Grâce à ce rayon de lumière, je me dirigeai près de la fenêtre et l'ouvrit. Aérer à midi n'était pas une idée formidable car la chaleur s'était déjà installée et cela ne permettait pas de ventiler la pièce.

Tant pis, je traînai les pieds vers mon armoire pour choisir mes vêtements. Avec la moiteur de ma peau, je devinais que la température n'avait cessé de croître ces derniers jours. En espérant qu'un orage n'éclate pas, je tirai de ma garde-robe une combinaison short en crêpe noire qui tombait droit sur le corps.


Je me dirigeai ensuite vers la salle de bain qui sentait encore le gel douche de la veille et m'habillai. Alors que je comptai sortir de la pièce, je me rappelai de mon sortie à la piscine et décidai de me faire une coiffure pratique.

Je basculai ma tête en avant de façon que tous mes cheveux flottent. En partant de ma nuque, je nattai mes cheveux d'une tresse africaine que je ponctuai d'une queue de cheval très haute. Alors que je fixai une dernière fois mes mèches, mon ventre émit un son venu d'une autre galaxie signalant ma sous-nutrition.


Je restai quelques secondes sans bouger, les mains sur mon ventre, en priant que les voisins n'aient pas entendu ce grognement, puis je me dirigeai vers la caverne d'Ali Baba, le Saint-Graal de tous les adolescents, la cuisine. J'ouvris le frigidaire et le froid me frappa d'un coup au même moment où tous mes espoirs s'envolèrent. Il n'y avait rien à manger.


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