Chapitre XVII

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« Je sais ! » m'exclamai-je, euphorique.


Arthur sourit, et sortit le flacon de verre de son dos tel un magicien tout en prononçant un petit:


« Tadaaaaa ! »


La couleur brune qui remplissait le la bouteille me donnait déjà l'eau à la bouche. Avec ce cadeau, mes origines canadiennes n'allaient pas tarder à resurgir et bientôt j'adopterai un Caribou, je porterai une Chemise de à carreaux, des Timberland, je deviendrai Bûcheronne, j'enfilerai une Toque dotée d'une queue de castor , j'écouterai du Céline Dion et je prononcerai « Tabarnak » en cas d'indignation.

Que de clichés (à vérifier), il est vrai mais j'aimais tellement le sirop d'érable que j'avais envie de déguster la bouteille...en entier...en léchant le bouchon. Quelle féminité June !


* * *


Nous mangeâmes lentement, savourant chaque bouchée, tout en parlant de tout et de rien. J'aimais vraiment les discussions le soir. C'est comme si elles se libéraient de tous stress et tous tabous. Nous parlions sans peur ni crainte. Ou du moins...presque. 

Je pense qu'au fond de moi, j'avais envie de dévoiler ce que j'avais trouvé dans la forêt, j'avais envie de lui dire où se trouver le QG des Évanescences, j'avais envie de lui avouer qu'ils pouvaient à présent me compter dans leur rang; et tout cela, parce que je savais pertinemment qu'Arthur ne dirait rien pour me protéger.

Je suppose qu'il me ferait la leçon d'une voix calme et posée, il en profiterait pour m'interdire de fréquenter ces personnes-ci et de couper tout contact avec eux. Je pense qu'il m'inciterait à le faire en jouant sur la corde sensible de la famille, il me dirait qu'en faisant ça, je mettais les parents et leur liberté en danger. Mais je suis sûre, qu'il ne dirait rien au Conseil et à ses supérieurs car notre amitié, selon moi, dépassait le seuil du règlement.

Il me suffirait d'une phrase pour tout lui avouer...et pourtant, je ne le fis pas. Je ne le fis pas car cela donnerait raison à Amandine. Cette sauvage qui avait tenté de me tuer serait tellement fière d'elle ! Elle se vanterait probablement d'avoir deviné mon action, d'avoir tenté de prévenir ses compagnons et elle crierait qu'ils n'avaient qu'à l'écouter. Alors là, il était hors de question de lui laisser ce malin plaisir ! Mon esprit de compétitrice et mon arrogance ne la laisseront pas m'humilier de la sorte. 

Je ne dirais rien à Arthur, ce soir.


* * *


Après avoir fini ce festin, j'aidai Arthur à débarrasser et le regardai faire la vaisselle pendant que j'essuyai et rangeai les assiettes qu'il me tendait. Son dos était très musclé à présent. J'avais pu l'observer quand il était en maillot de bain mais cela me surprenant encore plus maintenant. En effet, même à travers son t-shirt, on pouvait voir ses muscles dorsaux se dessiner. Sans réfléchir, je dis:


« Tu utilises des stéroïdes anabolisants ? »


Je crois que mon tuteur ne s'attendait pas à cette question car il coupa l'eau avant de se retourner vers moi, un sourcil relevé. Pensant peut-être que c'était une question piège, il répondit doucement:


« T'en as d'autres des questions comme ça ?

- Je suis sérieuse ! Environ 83 000 canadiens âgés de 11 à 18 ans ont avoué utiliser des stéroïdes anabolisants pour améliorer leurs performances athlétiques !

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