Début juillet...
3 soirs par semaine, je vais courir. Je passe souvent par des petites rues tranquilles où il y a peu de circulation. Parfois, je me dis que c'est risqué car je pourrais facilement me faire agresser, mais je préfère le calme qu'il y règne.
Depuis 2 mois, je me suis nettement améliorée. Mes foulées sont plus longues et plus toniques, mon endurance est aussi augmentée, j'arrive désormais à courir environ 6 km sans m'arrêter. Cela n'était pas gagné d'avance, puisque durant les 2 premières semaines, je n'arrivais pas à faire 1 seul petit kilomètre sans m'arrêter 4 à 5 fois.
Je m'engage dans une petite ruelle qui permet de couper à travers champs. J'aperçois au loin devant moi une silhouette masculine qui court également. Mais apparemment moins vite que moi puisque je me rapproche de plus en plus de lui. Puis je le vois s'arrêter et s'appuyer les mains sur les genoux. Puis il s'effondre... Merde ! J'augmente mon allure pour le rejoindre et voir s'il va bien...
Ma surprise est énorme quand je reconnais Nicolas ! Il est a genoux, la tête entre les mains et il crie... Je pense même qu'il pleure. Je ne sais pas quoi faire... le laisser crier sa peine, ou m'approcher pour le le soutenir ?
Je ne peux pas le laisser dans cet état...
- Nicolas ? dis-je hésitante...
Il relève la tête, me regarde mais ne dit rien...
- Que se passe-t-il ? osai-je ajouter
- On est divorcé ! ça y est... tout est réglé... j'ai juste envie de crever... je n'arrive pas à surmonter toute cette merde... j'ai envie de tuer cet enculé qui a baisé ma femme... et elle, j'ai envie de l'étrangler pour m'avoir trahi... mais je suis un lâche et je n'arrive pas à passer à l'acte... Je reçois chaque jour des lettres de huissier... ma maison à été mise en vente publique... je n'en peux plus... je n'y arrive plus !
Alors qu'il hurlait au début de sa tirade, ses derniers mots ne sont plus qu'un murmure... Sans même réfléchir, je m'agenouille devant lui et le tire vers moi pour le prendre dans mes bras... Je veux le consoler, je dois lui faire comprendre qu'il ne doit pas faire toutes ces conneries qu'il vient d'envisager... Il se laisse faire comme un pantin.
- Nicolas, elle ne te méritait pas...
- Qu'est ce que tu en sais ? Tu ne la connais pas ! me crie-t-il.
- Non mais, vu ce qu'elle t'a fait et l'état dans lequel elle t'a mis, je suis certaine que tu vaut bien mieux qu'elle...
Ses yeux se fixent aux miens, mais il n'ajoute plus un mot. Nos regards se soutiennent pendant plusieurs secondes. Puis je lui prends la main et le tire pour qu'il se relève...
- Viens... on va marcher un peu ensemble...
Il me suit sans aucune résistance. Il est beau, vraiment très beau... il correspond en tout point à mes goûts en matière d'homme... Il est grand et élancé. Les cheveux châtains et coupés courts. Ses yeux sont d'un bleu glacier. Et quand il sourit, mon dieu... je fonds. Mais là... son regard est si triste, je ne peux pas le laisser, il est dans un tel état qu'il pourrait faire une sacré bétise.
Tout en marchant, je le ramène chez lui. Je ne peux pas le ramener chez mes parents... voilà encore une meilleure raison d'avoir ma propre maison. Il ouvre la porte et me laisse passer devant. Je suis habituée à un certain désordre, je ne suis pas une grande fan de ménage, mais là... Je n'ai jamais vu ça... il y a des bouteilles vides ou entamées de soda un peu partout, des papiers, des cartons de pizzas et autres nourritures à emporter. Des restes d'aliments à moitié pourris dans des assiettes... et une odeur indescriptible... !
Il s'affale dans le canapé, qui par contre est dégagé, et allume la télé. Il ne semble pas du tout perturbé par ce qui l'entoure. Ni même par ma présence. Je cherche la cuisine, et en fouillant un peu les placards je trouve un rouleau de sacs poubelle. Parfait ! Je retourne dans le salon et entreprend de jeter tous les déchets. Il m'observe mais ne dit toujours rien. Au bout d'une heure trente, la pièce est rangée et nettoyée. Je passe ensuite à la salle à manger et à la cuisine... Il est plus de minuit quand je m'arrête. Et lui... il s'est endormi dans le divan ! Super... je dois rentrer chez moi mais à pied c'est trop loin et ma voiture est garée à au moins 4km d'ici. En pleine nuit, je ne suis pas très emballée à l'idée d'aller la chercher en courant toute seule. Tampis, je le réveille.
- Nicolas ? dis-je en le secouant un peu.
- Ouai ? marmonne-t-il encore endormi.
- Tu pourrais... me conduire à ma voiture ? je n'ose pas y aller seule dans la nuit.
Il ouvre les yeux et me fixe comme si j'étais une extra-terrestre.
- Emilie ? tu es encore là ? Putain, mais... c'est toi qui a fait ça ? demanda-t-il en faisant un grand geste pour désigner la pièce qui était maintenant propre et rangée...
- Oui... c'était un vrai dépotoire... et j'espère que tu garderas cette maison dans cet état !
- Je ne sais pas quoi dire...
- Euh... merci suffira, dis-je calmement.
- Pourquoi tu as fait ça ?
- Eh bien, je suis de nature à aider les gens qui ne vont pas bien, et d'après ce que j'ai pu comprendre, tu vas mal... j'ai fait un tas sur la table avec des factures, des papiers de huissiers, etc... Je passerai demain vers 17h, pour voir ce que je peux faire pour éviter une vente publique de tes biens ou du moins arranger les choses au maximum...
Il me regarde bouche bée, une fois encore son regard accroche le mien et ne le lâche plus. Il attrape ses clés de voiture, et me fait silencieusement comprendre qu'il me ramène à ma voiture...
Le trajet se fait en silence... au moment où j'ouvre la porte pour m'extraire de l'habitacle, il m'attrape le poignet et me retient. Il me tend un bout de papier où il a griffonné son numéro de téléphone.
- Appelle moi avant de venir demain, comme ça je ferai en sorte d'être à la maison quand tu arriveras. Et ne prévois rien à manger, pour ce que tu as fait ce soir et ce que tu feras demain, laisse-moi t'inviter à dîner... dit-il.
Je souris et mon coeur tambourine dans ma cage thoracique...
- OK. Bonne nuit Nicolas. dis-je en lui faisant la bise.
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Rencontre fortuite
RomanceQuand j'ai demandé le divorce, je n'avais pas réfléchi à certaines conséquences immédiates qui en découleraient ... La première était : Où allai-je bien pouvoir vivre ? Retourner chez mes parents était une solution temporaire, mais je ne le supporte...