[TOME 1] Une petite jeune fille

CHAPITRE 6 : Ma chère belle mère

La veille du jour où je devais, enfin, sortir de ce vaste et innacueillant hôpital, pour me tirer de l'enfer que je vivais là bas, Katie, la femme de mon père, me rendit visite.
Avant le mariage, elle était vêtue sobrement -en tailleur de travail, par exemple- mais depuis, elle passait des habits vulgaires et colorées. À ce moment précis, elle portait une jupe en cuir moulante et courte, dans laquelle était rentré un chemisier blanc, qui laissait voir sa poitrine opulente et refaite. Ses cheveux avaient virés au jaune banane -elle les avait récemment coupés aux épaules.
-Un medecin m'a dit que tu avais perdu ta virginité, me lança t-elle en allant ouvrir les rideaux de ma chambre de gestes secs. Dans ce lit.
Elle pivota sur ses talons hauts pour me faire face. Son visage était orange comme une carotte et ses joues rouges comme deux tomates mûres, par faute de trop de maquillage. Je fuyai son regard perçant, me concentrant de ce fait sur les pointes sèches de mes cheveux. Elle avait beau n'avoir que dix ans de plus que moi, ses yeux bleus et clairs comme des pierres précieuses bien polies me faisaient presque peur.
-Ma vie sexuelle ne te regarde pas, Katie.
Elle fit quelques pas vers moi, pour venir s'assoir à mes côtés. Ses sourcils trop épilés se froncèrent, elle tenta de prendre un air triste pour moi.
-Mais Trésor, je suis ta belle mère, parle moi en.
Sa main se dirigea vers ma joue gonflée, et je la repoussai vivement. Je détestais lorsqu'elle pensait pouvoir prendre la place de ma mère, avec quelques beaux mots et une moue attendrie. Elle eut une mine déçue.
-Dis moi au moins si il était bien membré, continua t-elle en un sourire.
-Lâche moi avec ça ! Criai-je, sans me contenir.
Tout en elle avait le don de m'exaspérer. Ses mimiques ridicules, ses tenues sexys, et même ses cheveux trop biens entretenus. Parfois, il m'arrivait d'avoir envie de la frapper.
Derrière elle, une forme apparut, comme si il s'agissait de sa propre ombre. Une forme qui se matérialisa en une silhouette que je connaissais bien ; celle du psychopate assoifé de sang, celui qui hantait mes nuits et mes jours. Il me faisait un sourire terrifiant, qui dévoilait ses longues canines aiguisées, que j'avais vues dechirer la chair de cette pauvre et aimable grand mère.
Je ne pus retenir un cri d'effroi, tandis que ces quelques mots résonnaient dans ma tête : "ça aurait pu être toi."
Et puis je me rappelais de ce b, de ce b inscrit en lettres de sang sur la pièce, dans le parc de l'hôpital. Il était aussi brodé sur le haut du chemisier de Katie. Juste après que je l'ai remarqué, il se mit à devenir flou à vue d'oeil, jusqu'à disparaitre complètement, en même temps que le cannibale.