CHAPITRE 18 : Moment partagé

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L'annonce du suicide de mon précieux meilleur ami m'avait détruite, physiquement, mais mentalement surtout. J'avais l'impression de ne pas vraiment avoir les pieds sur terres, d'être dans un autre espace spatio-temporel réservé aux personnes souffrants de tristesse. La tristesse était une véritable maladie ; elle arrivait d'un seul coup, vous enchainait, vous envahissait à petit feu.

C'était fou comme tout pouvait changer en un clin d'oeil, en un battement de coeur. Ma vie traversait des montagnes russes sans fin. Quand est-ce que ce manège infernal allait-il enfin cesser ?

J'étais donc dans le hall d'entrée de l'appartement du voyant. J'avais besoin de réponses, bien que l'idée de me retrouver seule dans une pièce, face à l'homme que j'avais embrassé quelques jours plus tôt, me gênait énormément. Des murmures doux, presque relaxants, me parvenaient du salon, où se déroulaient les rendez-vous.

J'étais adossée contre le mur délabré, sassant et ressassant les épisodes passés. Tout d'abord, la mort de ma mère. Mon séjour à l'hôpital. Mon aventure désastreuse avec James. Le monstre, dévorant cruellement la vieille femme. Ma rencontre avec Bernard. Celle avec le voyant. La mort de Dany...

Soudainement, la porte du salon s'ouvrit, me tirant de mes pensées néfastes. Une femme ronde et à l'air pensive sortit, ne me jetant pas un seul regard. Je pris un grand souffle -je devais y aller, maintenant.

J'entrai dans le salon, décoré de bibelots en tout genre, de lourds rideaux de velours et de livres sans queue ni tête. Je parvins à aller m'assoir sur le moelleux et confortable canapé sans croiser le regard transperçant, puissant et étrangement familier du voyant. Je fus bien obligée de lever les yeux vers lui, lorsque je dis :

-J'ai un bon de réduction.

Bon sang, il était toujours aussi séduisant. Un t-shirt noir moulant dévoilait ses muscles saillants, ses abdominaux bien dessinés. Stop. Je suis amoureuse de Bernard. Bernard.

-Puis-je l'avoir ? me demanda t-il d'une voix posée.

Je hochai de la tête, puis me mis à fouiller dans mon sac à main de cuir nerveusement, faisant tomber de temps à autres des stylos, des cotons tiges, ainsi que d'autres babioles quasiment inutiles que je ne pouvais pas m'empêcher d'emmener avec moi. Je tombai enfin sur ma petite pochette Yves Saint Laurent violette, de laquelle je sortis le fameux bon de réduction. Entre temps, le jeune homme avait déposé sur la table basse une tasse fumante de thé, d'où se dégageait une délicieuse odeur.

-Merci bien, me fit-il en attrapant le bon, et en me tendant la tasse, à laquelle je m'accrochai comme à une bouée de sauvetage. Que voulez vous donc savoir, ma ravissante ?

Je déglutis, presque soulagée qu'il n'évoque pas notre baiser, et notre tendre étreinte de l'autre jour.

-Je veux encore savoir quelque chose à propos du monstre, répondis-je en buvant lentement la boisson chaude et réconfortante -exquise. Reviendra t-il faire du mal à quelqu'un ?

-Sincèrement, je ne crois pas.

Je poussai un petit souffle de contentement, avant de tremper de nouveau mes lèvres dans le thé -il était si bon, avec une odeur si envahissante ! Puis je remarquai le sourire satisfait et taquin du voyant. Je me rappellai de ses lèvres sur les miennes. De sa peau frottant mes habits. Pour une raison que j'ignorai, ce sourire si anodin avait fait jaillir une vague de désir au fond de moi.

-Tu as d'autres questions, ma perle ?

Sa voix avait changé -plus rauque et aiguicheuse. C'était certain ; il remarquait tout à fait l'effet qu'il produisait sur moi. Et il en paraissait fier, qui plus est.

N'importe quelle fille sensée se serait tue, aurait répondu "non" à sa petite question. Hélas, je me sentais tellement brulante, pleine d'une folie incroyable, et c'est pour cela que je répondis :

-J'en ai des tonnes, mon cher monsieur...

Il se hissa plus proche de moi. Il y avait une tension charnelle dans l'air, une alchimie, une étincelle, un éclair. J'avais besoin de le sentir encore plus près.

-Pose les moi donc.

Puis il m'embrassa. Non, ce n'était absolument pas comme la fois dernière. C'était beaucoup plus fou, beaucoup plus pressant. Je n'osai plus le repousser, je voulais qu'il continue, encore et encore. A cet instant, je ne pensais pas à Bernard, à James, ou même encore à mon cher ami Dany, décédé.

Ses mains étaient chaudes, les miennes étaient moites de désir. J'avais laissé la tasse de thé, me consacrant plus amplement à ma tâche -déboutonner la fermeture de son jean Levi's, ce qui n'était pas une mince affaire.

Nos bouches fusionnaient totalement, comme si il voulait me faire passer un message quelconque. Nos langues s'entremêlaient langoureusement, dansant, virevoltant. Il m'embrassait comme personne ne m'avait jamais embrassé. J'avais terriblement envie de lui.

Il m'allongea sur le canapé, attrapa mes mains, les positionna au dessus de ma tête, et j'enroulai mes jambes autour de sa taille, l'obligeant à se reposer sur moi.

Il se redressa pour ôter agilement son pantalon, puis son slip. Sa nudité, si soudaine et frappante, me surprit. Je fus déroutée un bref moment par la tournure qu'avait pris les événements, mais me ressaisis. Alors que je m'apprêtais à me déshabiller également, il me força à me relever -je me mis de ce fait à califourchon sur lui. Son sexe était dur contre le mien.

Il appuya son imposante main sur ma tête. Je savais ce qu'il voulait que je fasse.

Je me baissai donc, experte. Il fallait que je sois confiante -j'avais les choses en main. Ca ne pouvait que bien se passer, n'est-ce pas ?

Je pris donc son sexe en bouche. Il poussa un gémissement de plaisir, tout en épiant tout mes faits et gestes. Je commençai les mouvements de va-et-viens, allant de plus en plus rapidement. Je commençai à m'habituer à cette présence dans ma bouche. Ce n'était pas particulièrement agréable -pour lui, ça devait l'être, au vu de son expression de pur bonheur-, et je m'en lassai complétement au moment où je manquai de m'étouffer.

Il rit de ma bêtise, me ramena vers lui. Ses mains se glissèrent sous ma jupe, me frôlèrent les fesses, puis firent descendre ma petite culotte.

Tout devint ensuite beaucoup plus sérieux. Il savait tellement bien s'y prendre -alors que Bernard, lui, était continuellement hésitant, presque peureux de faire une gaffe. Nous changions régulièrement de position, pour faire durer le plaisir ; il en connaissait une multitude. Je vibrai, de la tête au pied. Au moment où notre passion atteignit son summum, je crus voir une ombre, derrière lui -heureusement, elle disparut rapidement, et je pus profiter de nouveau.

Il avait l'air à la fois concentré et heureux, comme si il me désirait depuis la première fois où il avait croisé mon regard. A cette pensée, je me déchainai encore plus, cherchant à le satisfaire. Ma tête me tournait. Toute la situation m'enivrait plus qu'une flasque de vodka.

Puis on ouvrit la porte du salon. Et derrière celle-ci ; Bernard.


[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant