CHAPITRE 2 : agression silencieuse.

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Mon coeur s'affolait dans le creux de ma poitrine, et j'avais l'impression que ce que je vivais n'était absolument pas réel. Tout semblait tiré d'une histoire d'horreur, d'une légende urbaine.  En fait, je ne pensais plus à rien, car la peur qui m'envahissait peu à peu était trop énorme. Au loin, les sons de la télévision continuaient, insensibles à ma terreur.

Les yeux du psychopathe étaient rivés aux miens, comme si il pouvait lire dans mon âme. Son souffle chaud se collait à ma peau ruisselante de sueur. Mes cheveux blonds foncés, tirés en une queue de cheval à moitié défaite, étaient gras comme jamais.

Instinctivement, et sans réfléchir ne serait-ce qu'une seule seconde, je fis un pas tremblant en arrière. Mon talon vint se cogner doucement contre le pied de mon lit. L'homme poussa un soupir digne de celui d'un monstre affamé, et se rapprocha plus encore de moi. Dans des gestes rapides, presque invisibles, il agrippa mes deux poignets, me privant alors de tout mouvement. Le bras décapité tomba sur le sol dans un bruit mat. C'est alors que je lâchai un long et fort cri à réveiller les morts, le visage déformé par mes pleurs et par mon angoisse.

La poigne de l'homme se resserra encore plus. Il ne disait mot, ce qui était encore plus terrifiant.

-S'il vous plait, laissez moi, bégaillai-je désespérément, même si je savais d'ors et déjà que mes supplications ne seraient pas entendues.

Il me bouscula sur mon lit, et je tombai dessus sans peine. Je fermai les yeux et les serrai fort, espérant me réveiller d'un horrible cauchemar. Je sentais son ombre au-dessus de moi, imposante et forte. Ses grandes mains se posèrent sur mon haut de pyjama, cherchant à tâtons ses bords pour me l'ôter. J'avais l'impression d'être dans un coma quelconque.

Pourtant, au-dehors de notre immeuble, je pouvais nettement percevoir de l'agitation. S'il vous plait, venez. Sauvez moi.

Il souleva d'un coup sec mon t-shirt, je poussai un gémissement de peine. Au moment où il se penchait vers moi, j'entendis la porte de notre appartement s'ouvrir, et des voix agitées et basses. Quelques instants plus tard, des policiers en uniformes se tenaient dans ma chambre, des armes à bout de bras. Le psychopathe détourna son attention de moi pour fixer intensément les policiers. Il feula tel un animal, en se redressant d'un bond.

-Ne bougez pas, lança un policier d'une voix grave, le pistolet braqué vers mon agresseur.

Comme si je pouvais. Tout mon corps était endolori par des fourmis.

Le psychopathe eut un mouvement brusque vers mes sauveurs -quelques secondes à peine après, un  bruit infernal d'arme à feu retentit dans ma chambre. Le fou s'affala par terre, affaibli.  Deux policiers se jetèrent ensuite sur lui, tandis qu'un troisième passait un coup de fil.

-Il n'est pas mort, dit le tireur à un de ses compatriotes. On l'amène à l'hopital, et on l'interne.

C'est alors que l'un d'entre eux s'avança vers moi. Il était grand, des épaules carrés, un visage bien dessiné, mais que j'arrivais mal à distinguer dans le noir. Machinalement, je rajustai mon haut de pyjama. Il me murmura, d'une voix dynamique, jeune et suave à la fois :

-On va vous accompagner à l'hopital, mademoiselle. Vous allez avoir besoin de réconfort.


[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant