Chapitre 11 : Famille désunie

18 4 0
                                    

J'étais bien décidé à demander d'être placée dans une famille d'accueil! Désormais, je ne pourrais plus partager ma demeure avec mon géniteur et sa pauvre femme. Ils me repoussaient tous les deux autant. Ils se trompaient mutuellement et je n'avais plus rien en rapport avec eux. Je les détestais d'une haine terrible, et c'était réciproque. Je imaginais bien la réaction de mon père dés qu'il apprendrait la nouvelle. Il penserait sans doute que je n'étais plus digne de porter son nom, et m'en voudrait pour la vie entière. Mais cela, je m'en fichais. Il ne m'avait jamais aimé, ne m'avait jamais soutenu, avait trompé ma mère et Katie à de maintes reprises, était juste intéressé par son travail et sa boîte. Il n'était vraiment plus rien pour moi, je n'exprimais que du dégoût quand je le voyais.

Ce soir-là, il rentra tard, avec sa petite valisette en cuir. Il était un peu fatigué, mais semblait heureux. Mais quand il me vit, son large sourire laissa place à un visage inexpressif. Je le regardais, avec mépris et pitié. Il ne me salua pas, ne me fit même pas une bise. Il s'empressa d'aller dans notre belle cuisine peinte d'un joli jaune canari, et embrassa sa femme. Elle préparait le dîner, épluchant de grosses tubercules. J'entrais dans la pièce, et les vis, bien à l'aise, s'embrassant. Je toussais pour leur signaler ma présence, et ils se tournèrent lentement vers moi, et mon père s'exclama :

<< - Tu ferais mieux de partir d'ici, avant que la colère monte en moi !

- NON, pas avant qu'on ait eu une légère petite discussion, tous les trois.

Katie se retira, mais je la retins.

- J'ai dit tous les trois, je pense que tu es capable de compter ? On est trois ici, à moins que James ou une de tes aventures soient là, dis-je, furieuse.

- Tu ferais mieux de me parler autrement jeune fille, me répondit Katie, contrariée.

- Tu n'es pas ma mère. >>

Elle me dévisagea, et s'assit près de mon père, autour de la table en marbre. Elle semblait attristée, mon père, quant à lui, ne bronchait pas. Il me regardait, et je pus sentir son sentiment de haine. Il déclara :

<< - Bon, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Ce qu'il m'arrive? Quelle bonne blague ! Je suis poursuivie par un monstre, j'ai un père qui trompe ma belle mère, j'ai une belle-mère qui couche avec mon petit-ami! Tout va tellement bien, si bien que je veux être placée en famille d'accueil !

- Hors de question, tu ne peux pas mettre en l'air l'avenir de la famille !

- Une famille est normalement constituée d'une mère,et d'un père qui aime ses enfants. Ce n'est pas le cas, je crois.

- Adélaïde, tu es repoussante, cria Katie. Tu ne peux pas nous faire ça, tu peux rester avec nous, tu es l'avenir de notre famille.

- L'avenir d'une famille qui n'existe même pas ? Je suis censée avoir combien de belles-mères Papa ? Katie, Emily, la cuisinière Karen, la rousse, tes stagiaires, Molly ?

-Trêve de bavardages Adé, file dans ta chambre, tu ne reviendras que quand tu auras les idées claires.

- Bien sur ! >>

Je me réfugiais dans ma chambre, en sanglotant. J'étais détruite, je n'avais plus de mère, ni de famille. Je me dirigeais vers la salle de bain, qui sentait toujours une délicieuse odeur de bise marine. Je me regardais dans le miroir, et poussais un petit cri. Mon reflet était constitué d'un visage d'une pâleur ignoble, tout ensanglanté. Le visage hurlait à l'aide, mais c'était trop tard, le monstre l'avait déjà dévoré. Soudain la porte se verrouilla derrière moi, laissant apparaître un grand B sur le miroir. J'essayais d'ouvrir la porte, mais la poignée se brisa. Ce fut alors que le psychopathe surgit du miroir, du sang au coin des babines, de la chair collée sur ses longues dents, et quelques os croustillant dans sa bouche. Il était accompagné de quelqu'un que je connaissais si bien ...

[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant