EPILOGUE

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Ma vie était tout simplement un cauchemar. Depuis le jour où ce fou avait dévoré ma mère, où il avait commis tant d'actes machiavéliques. Je ne vivais plus, les jours passaient, je n'étais plus cette pimpante jeune fille charitable. Désormais, j'étais connue comme la folle, mise enceinte par le monstre.
Dans ma chambre d'asile, les murs étaient peints d'un blanc cassé ; j'avais seulement un misérable lit, et des WC tâchés d'urine. Je n'avais aucune visite, ma famille et mes amis restants m'avaient effacés : Je ne représentais plus qu'un mauvais souvenir à présent.
Mes journées, je les passais sur mon lit, à gémir de douleur. Il était trop tard pour me faire avorter. L'enfant que je portais me causait tant de maux. Il avait déjà dévoré son cordon ombilical, et un peu de ma muqueuse. J'avais terriblement mal, mais ce n'était que le début de ce calver sans fin.
J'avais appris par les journaux locaux que l'entreprise de mon père avait fermé, et qu'il avait emménagé New-York City, où il avait ouvert une nouvelle boîte. Il s'était même remarié, avec sa stagiaire Kimberley - une jeune fille, aux formes généreuses, au visage envoûtant - et passait une agréable vie dans un beau pavillon. Mon amie Lauren était restée à Dallas, oubliant peu à peu sa mésaventure avec mon géniteur. Puis, mon ami -ou devrais-je dire mon ancien ami- Tony, celui qui m'avait prévenu du suicide de Dany, n'avait pas le droit de me rendre visite : ses parents ne voulaient plus entendre parler de moi.
Enfin, il y avait mon cher Bernard, que j'aimais autant qu'à notre première rencontre bien charnelle. Je n'avais eu aucune de ses nouvelles, mais j'avais entendu quelques rumeurs affirmant qu'il avait été muté dans la nouvelle boite de mon père. Il ne m'aimait plus et se fichait royalement de mon état de santé. Je n'arrivais pas à l'oublier. Il était si présent en moi. Je savais bien qu'il m'était impossible de l'oublier.
Je voulais tant sortir de cet établissement, qui était peu accueillant. Je ne voulais plus croiser tous ces fous -un de ces derniers avait seulement seize ans et avait tué sa mère, un autre vieillard avait violé puis tué une dizaine de jeunes femmes, puis une troisième avait décapité ses enfants et son mari-. Je ne me sentais pas bien ici, ce n'était pas ma place. Ma place était auprès de ma mère, dans son appartement.
Je délirais encore et encore, croyant que ma génitrice me reverrait.
Cet enfant que je portais, je le haïssais d'une haine terrifiante. Il me faisait souffrir, me faisait gémir, me faisant tant pleurer. Je voulais être une jeune fille normale, avec une famille normale, des amis normaux. Une vie simple m'aurait été si bénéfique. Mais je n'étais pas cette fille, j'étais désormais une fille hantée par des monstres, et délaissée de sa famille.
J'étais Adélaïde, une petite jeune fille à présent seule, et faible comme jamais.

[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant