[TOME 1] Une petite jeune fille

CHAPITRE 5 : Il est revenu

J'étais humiliée, et complètement furieuse envers moi-même. J'étais vraiment la plus idiote des jeunes adolescentes ! Pour oublier ma légère petite bêtise de la veille, j'avais décidé de sortir un peu dans le grand et très joli parc entourant l'hôpital. Je me promenais bien tranquillement, en m'arrêtant de temps en temps pour saluer des personnes âgés, et regarder la belle nature qui m'entourait. Je respirais un grand bol d'air frais, puis m'assis sur le bord de l'immense fontaine, où de nombreuses pièces se trouvaient dans le fond, j'en conclus que beaucoup de monde venait ici, faire de beaux voeux. Des voeux que je ne connaîtrais jamais, et qui resteraient secrets. Je me penchais vers la fontaine, et vis une pièce, avec un visage qui me semblait familier. Je me reculais à vive allure, avant de tomber à terre, et de constater que la pièce était maintenant entre mes deux pieds, qui tremblaient tellement. Je me baissais pour ramasser la pièce, et vis, fait avec une écriture rouge, une lettre bien écrite. Un simple B, qui était fait au sang. Je lançais la pièce loin derrière moi, et fus surprise de découvrir qu'elle revint aussitôt vers moi. Une femme d'un certain âge vint vers moi, apeurée. Elle me chuchota :

<< - Adélaïde, ne lui fais jamais confiance. C'est un démon sorti d'un autre monde. Tu auras comme seule arme pour gagner contre ce monstre ...

Elle ne termina pas sa phrase, et tomba au sol. Le monstre apparut quelques secondes plus tard, les yeux rouges écarlates, et les dents longues, affreuses et recouvertes de sang caillé et de chair fraîche. J'eus envie d'hurler, de disparaître et de ne plus jamais remettre pied sur Terre. Le monstre attrapa la vieille femme, et la dévora devant moi. Il la déchiqueta avec une force digne de celle d'un Dieu grec, et il la mangea. Il laissa un bras de la vieillarde au sol, et disparut, en une fraction de secondes. Je ramassais le bras, et courus jusqu'à ma chambre d'hôpital, haletante et en gémissant de terreur. Monsieur Dark m'accueillit, et hurla quand il vit le bras que je tenais fermement. Il me l'arracha, et appela immédiatement ses collègues médecins. Il leur donna le membre encore sanglant, et vint vers moi, et me pris dans ses bras. C'était très étrange, j'avais l'impression de me sentir à l'aise dans ses bras, et enfin rassurée. Mon psychologue déclara :

<< - Nous te promettons de veiller sur toi, et de rester toujours près de toi. 

      - Monsieur! Je vous en supplie! Il est revenu, et me hantera encore longtemps. J'ai peur, il a mangé la pauvre femme en quelques minutes, sans jamais me regarder. Il m'en veut. 

      - Décris-moi ce que tu as vu!

      - Je suis allée dans le beau parc, puis près de la fontaine. J'ai regardé les pièces, et une seule m'a attiré. C'était une pièce avec le visage de ce fou, avec un B fait au sang. Quand il est apparu, il avait les dents ... ensanglantées. Il mange tout ce qu'il trouve! Il tue tout ce qui bouge! Il est démoniaque. 

     - Tu vas être prise en charge par des médecins, immédiatement. Tu vas avoir besoin de beaucoup de repos. Vas-te coucher dans ta chambre. Ton père et ta belle-mère ne devrait pas tarder à arriver. >>

J'hochais la tête, pris l'ascenseur avec une jolie infirmière aux longs cheveux roux - légèrement dégradés et nuancés-, et avec un vieil homme, qui était de très mauvaise humeur. Quand les portes s'ouvrirent, je me dirigeais vers ma chambre, avec l'infirmière toujours près de moi. Elle me donna un grand verre d'eau - je pus pourtant y sentir une odeur particulière, comme celle d'un somnifère -, et je le bus rapidement. La jeune femme me sourit, et s'assit sur un fauteuil, puis lit quelques magazines. Je n'arrivais pas à m'endormir malgré la forte dose de médicaments qui étaient dans mon organisme. La femme arriva près de moi, avec un grand sourire se dessinant sur le visage. Je ne me sentais vraiment pas en confiance avec elle, elle me faisait peur. Elle prit une longue seringue, me l'introduit dans le bras droit, et le liquide pénétra dans mon bras. Soudain, j'eus envie de dormir profondément. Ce fut ce que je fis, mais je sentais toujours la présence de la jolie dame sur moi. 

Quelques heures plus tard, je me réveillais en sursaut, suffoquant. La jeune femme était assise sur mon lit, et me regarda longuement, avant d'hausser les épaules. Je lui demandais poliment l'heure, puis elle me montra sa montre. Il était presque vingt-deux heures, j'avais par conséquent dormi sept heures. J'eus envie de me lever pour me dégourdir un peu les jambes, qui me faisaient atrocement souffrir. Je vis quelques infirmiers s'agiter près de moi, et de me demander de ne pas bouger. Je regardais vivement autour de moi, et vis que j'étais branchée à de grosses machines. Je demandais aux hommes et aux femmes m'entourant :

<< - Que m'arrive-t-il ? 

      - On t'a branché ma puce, me répondit une vieille infirmière. Tu es nourrie, abreuvée et une dose de médicaments est mise dans ton corps toutes les cinq heures. Tu as besoin de beaucoup de repos. 

       - Suis-je malade ?

       - Non, pas du tout, tu as simplement besoin de beaucoup dormir. >>

Je m'endormis à nouveau, me sentant plus faible que jamais. Mes rêves mélangeaient la réalité à l'imaginaire ; j'étais près de ma mère, avec le fou. Je n'osais rien dire, et celui-ci me dévora comme il l'avait fait à la vieille femme. Je me voyais, devenant pâle. Quelques membres furent arrachés, puis ma tête se décrocha de mon corps. 

Je m'éveillais, en sursaut, puis vis que tous les médecins dormaient profondément! Et Monsieur Dark qui m'avait dit que je serai protégée avec une grande équipe toujours là avec moi. J'allumais la lumière, et vis une grande ombre se dessiner. Encore lui ! Il me toucha les deux jambes, puis arrêta net quand il eut mis les mains sur mon bassin. Il chuchota, et je pus à nouveau sentir son haleine de sang frais : 

<< - Ma petite Ange, tu aurais du te taire! Les frissons que tu as pu ressentir ne sont que le début de l'aventure. Je n'ai pas pour but de te tuer, mais de te faire souffrir. >>