CHAPITRE 12 : La confrontation

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Ma belle-mère, la tête baissée, me regardant droit dans les yeux avec une expression atrocement indéchiffrable. Elle portait toujours son tablier de cuisine, tacheté par endroit par, visiblement, une matière rouge et collante. S'agissait-ce de sang ? Du sang de la personne que l'odieux monstre venait d'égorger ?
Je reculai rapidement d'un pas -mon corps heurta de nouveau la porte close. Il n'y avait pas d'issue. J'étais à la merci de mes martyrs, totalement misérable. Des larmes d'effroi coulaient lentement, le long de mon visage. Je ne pouvais pas imaginer pire.
Au loin, si je tendais bien mes oreilles, je pouvais néanmoins entendre mon père s'agiter tranquillement, en bas. Il parlait à quelqu'un, sans pression. J'entendis la voix de Katie interargir également, à ma grande surprise.
Dans une ultime tentative d'évasion, je tentai de nouveau d'ouvrir la porte. Rien à faire. J'étais bel et bien bloquée. Je me tournai vers mes assaillants -cela me faisait du mal de les regarder en face, ils m'effayaient tout deux tant... J'étudiai rapidement le monstre, de haut en bas. Il était toujours aussi grand, toujours aussi grisâtre, avec des yeux d'un rouge toujours aussi sombre. Mais si on le regardait bien, on aurait tellement dit un être humain... Peut être était-ce la lumière infime brillant dans son regard. Il y avait quelque chose de bien étrange, qui semblait avoir changé, et que je n'avais pas remarqué auparavant.
Mon visage apeuré dodelina vers Katie, silencieuse, abominable.
-Katie, aide moi, lâchai-je en un souffle ridicule. Je suis navrée pour ce que j'ai dit toute à l'heure. Au début, je t'aimais bien...
Je mentais avec effrontément, mais peut être qu'il s'agissait de ma seule et unique chance de me sortir de cette situation. Peut être l'avais-je tellement mise en colère, qu'elle voulait se venger...
Voyant qu'elle ne répondait pas, je m'adressai au monstre :
-Que me veux tu ? Je ferais tout ce que tu veux, si seulement tu me laissais tranquille...
Il s'approcha en un pas, me pressa contre la porte sauvagement. Je me débattai sans force, vaincue par avance. Ses deux grandes mains m'emprisonnaient, et je remarquai que, dans l'une d'elle, il tenait un poignard acéré. Son haleine était chaude et empestait le sang. J'allais mourir.
Je fermai les yeux, songeant à un serment quelconque destiné à mon Bon Dieu, homme si vaillant, qui aidait tant de personnes en difficulté tout les jours, pour qu'il m'aide moi aussi.
Je sentis une lame pointue se presser doucement contre ma gorge. Bientôt, un liquide chaud coula le long de mon cou. Les lèvres du monstre se collèrent sur mes tempes.
Soudainement, j'entendis un craquement provenir de la porte, qui s'écroula peu après dans le couloir -je tombais avec elle. Après quelques secondes de choc, j'ouvris les yeux, et les levai vers la salle de bain encore éclairée par une lumière jaunâtre, qui accentua mon mal de tête. Katie et le monstre n'étaient plus là.
Confuse et étourdie, je portai la main à l'endroit même où l'on m'avait fait saigné, un petit peu plus tôt -il n'y avait plus rien. Juste une peau lisse et douce de jeune fille.

[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant