CHAPITRE 17 : Une perte.

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Il était tout pâlot, extrêmement embarrassé. Il ne disait mot, ne cherchant même pas à s'expliquer. Je ne lui en voulais pas, c'était maintenant un acte tout naturel chez lui. Mais, je ne comprenais plus rien : Pourquoi mon cher père se tapait-il ma chère Lauren ?
J'en voulais beaucoup à celle-ci, qui aurait du être là, pour me soutenir, mais qui préférait se lâcher avec mon géniteur.

Lauren me regarda, rougissant de plus belle. Elle réussit à lâcher :
« - Ce n'est pas ce que tu crois. Je vais vous laisser, à bientôt Adé.
- Plutôt, adieu. Je ne suis pas sûre qu'on se reverra, belle-maman, lui lançais-je, moqueuse. »
Elle saisit son sac à main de grande marque, puis enfila ses bottines. Elle fila droit vers la porte d'entrée, confuse. Je n'attendais aucune explication. Mon père remit son petit polo, et sortit de la salle de bain, honteux.
J'en avais plus qu'assez, mon père n'était plus le même. Il était devenu un pauvre homme, que je haïssais autant que le psychopathe. Ce dernier n'avait pas pointé le bout de son nez depuis une semaine, et j'en avais conclu que le voyant avait totalement raison : le fou ne viendrait plus me hanter. J'étais enfin rassurée, et pouvais enfin passer mon temps libre avec mon bien-aimé. Malheureusement, j'avais appris que j'allais faire des cours particuliers, chez moi, avec un homme réputé dans son métier.

Je me dirigeais vers ma belle chambre peinte dans de chaleureuses couleurs, avec une vue sur la ville. J'ouvris les fenêtres, et un petit vent frais me parvint. L'air me chatouilla les narines, et je fermais les paupières, à l'aise. Quand je les rouvris, Dany était là, debout devant la porte. Je m'attendais à ce qu'il me saute au coup, ou qu'il me pousse par la fenêtre. Mais il ne le fit pas. Il me sourit timidement, et déclara :
« - Salut Adé. J'avais envie de te parler ...
- Dany, si tu es là pour me tuer ou me faire violence, pars.
- Je ne suis pas là pour te faire violence. Ni te toucher. Je vais m'expliquer.
- Dany...
- Il y a quelques semaines, ton Monstre est venu chez moi, me hanter, essayant de me tuer. J'ai crié comme une jeune fille, pleuré, gémi. Il m'a demandé de te tuer, de te faire du mal. Si je faisais ceci, il me laisserait en paix. Comme un imbécile, j'ai accepté.
- Oh non Dany.
- Il m'a demandé de ne pas t'en parler, de me taire. Je ne connais pas les conséquences de mon acte, mais je ne veux pas te faire du mal. Tu es ma meilleure amie. Je suis désolé.
- Dany, je ne veux pas ce que fou te tue. Tu peux me faire du mal. Je t'en supplie, écoute le fou, ou il te fera du mal.
- Non Adélaïde. Je suis confus, mais je suis ton ami. Je ne te toucherai plus. »
Il sanglota, gémit et se lova contre mon corps. Je le pris contre moi, amicalement. Il s'en alla peu de temps après, les larmes ruisselant sur ses pommettes lumineuses. J'étais très fatiguée, et pris un léger repas, pour ensuite me coucher dans mon grand lit féerique.
Je fus réveillée par une sonnerie familière. Le téléphone sonnait. Je regardais mon réveil et vis qu'il n'était que trois heures du matin. Mais qui appelait à une heure pareille? Entendant le ronflement régulier de mon père, je mis mes pantoufles en fourrure, puis m'aventurai dans le salon. Je décrochais, puis une voix de jeune homme que je connaissais bien déclara :
« - Désolé de t'appeler à une heure pareille. Mais c'est très important. Tiens toi prête !
- Tony! Tu as intérêt à avoir une excuse, j'ai cours particulier demain!
- Adé, crois moi. C'est très dur à dire, mais Dany, notre bon ami ...
Je retins mon souffle, apeurée. Tony continua :
- Il s'est suicidé. »
Mon ami pleura, et hurla. Je ne réalisais pas encore ce qui se passait, mais les larmes dégoulinèrent. Je m'effondrais, suffoquant. J'avais perdu Dany, mon meilleur ami. C'était une énorme perte, pourtant, je demandais quelques renseignements à Tony :
« - Comment, tu sais ?
- Sa mère m'a ... Appelé. Elle l'a retrouvé avec un poignard dans le coeur, dans sa chambre.
- Tony. Reste au bout du fil, OK? »
Je gémis de douleur, une douleur que nulle ne guérirait. J'hurlai fort, saisissant les quelques objets à portée de main, et les lançai dans la pièce.

Dany était bien mort. Mon meilleur ami, le garçon si timide que je connaissais depuis de longues années. Soudain, une envie folle me traversa l'esprit : J'étais décidée à tuer le monstre, pour venger tant de personnes -ma mère, la vieille femme de l'hopital, Dany, et d'autres-, et j'attendrais le temps qu'il faudra pour le tuer, de mes propres mains.


[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant