[TOME 1] Une petite jeune fille

CHAPITRE 14 : La fuite

Dany se déplaça juste devant la porte, m'empêchant donc de faire une quelconque tentative d'évasion. Mon coeur battait la chamade dans ma poitrine, menaçant d'exploser effroyablement à tout moment.
Je n'avais jamais vu Dany comme cela -paraissant si effrayant. D'ordinaire, il ne m'aurait aucunement fait peur ; il était maigrichon, très peu musclé, avec des cheveux roux en bataille et des taches de rousseurs autour du nez. Mais à ce moment, il avait une lueur dans son regard que je ne lui connaissais pas -son visage avait pris un air déterminé et menaçant.
Il fit un grand pas vers moi -ses lèvres se retrouvèrent près des miennes, son bout de nez collait presque le mien. Ses deux mains remontèrent le long de mes hanches. Elles étaient froides et désagréables au toucher.
-J'ai toujours eu envie de faire ça avec toi, ma jolie Adélaïde...
Même sa voix était différente, beaucoup plus masculine et rauque. Qu'allait-il donc me faire ? Il était mon meilleur ami, et ce, depuis toujours. Je pensais à Bernard, à ses yeux tendres et adorables. Il me manquait tant.
Soudainement requinquée par cette simple pensée, je reculai vivement, prête à me jeter sur mon assaillant si j'en avais l'occasion. Je ne me laisserais pas faire. Pas cette fois.
Puis je sentis un picotement étrange, au niveau du milieu de mon cou -d'un regard rapide vers le miroir, je remarquai que la blessure à la lame que m'avait infligée le monstre était réapparue, comme par magie. Je poussai un gémissement de malheur presque inaudible, avant de revenir à mes moutons.
-Dany, on se connait depuis la sixième. Ça doit être un malentendu. On ne peut pas faire ça, pas tout les deux.
De mouvements énergiques, ignorant royalement mes paroles, Dany avança, me retourna contre le mur et se plaqua sur moi. Je pouvais sentir son haleine chaude, ses mains qui se frayaient un passage sous mon joli T-shirt mauve. Je bougeais en tout sens, poussant parfois des cris. À l'instant où il se mettait à presser mes seins comme des pamplemousses, je réagis enfin et lui envoyai un brutal coup de coude dans le nez. Il me lâcha, sous l'effet de la douleur tenace, et j'en profitai pour m'avancer vers la porte. Je remarquai qu'il commençait à saigner d'une narine.
-Pourquoi est-ce que tu fais ça, Dany ? Lui murmurai-je en me rappelant du B, sur son caleçon.
Il bondit de nouveau sur moi, quoiqu'affaibli. Je le repoussai sans scrupule, en appuyant mes deux mains sur ses maigres épaules, il fut donc projeté vers le mur opposé au mien. Il tomba sur le carrelage, sa tête cognant le meuble du lavabo.
J'ouvris la porte, bifurquant dans la chambre très mal éclairée. Mes amis s'entassaient sur le lit, serrés les uns contre les autres, tremblant d'une peur visible. Le monstre s'était volatilisé.
-Venez tous ! Les hélai-je. On se casse d'ici !
Sans se faire prier, et sans penser à Dany seul dans la salle de bain, nous courâmes à toutes jambes vers la fabuleuse sortie de l'appartement. Je les tenais par les mains, pour les aider à aller plus vite. Nous dévalâmes les marches sombres et dangereuses des escaliers de l'immeuble, puis nous nous retrouvâmes dans la rue, où se baladaient encore quelques passants, paisibles et tranquilles, ne se doutant aucunement du vacarme que nous venions de faire, à l'étage.
Nous nous arretâmes, essouflés. Lauren se débarassa de ma main. Elle me regardait étrangement, comme si elle ne comprenait pas ce que je faisais, ou comme si j'étais une demeurée. Des gouttes de sueur perlaient à son front.
-Qu'est ce que tu fous, Adé ? Me demanda t-elle, sourcils froncés.
-Ça ne se voit vraiment pas ? Criai-je, soudainement énervée. Je nous sauve d'un psychopate assoifé de sang humain !
Mes deux amis échangèrent un long regard incompris, jusqu'à ce que l'un d'entre eux me dise :
-De quel monstre tu parles, Adé ?