CHAPITRE 8 : Surprise

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Le monstre était imposant, à la peau grisatre, au visage balafré de toutes parts. Il avait les yeux rivés sur mes cuisses, ce qui était pour le moins effrayant. Je m'étais déjà retrouvée dans ce genre de situation par le passé -un malaise atroce flottait dans l'air, mélangé à de la peur. Je reculai difficilement sur mon lit.
Le fou releva avec lenteur le visage vers moi. Son regard était transperçant, hantant. Pourquoi s'en prenait-il tant à moi, ainsi qu'à mes proches ? Qu'avais-je bien pu faire à mon bon Dieu pour mériter un tel châtiment ? Sa face à présent familière me rappellait celle du diable. Mais il avait aussi quelque chose d'étrangement humain et déroutant, je n'aurais su dire quoi.
Cette fois-ci, j'étais décidée à ne pas me laisser assomer par la terreur. Je pouvais la vaincre, si je m'en donnais les moyens.
Je parvins donc à me dégager du lit, à me lever et à me poster dans un coin de ma chambre. Elle était très grande, aux murs peints en un joli bleu ciel et avec un rangement parfait.
Le monstre se déplaça vers moi, en mouvements agiles. Au moment où j'attrapais mon vieux chandelier vintage, prête à l'assomer si j'en avais l'occasion, un cri strident et étrange retentit, au loin. Je reconnus sans grand mal la voix suraiguë de ma très chère belle mère.
Le monstre s'évapora subitement de mon champ de vision -je profitai de ce delicieux instant de répit pour poser le chandelier sur ma commode de bois, et pour sortir dans le couloir.
L'appartement de mon père était spacieux, très lumineux -c'était un duplex au coeur de Dallas où je n'allais que très peu, mais je parvins à me remémorer d'où venait le cri. De la chambre de Katie.
Je m'y dirigeai à pas de velours, sur la pointe des pieds, à l'affut de tout bruit, de toute respiration, infime fut-elle. Je me mis a regretter de ne pas avoir pris mon précieux chandelier, car, si quiconque était en danger, il aurait pu me servir.
La porte de la chambre était entre-ouverte. Je glissai mon oeil clair dans l'ouverture, et réussis a distinguer la grande armoire peinte en vert (une teinte infâme), une petite banquette, quelques habits jetés négligemment sur le sol propre, le lit... Et, sur celui-ci, James, nu comme un ver, chevauchant avec énergie ma belle-mère. Celle-ci s'accrochait aux bords du lit, suffoquante et secouée, les yeux fermés. James, lui, paraissait concentré. Ils ne me virent donc, ni l'un, ni l'autre.
Bouleversée, je ne fis aucun bruit, refermait legerement la porte derrière moi, entendant encore leurs souffles saccadés. Même si notre relation n'était pas bien claire, comment James avait-il pu me faire cela ? Alors que je lui avais donné ma vertu, et mon coeur ? Et pourquoi était-il venu ici ? Pour me voir, passer un nouveau moment torride, peut être ? Et pourtant, il s'était retrouvé dans le lit d'une autre personne...
Décidée à me venger de Katie, je me dirigeai vers la sortie de l'appartement à grands pas, direction le bureau de mon père.

[TOME 1] Une petite jeune filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant