100 jours

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FLASH-BACK

97 jours avant le jour 100.

"Je vous ai écouté."

Vendredi soir 22h45, sa voix brise le silence de l'amphithéâtre. Le professeur relève la tête de ses copies en haussant un sourcil.

" Vraiment ?

- Oui. Pour Louis Tomlinson, je lui ai parlé.

- Ah, et alors ?

- Il ne sait pas que c'est moi.

- Comment ça ?

- Je lui ai écrit du site de discussion du campus et je ne lui ai pas dit qui j'étais.

- Pourquoi ?

- Je n'avais pas envie qu'il parte avec les mêmes préjugés que les gens ont de moi.

- C'est une bonne idée, je trouve.

- Je lui ai demandé ce qu'il ferait, s'il lui restait seulement cent jours à vivre.

- Harry...

- Je sais.

- Tu as toujours en tête de le faire ?

- Oui.

- Tu sais que ce n'est pas une solution.

- C'en est une pour moi.

- La mort ne résout rien. Tu es jeune Harry, tu as tellement de choses à vivre encore.

- Je n'ai pas envie d'en parler.

- Très bien. Il t'a répondu ?

- Oui.

- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Qu'il essaierait de vivre.

- J'aime beaucoup sa réponse.

- Moi aussi.

- Qu'est-ce que tu lui as répondu ?

- Je ne lui pas répondu.

- Et tu vas essayer ?

- De ?

- De vivre.

- Pendant quatre-vingt-dix-sept jours, oui."

110 Jours avant le jour 100.

Parce qu'il y a des détresses qui touchent, des mots qui heurtent, des situations qui laissent sans voix. Sans réaction. Sans solution. Qu'est-ce qu'un professeur de philosophie aurait pu dire face à un garçon de 19 ans qui lui annonce qu'il a perdu l'envie de vivre ?

"Un an Harry. Laisse-toi encore un an.

- Cent.

- Cent ?

- Cent jours.

- Pourquoi cent ?

- Parce que c'est un compte rond.

- Tu sais que je ne suis pas d'accord avec toi, n'est-ce pas ?

- Je sais.

- Et ils commencent quand ces cent jours ?

- Quand je serai certain d'avoir envie de mourir."

♠️

8 jours avant le premier mail d'Anonyme à Louis.

- 108 jours avant le jour 100.

Seul dans sa chambre, la lame traverse sa peau encore une fois. Son poignet est ravagé, toujours à l'horizontal. Il n'a pas envie de mourir ce soir, seulement d'avoir moins mal. C'est tellement dur sans elle que la cocaïne l'aide à oublier. Elle coule dans son corps en surdose, dans son sang qui tache le tapis. Il voit son visage, ses cheveux blonds, ses yeux clairs et son sourire.

DEGRADATION Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant