DEGRADATION Tome II

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« Fais-moi l'amour Harry. - Tu es sûr de toi ?... - Je n'ai jamais été aussi sûr de toute ma vie. »

Les images défilent dans mon esprit comme des souvenirs presque irréels. Le vent souffle doucement sur mon visage. J'ai l'impression de sentir encore ses mains sur moi. J'ai l'impression de sentir encore ma peau trembler sous ses caresses.

Flash-back

Le soleil filtre à travers les épais rideaux de sa baie vitrée. Il réchauffe sa peau nue et ses yeux n'ont jamais été aussi clairs, aussi brillants. Il est allongé au-dessus de moi, en appui sur ses bras pour ne pas m'écraser. Son regard me brûle. Il me brûle de l'intérieur. Mes mains sont posées sur son torse, mes doigts redessinent les oiseaux tatoués en douceur, comme si j'avais peur de l'abîmer, de le salir. Comme s'il était aussi fragile qu'une poupée de porcelaine. C'est ce qu'il est à mes yeux, il est l'être le plus vulnérable et le plus fort que je n'ai jamais rencontré. Ses lèvres trouvent les miennes avant de descendre sur ma peau. Mon corps se cambre quand il embrasse mon ventre et quand je comprends ce qu'il a l'intention de faire, mon cœur se met à battre tellement fort dans ma poitrine que j'ai du mal à respirer. Je tente de le repousser dans une supplication à peine audible. "Non..." Il relève lentement la tête vers moi et à la seconde où ses yeux croisent les miens, je sais que jamais je ne pourrai oublier ce moment. Jamais je ne pourrai l'effacer de ma mémoire. C'est comme si le temps s'était arrêté une fois de plus, comme si la terre avait cessé de tourner seulement pour nous encore une fois. Je me perds dans son regard et je réalise une fois de plus à quel point il est devenu le centre de mon univers.

"S'il te plaît..."

Quand il me murmure ces mots, je n'ai pas la force de lutter. Mes mains quittent ses épaules pour retrouver les draps et quand ses lèvres se posent sur moi, j'ai l'impression de sentir mon corps brûler. Brûler réellement. Il est maladroit et timide, ses gestes sont peu assurés et tremblants. Loin du savoir-faire d'Eleanor ou de toutes ces autres filles qui m'ont fait ça avant, pourtant à travers sa maladresse, sa douceur et son amour, il les surpasse toutes. Il les réduit à néant, comme si elles n'avaient jamais existé. Sa langue me caresse. Mon corps se met à trembler, mes doigts serrent le drap, je me cambre en gémissant. Ses cheveux s'étalent sur mon ventre et frôlent mon nombril à chacun de ses mouvements. "Tu... ça... ça chatouille..." Je le sens sourire contre ma peau.

À ce souvenir, mon corps se met à trembler. Je rouvre les yeux et regarde ma montre. Il est à peine 8h du matin. Il y a une heure, alors qu'on dormait dans les bras l'un de l'autre encore nus, il a reçu un coup de téléphone du cabinet vétérinaire. Il a dû partir en urgence et moi... j'ignore pourquoi, mais j'ai ressenti le besoin de venir ici, sur ce pont. Son pont. Je remonte le col de mon manteau avant de faire un pas de plus. Je pose mes mains sur la barrière de sécurité. Je prends une grande respiration pour me donner le courage de le faire. J'ai tellement peur d'imaginer son corps sans vie écrasé sur le béton comme dans mes cauchemars, que je dois respirer plusieurs fois avant de trouver la force en moi de me pencher légèrement en avant pour regarder. Quand je réussis enfin, ce n'est pas l'autoroute qui m'attend mais son corps nu contre le mien. Je le revois me faire l'amour. Je nous revois faisant l'amour.

"Je..." Il se mord la lèvre en rougissant avant de tendre le bras pour atteindre le tiroir de sa table de nuit. Accroupi entre mes jambes, il fait tourner dans ses mains un tube de lubrifiant sans réellement oser me regarder. Je crois que je rougis moi aussi. C'est peut être idiot d'être mal à l'aise face à la personne qu'on aime dans un moment comme ça, mais j'aime cette timidité qui nous entoure. J'aime voir ses joues devenir roses et nos yeux se fuir tout en se cherchant. Ce sont ces détails qui me font réaliser encore plus, que je suis sur le point de faire l'amour pour la première fois.