Chapitre six

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« François Mitterrand a dit : "La pire erreur n'est pas dans l'échec mais dans l'incapacité de dominer l'échec." J'ai peur de l'échec. J'ai peur de ne pas réussir et perdre le peu de confiance en moi que j'ai réussi à retrouver grâce à lui. » - Harry

Sept jours maintenant que l'on sort ensemble. Je crois que je ne me ferai jamais entièrement à l'idée et c'est ça qui me plaît. Ne pas me faire à l'idée, avoir du mal à le réaliser. D'accord, on est un couple officiellement maintenant, mais finalement ce n'est qu'un mot car rien n'a changé. On est comme avant. Je pense à lui en me réveillant et en me couchant. Ça n'a pas changé. Bon d'accord, je pense aussi à lui dans la journée, en fait tout le temps. Et j'aime ça. Je n'aurais jamais cru que partager des sentiments avec une personne voulait dire ne plus jamais être seul. Parce que, même quand il n'est pas là, je ne me sens pas seul. Je pense à lui et je me dis que lui aussi, il doit penser à moi. D'une certaine façon on est toujours ensemble. On n'a pas eu beaucoup le temps de se voir cette semaine. On rentre dans la période des partiels et on a tous les deux beaucoup de boulot, on bosse sur nos exams. On s'est vus deux fois à la fac en vitesse, entre deux cours, dans les couloirs et en dehors on ne s'est pas revus. Mais on a trouvé une solution, comme on travaille tous les deux sur nos ordinateurs, on allume nos webcams et même si on ne se parle pas, on se regarde travailler. D'ailleurs quand il lit, il ne peut pas s'empêcher de mordiller son stylo ou de jouer avec en le faisant tourner entre ses doigts. OK, en fait de pouvoir le voir n'est pas vraiment -du tout- l'idéal pour la concentration. Mais on s'en fout parce que ce soir on est vendredi soir, que c'est le week-end, qu'on a envoyé chier les révisions pour les deux prochains jours et que je suis avec lui, là. Je ne sais pas si c'est à cause du fait que l'on ne se soit presque pas vus ou pas, mais depuis une demi-heure que je suis arrivé chez lui, ses lèvres n'ont pratiquement pas quitté les miennes. Et c'est loin, très loin, vraiment très loin de me déplaire. Au contraire. Je veux bien moins le voir si à chaque fois qu'on se retrouve il m'embrasse comme ça.

On est allongés sur son lit et on ne fait que ça, s'embrasser, encore et encore. On reprend notre respiration et on recommence. On s'embrasse comme des adolescents qui se retrouvent seuls pour la première fois. On roule au milieu des draps, on s'écrase chacun notre tour. Nos jambes s'emmêlent dans la couverture, on a viré plusieurs fois Connard du lit avec nos pieds. Il a râlé avant d'abandonner, il nous observe en inclinant la tête. De ça aussi on s'en fout, en fait on se fout de tout. De tout sauf de nous. On se retrouve après une semaine loin l'un de l'autre et même si une semaine ce n'est pas long... si en fait, une semaine sans réellement le voir c'est long. Trop long même. On se caresse par-dessus nos vêtements, on ne passe jamais en dessous, pourtant c'est suffisant pour que l'on se sente bien. Il est allongé sur moi entre mes jambes, son bassin contre le mien, je peux sentir qu'on est tous les deux dans la même situation. C'est agréable de savoir que je lui fais de l'effet comme lui m'en fait. Que l'on ressent tous les deux du désir l'un pour l'autre. On roule encore et même si son lit est immense à force de rouler on... finit par terre. Littéralement. On tombe et on s'écrase sur le tapis à côté de sa table de nuit. C'est lui qui amortit la chute, il tombe sur le dos et moi je tombe sur lui mais ça ne nous arrête pas pour autant. On continue de s'embrasser, je le sens rire contre mes lèvres. Ses mains sont dans mes cheveux -qui ne doivent plus ressembler à rien d'ailleurs- et les miennes sont posées par terre de chaque côté de son visage. Évidemment, en nous voyant au sol, Connard ne perd pas une minute, il se jette sur nous en glapissant et en remuant la queue pour jouer.

"Dégage Connard."

On le repousse tous les deux avec nos mains sans cesser de s'embrasser. Si un jour dans ma vie on m'avait dit que j'entendrais ce genre de phrase en embrassant quelqu'un et que je le prendrais avec le sourire, je ne suis pas certain que je l'aurais cru. En même temps, si un jour dans ma vie on m'avait dit que je rencontrerais un chien qui s'appelle Connard, ça non plus je ne suis pas certain que je l'aurais cru. Encore moins que ce chien appartiendrait à mon petit ami qui serait un garçon et qu'il l'aurait appelé comme ça parce que ça lui faisait penser à moi. Et pourtant... là maintenant, tout de suite je n'échangerais ma place pour rien au monde.

DEGRADATION Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant