Deux mois

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Deux mois. On vient de passer deux mois ensemble. Deux mois à se découvrir encore, à apprendre à se connaître encore, à s'apprivoiser, à être tous les deux et c'était génial. Pour de vrai, c'était vraiment  génial, je n'aurais jamais pu imaginer qu'être en couple ressemblait à ça. Je crois que j'avais trop assimilé l'image du couple à celui de mes parents et ça me foutait la trouille. Ou les couples qu'on voit partout, même à la fac, le gars qui est limite prisonnier et qui ne peut rien faire sans avoir de comptes à rendre. Ou la fille qui fouille dans le portable et tape une crise tous les quatre matins, qui prend les mêmes cours, qui colle tout le temps etc. J'ai toujours eu une image négative du couple, mais avec Harry c'est complètement différent. On est bien ensemble. Bon niveau pots de colle je crois qu'on bat des records mais c'est mutuel donc ça va, enfin, on ne s'étouffe pas non plus. Quand on se croise sur le campus on ne se cache pas, je sais que notre histoire a fait parler au début, surtout le fait que je sois devenu gay, mais je m'attendais à pire. En réalité je m'attendais à mal le vivre, ne serait-ce rien qu'un peu, mais étrangement ça n'a pas été le cas. Il me suffit de regarder Harry pour passer au-dessus de tout. C'est grâce à lui, à lui et à sa façon d'être. Sans en avoir conscience il m'a appris à être plus fort, à attacher de l'importance seulement aux choses qui comptaient réellement. On me traite de PD ou de tapette ? Bien, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Rien. L'histoire que je vis avec Harry est trop importante pour moi pour que je laisse des insultes la gâcher. Il me suffit de le regarder, que ce soit au détour d'un couloir ou être dans ses bras pour savoir que je l'aime et il suffit qu'il pose les yeux sur moi pour que je me sente aimé alors ouais, les insultes ou les remarques me passent à environ 35548554755 km au-dessus de la tête.

BON d'accord un jour je n'ai pas pu m'empêcher de réagir, mais c'était amusant.

FLASH-BACK

Le coach nous a tellement foutus plus bas que terre, ce soir, pendant l'entraînement sur le fait qu'on était loin d'être prêts pour le match qui nous attend dans deux semaines qu'on s'entraîne encore. Il est plus de 22h et on est encore tous sur le terrain. Quand le coach a quitté les vestiaires on est retournés s'entraîner. Retravailler les techniques qu'on foire, mettre de nouvelles stratégies en place etc.  Plus de deux heures maintenant qu'on joue, on est en sueur et crevés mais j'aime ça. L'ambiance est détendue, même si on reste concentrés. Avec toutes les merdes et les épreuves -si on peut appeler ça comme ça- qu'on a vécues, c'est rassurant de voir qu'on est encore soudés, qu'on est encore une équipe. Ma relation avec Harry a créé quelques tensions au début, mais elles sont vite passées. Les gars ont vu avec le temps que j'étais exactement le même, sauf qu'au lieu de baiser des filles à la chaîne -ou Eleanor- j'étais amoureux d'un mec. Même les tensions entre Josh et Liam se sont calmées. Liam n'a rien pardonné, et Danielle et lui c'est toujours terminé, mais quand on joue il arrive à faire la part des choses et laisser ses histoires de côté. Le football est ma passion depuis que je suis tout petit, j'en ai besoin, sans je deviendrais dingue, alors voir que rien n'a changé c'est important. Il fait nuit noire, les grands lampadaires éclairent le stade, on s'entraîne aux tirs au but tout en s'amusant. C'est à mon tour de tirer, quand une voix suivie d'un rire gras se fait entendre derrière nous.

"Alors les pédales toujours sur le terrain ?"

On se retourne tous presque en même temps. Les gars de l'université de Manchester traversent lentement le terrain jusqu'à nous dans leurs blousons de footballeur, les mains dans les poches. C'est justement l'équipe contre laquelle on va jouer dans deux semaines. Des vrais cons fouteurs de merde. Ils ont gagné tous leurs matchs de la saison et dans le genre on-se-prend-pour-des-dieux-on-est-les-meilleurs, ils battent tous les records. Un rire ironique mauvais m'échappe et je m'avance jusqu'au capitaine de l'équipe, les gars me suivent, on leur fait face. Je pose mes mains sur mes hanches.

DEGRADATION Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant