Chapitre sept

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« Chacune de ses larmes est une torture à vivre, elles me brisent de l'intérieur. Je ne supporte pas de le voir pleurer. Ses yeux n'ont pas été créés pour pleurer, ils ont été créés pour sourire. » - Harry

Je savais qu'il n'allait pas réussir. Je savais que ce ne serait pas aussi facile. Je savais que ça allait être dur pour lui d'échouer mais... mais j'aurais voulu qu'il ne réagisse pas comme ça. On est dimanche soir et depuis que je me suis endormi dans ses bras vendredi soir après notre sortie, je ne l'ai pas revu et je n'ai plus eu aucune nouvelle. Comme à chaque fois, il a complètement disparu. Après m'être réveillé sans lui une fois de plus, je l'ai attendu presque trois heures avant de comprendre qu'il ne reviendrait pas. Qu'il devait sûrement avoir besoin d'être seul et ça m'a déçu. Enfin non, pas déçu mais ça m'a fait mal, j'espérais qu'on traverserait ça ensemble. J'espérais pouvoir lui montrer que j'étais là pour lui et que je ne lui en voulais pas. Mais je crois que dans un sens, je le comprends et qu'à sa place, moi aussi j'aurais eu besoin de me retrouver seul. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Je n'aime pas le savoir mal, je ne supporte pas quand je sais qu'il n'est pas bien. Quand j'ai vu que comme d'habitude il ne répondait pas à mes mails, j'ai eu envie de lui téléphoner mais je ne l'ai pas fait. Je ne sais pas... il y a quelque chose qui m'a bloqué. Ce n'est pas nous. On n'a jamais eu à se téléphoner avant et je n'ai pas pu le faire. C'est carrément stupide, parce qu'un simple coup de fil aurait pu me rassurer mais... non. Ça me paraissait trop étrange et puis s'il ne répond pas à mes mails, c'est qu'il n'a pas envie de parler et je ne veux pas le forcer. Je ne veux pas le harceler... Mais là, j'ai vraiment besoin de lui parler, au moins savoir comment il va, sinon je vais devenir dingue. Vraiment. Assis sur mon lit l'ordinateur sur mes genoux, je regarde le message que je lui ai envoyé à midi et qui n'a toujours pas de réponse.

✉ 33.

J'hésite plusieurs secondes avant de me lancer.

✉ Je ne sais pas si tu es là ou si tu me répondras mais je voulais te dire...

Que vendredi soir j'ai vraiment passé une soirée géniale avec toi. J'ai aimé que tu m'emmènes au restaurant. J'ai aimé réaliser que j'étais jaloux à cause de la serveuse car je tiens à toi. J'ai aimé que tu me tiennes la main dans la rue et que tu passes ton bras autour de moi. J'ai aimé nos crêpes même si elles n'avaient pas de pépites de chocolat car le marchand n'en avait plus. J'ai aimé fumer avec toi en regardant Connard s'amuser dans ton jardin. J'ai aimé chaque instant parce que je les ai passés avec toi. J'ai aimé m'endormir dans tes bras. Alors voilà, peu importe que tu ne sois pas là à mon réveil, peu importe le nombre de fois où je vais me réveiller sans toi, je ne veux pas que tu te sentes mal ou que tu t'en veuilles, car moi je ne t'en veux pas. J'ai aimé et j'aime chaque seconde que je passe avec toi et je sais qu'un jour, quand j'ouvrirai les yeux, tu seras là et peu importe le temps que ça prendra, j'attendrai parce que... j'aime être avec toi Harry.

✉ ... merci pour la brosse à dents.

Je souffle en fixant mon écran. Je n'ai pas eu le courage. Je me suis dégonflé au dernier moment comme un trouillard. De toute façon, quelle importance ça a que je lui dise ce que je ressens ? Il n'est pas là pour me répondre et d'un seul coup sans comprendre comment ou pourquoi, je me sens triste.

J'ai envie de pleurer. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Je crois que c'est une accumulation de tout. De le savoir mal comme ça me fait mal à moi aussi et entre les partiels, la fatigue, son silence, le fait qu'il n'aille pas bien et tout ça... je crois que je craque. Et comme je suis triste, je me mets à penser à des choses encore plus tristes. Je pense à Samantha et à lui, j'essaie d'imaginer ce que je ressentirais si j'étais à sa place. Si je le perdais comme lui l'a perdue elle, si un soir je m'endormais dans ses bras sans savoir que ce serait la dernière fois. Rien que de penser à ça, les larmes se mettent à couler toutes seules, je ne cherche pas à les retenir. Est-ce qu'on l'a appelé pour lui dire qu'elle s'était suicidée ? Comment il a réagi ? Et moi, si un jour on m'appelait pour me dire qu'il n'est plus là, comment je réagirais ? Mon cœur se serre rien qu'à cette pensée. Je crois que je m'effondrerais. Si je le perdais, je serais anéanti. Je sens quelque chose se nouer dans mon ventre. Je sais que tout ça n'est que dans ma tête mais je sens cette boule en moi revenir, celle qui me fait mal à chaque fois que j'ai peur pour lui.

DEGRADATION Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant