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L'avoir vu se plonger lui-même dans une crise d'angoisse aussi profonde a été dur à vivre. Le sentir se raccrocher à moi en tremblant comme s'il avait peur que je m'en aille était juste horrible. Je m'en voulais tellement, que je ne savais comment agir. Je l'ai gardé dans mes bras, je l'ai bercé un long moment en lui caressant doucement les cheveux et en lui répétant que j'étais là puis lentement il a fini par se calmer et s'endormir. Je ne l'ai pas lâché. Je l'ai gardé contre moi sans cesser de lui caresser les cheveux, comme si ça pouvait l'apaiser encore, même en dormant et je me suis mis à tout retourner dans mon esprit au point d'en avoir mal à la tête. Je sais que je ne sais rien de sa maladie et ça m'effraie. J'ai essayé de me persuader que j'étais assez fort pour l'aider à s'en sortir, mais j'ai réalisé que ce n'était pas vrai. Je suis assez fort pour le soutenir, mais pas pour l'aider à guérir. Face à son mal-être je me sens démuni et impuissant. Je pensais avoir compris, enfin dans ma tête, il avait peur de se réveiller sans moi à cause du matin de la mort de Samantha. Je pensais que sa peur était juste basée sur le fait d'ouvrir les yeux et de retrouver une place vide à ses côtés, mais je prends conscience que ça va plus loin que ça. Il n'aurait pas dû paniquer comme ça ce matin. Il n'y avait aucune raison, pourtant... il s'est plongé dans une telle détresse... je crois qu'il a peur que je parte, tout le temps, pas seulement dans la nuit. Je crois qu'il a peur de l'abandon ou alors c'est parce que... je ne sais pas. Je n'arrive pas à comprendre et ne pas comprendre me rend dingue, parce que si je ne comprends pas, je ne peux pas l'aider.

Mais le plus dur encore dans tout ça, c'est que ce matin j'ai pris conscience qu'il s'en voulait. Il s'en voulait d'avoir eu peur, il s'en voulait d'avoir paniqué comme ça. Il s'en voulait réellement de m'avoir fait vivre ça, comme si ce que je pouvais ressentir passait avant la crise d'angoisse qu'il a vécue. J'ai réalisé qu'il ne voulait pas de tout ça. Que c'était une chose sur laquelle il n'avait aucun contrôle et qu'elle le laissait encore plus démuni et plus malheureux que moi.

FLASH-BACK

Je lui caresse toujours les cheveux en le serrant contre moi. Il n'est pas loin de 10h quand j'arrive à me rendormir moi aussi. C'est une odeur de nourriture qui me tire du sommeil. J'ouvre difficilement les yeux, son réveil affiche 15h05. Je m'étire en baillant et en roulant sur le dos au milieu des draps. Je n'ai pas le temps de réaliser que je suis seul, que la porte de sa chambre qui ramène à l'intérieur de la maison s'ouvre sur lui. Il tient un plateau dans ses mains. Les traits de son visage sont tirés et fatigués pourtant il essaie de me sourire.

"Hey...

- Hey..."

Je me redresse sur les oreillers en arrangeant la couette pour qu'il puisse poser le plateau dessus. Il le dépose et s'allonge en travers du lit en appui sur son coude. Il ne me regarde pas, il fuit mon regard et comme à chaque fois ça me fait mal. "Harry..." Mais il secoue la tête. Il ne veut pas parler et mon cœur se serre. Je reporte mon attention sur le déjeuner qui se tient entre nous et je réalise. Je repense à mes mots de ce matin, quand je lui ai dit que j'étais juste parti chercher le petit déjeuner et que je suis revenu sans rien. J'ai compris qu'il ne voulait pas en parler, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas le laisser croire que... je n'ai aucune idée de ce qu'il croit en réalité mais... je ne peux pas le laisser comme ça. "Je n'étais pas parti." Il baisse encore plus les yeux sur ses mains qui triturent un morceau de pain.

"Je sais...

- Alors qu'est-ce qui s'est passé ?..."

Il ne me répond pas, il s'obstine à fixer la miette qu'il fait tourner entre ses doigts. Je sais que je ne devrais pas insister, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas le laisser aller mal. Je ressens le besoin de le rassurer même sans comprendre exactement la raison de sa peur, alors je pousse le plateau sur le côté. "Viens." Je l'attrape par les bras pour le forcer à remonter jusqu'à moi, heureusement il se laisse faire. Il s'allonge contre moi en posant sa tête sur mon épaule, je l'enroule de mes bras en ancrant mes yeux dans les siens et je répète encore :

DEGRADATION Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant