Où suis-je...?
Je me réveille en clignant des yeux. Une odeur nauséabonde me sort de mon sommeil. Ma vue s'accommode lentement. Mon corps est engourdi et affalé sur quelque chose de meuble... J'arrive à tourner la tête et remarque que je suis sur un tas d'ordures.
Bordel, je suis où là ?
Je retrouve peu à peu l'usage de mes membres et essaie tant bien que mal de me lever. Seulement, en m'aidant de mes deux bras, une douleur lancinante me torture le bras gauche me faisant ainsi retomber au milieu des ordures. En observant mon membre douloureux je remarque que j'ai une blessure encore fraîche faite par balle mais cette dernière n'a fait que traverser mon bras sans toucher l'os. Je m'aide donc d'un bras et de mes jambes pour me relever et je tente de me stabiliser sur celles-ci.
Ma tête me lance, mon bras me fait souffrir mais je ne peux rien faire. Je ne me souviens de rien. Ni de mon nom, ni de ce que je fais là.
Mon instinct me dicte de fouiller mes poches à la recherche d'indices et je m'exécute à l'aide de mon bras valide. Je n'y trouve rien si ce n'est un bonbon à la menthe que je gobe pour enlever le goût pâteux et métallique dans ma bouche. Je trouve également un billet de 50$ américain chiffonné.
Super, je vais aller loin comme ça.
De fines gouttelettes commencent à tomber en pluie.
Je décide d'avancer là où la vie se fait entendre, autrement dit, à l'autre bout de la ruelle. J'entends des véhicules passer et je vois des passants marcher. Je ne reconnais rien qui puisse m'indiquer où je suis. Je titube en direction de ce qui semble être une avenue et, en sortant de ma ruelle sombre et humide, je m'arrête net.
Sur un immeuble gigantesque se trouve un écran géant où est diffusée une publicité dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle : le japonais. Mais ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus. En énorme, sur la même publicité, un énoncé s'affiche en clignotant :
Tokyo – 27 octobre 2096
Comment est-ce possible...? Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi le Japon ?
Je me pose tellement de questions que ma tête bouillonne et menace d'exploser. J'essaie de me calmer et commence à réfléchir.
Je décide de me mettre en quête d'un lieu où je pourrais au moins passer la nuit mais après je n'ai aucune idée de ce que je pourrais faire...
En continuant ma route je tombe sur ce que je voulais mais... dix fois trop luxueux pour pouvoir payer avec ce que j'ai (en dollars qui plus est).
Je continue ma route clopin-clopant et remarque que trois agents de police se trouvent à une centaine de mètres devant moi. Ne voulant pas trop attirer l'attention, je décide de m'engager dans la rue la plus proche. Personne ne semble faire attention à moi et d'un côté, ça m'arrange.
À croire qu'une bonne étoile est avec moi, une enseigne en néons bleus retient mon attention.
Pile ce que je voulais.
J'entre dans une sorte d'hôtel qui semble plus abandonné qu'autre chose mais ne me décourage pas pour un sous.
Le hall et l'accueil sont vides. J'avance et m'accoude au comptoir, toujours personne en vue. Dessus se trouve une sonnette et une affichette avec les prix des chambres en yens. N'ayant aucune idée de la valeur en dollars, je croise les doigts pour qu'ils acceptent mes billets.
J'appuie sur la sonnette qui émet un son métallique. Elle n'a pas dû servir beaucoup de fois...
Toujours rien. J'appuie une fois, deux fois, trois... Rien ne se passe. Je commence à tourner les talons quand une voix robotique me fait sursauter.
Je me retourne et aperçois derrière le comptoir un robot qui me fixe et semble attendre une réponse.- Do you speak english ? tenté-je.
Ses yeux bleus pixélisés semblent se brouiller quand soudain je l'entend prononcer un mot spécifique dans pleins de langues qui défilent jusqu'à entendre enfin le fameux « yes ».
Je respire profondément et enchaîne le plus naturellement du monde :- Avez-vous une chambre de libre ?
Cette question me parut évidente mais mon interlocuteur me répondit :
- Attendez un instant, je vais vérifier...
Son corps robotique s'ouvre alors comme un placard laissant apparaître un écran d'ordinateur qu'il met face à lui. Il fait mine de chercher dans les registres (enfin c'est ce que je préfère croire) et me lance :
- Oui, il me reste une chambre.
- Super ! lancé-je dans un sourire crispé.
- Combien de temps souhaitez-vous rester ?
- Avec ça je peux rester combien de temps ? dis-je en posant mon billet sur le comptoir.
Le robot-hôte me regarde, jette un œil sur le billet et semble les scanner. Il me regarde encore une fois puis lance :
- Une nuit.
Je soupire.
- C'est mieux que rien, lancé-je un peu trop fort.
- Voici votre carte de chambre. Elle se trouve au premier étage.
- Merci !
L'hôtel est désert. J'ai l'impression d'être la première et sans doute la dernière personne qui ai mis les pieds ici.
Plus rien n'était entretenu et plus rien ne marchait -sauf le robot-hôte-. J'appuie plusieurs fois sur le bouton de l'ascenseur mais lui non plus ne fonctionnait pas. Je me résignais à prendre l'escalier qui s'éclairait à peine.J'arrive devant la porte de ma chambre.
N°103
Je glisse la carte dans l'encoche prévue, une diode de couleur rouge vire alors au vert et la porte s'ouvre. J'entre dans la pièce et m'affale sur le lit.
J'ai dû perdre pas mal de sang. Je me sens faible, je tourne de l'oeil, ma vision se déforme.
Je me relève à peine quand une douleur me compresse la poitrine. Je suffoque, de la sueur commence à perler sur mon front. Puis l'envie de vomir me prend, je fais du mieux que je peux pour arriver dans la salle de bain pour lâcher un filet de bile.Une fois mon mal passé, je me passe de l'eau sur le visage et me regarde dans le miroir face à moi.
Je suis extrêmement pâle et mon visage est tuméfié par endroits.
J'ai bien fait de tomber sur un robot plutôt qu'un humain, il aurait eu peur de moi.
Un bruit suspect m'arrête dans mes pensées me faisant réaliser que je ne suis peut-être pas la seule personne dans la chambre.
Je n'ai rien pour me protéger d'un éventuel agresseur si ce n'est mes poings. Je décide de sortir de la pièce malgré tout, me préparant à un effet de surprise mais je finis par constater que la fenêtre était restée ouverte laissant passer un courant d'air.
Je m'avance pour la fermer quand j'entends une voix derrière moi :
- Bonjour, Epsilon.
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Sigma
Science Fiction2099 - Lorsqu'elle rentre d'une soirée tard dans la nuit, Kim est témoin d'une scène peu ordinaire. Une bagarre éclate entre deux immeubles et deux individus se battent violemment avec des armes hors du commun. Kim assiste à la scène, impuissante...