Chapitre XII - Chokorēto

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Le couloir semblait sans fin. Epsilon courait à vive allure suivie par Thêta et Kim.

On n'entendait que leurs pas résonner. Les murs en béton étaient tout aussi froids que dans la salle où Kim avait atterri. Il n'y avait rien d'autre que des portes fermées le long de cet interminable couloir et au bout duquel se trouvaient une porte blindée avec une sorte de capteur au mur.

Epsilon s'arrêta un instant devant et posa sa main dessus. Un son électronique retentit et la porte s'ouvrit en se glissant vers le haut.

De l'autre côté se trouvait une grande salle qui semblait abandonnée depuis des années car il n'y avait rien qui ne soit pas poussiéreux. Tout le mobilier était bâché avec des toiles blanches, impossible donc de savoir ce qui s'y trouvait en-dessous.

Epsilon se dirigea vers une autre porte puis entra brusquement.

Un jeune homme était allongé sur ce qui ressemblait à un lit aménagé en lit d'hôpital avec perfusion. Il avait l'air fatigué et affaibli. À son chevet se trouvaient deux autres hommes et une fille. L'un était de type caucasien et semblait avoir un peu moins de trente ans, ses cheveux étaient châtains et Kim trouvait qu'il y avait quelque chose de troublant qui émanait de lui mais elle ne saurait dire quoi.
À côté, un autre homme, lui, japonais et beaucoup plus âgé que le caucasien, il n'était pas très grand et avait le crâne dégarni ainsi que des rides creusées.
Pour finir, la seule fille du groupe -sans compter Epsilon qui, d'après Kim, était considéré comme un garçon vu son attitude- était une asiatique et devait s'approcher de l'âge de Kim. Petite, une allure sportive et des cheveux teintés de couleur blond ambré noués en une longue tresse soignée. D'une part, cela rassurait Kim qui pensait ne jamais voir d'autres asiatiques dans le groupe (on était au Japon tout de même !) et de l'autre, cela la soulageait d'autant plus de voir qu'elle n'était pas la seule personne mesurant moins d'un mètre soixante car, il faut l'avouer, elle se sentait naine aux côtés de Epsilon dépassant de loin le mètre soixante-dix.

L'homme caucasien se leva d'un bond, au moment même où Epsilon fit irruption dans la pièce et dévisagea son groupe comme s'ils s'étaient trompés de chambre.

Il y a quelque chose d'étrange dans son regard...

Epsilon lança :

- Ah oui ! Désolée de ne pas avoir fait les présentations. Je vous présente Sig- enfin, Kim. La Team, Kim, Kim, la Team.

- La Team ? l'interrogea Thêta d'une voix niaise.

- C'est plus court comme ça ! grogna Epsilon.

- Bienvenue parmi nous, Kim. Je m'appelle San, fit l'homme au regard mystérieux.

Le timbre de sa voix était anormalement plus doux que celui auquel Kim s'attendait.

- Euh merci mais je ne reste pas... répondit-elle timidement.

Il se mit à rire. Son sourire laissait apparaître une fossette dans le creux d'une de ses joues, ce qui -au même moment- fit rougir Kim qui trouvait les fossettes atrocement mignon chez un homme.

- Bien entendu, tu pourras rentrer chez toi je te le promets mais...

Il ne finit pas sa phrase et commença à s'approcher du groupe d'Epsilon à pas lents.
Il devait faire un mètre quatre-vingt si ce n'est un peu plus. Sa silhouette bien dessinée montrait ses épaules larges et ses hanches minces. Il portait un pantalon chino noir et un pull fin gris chiné.

Bon sang qu'est-ce que j'ai ? Pourquoi je me sens aussi... bizarre ?

Il n'était plus qu'à un mètre d'elle. Kim n'arrivait pas à le regarder correctement dans les yeux.
Il lui tendit la main.

Ça y est je sais ce qui me déstabilise !

- Mais que tu le veuilles ou non, tu fais désormais partie des Alpha Outlaws.

Ses yeux... ce sont ses yeux le problème ! Il a des yeux bleus mais l'un d'eux a une tache marron bien prononcée. Il a presque les yeux vairons en fait...

Perdue dans ses pensées elle en oublia de lui serrer la main ce qui le mit mal à l'aise.

Epsi chuchota à Thêta :

- C'est ce qui s'appelle un vent...

Thêta pouffa de rire le plus silencieusement possible mais il fut fusillé du regard par l'homme aux yeux -presque- vairons.

Kim se rendit compte de sa gaffe et ne savait plus où se mettre.

Puis, comme si elle n'était plus là, une autre conversation s'ensuivit.

- Comment va-t-il ? demanda Epsilon plus sérieusement.

- Encore un peu faible mais il devrait bientôt être remis sur pieds. Heureusement, ses capacités n'ont pas diminué, il a juste reçu un tir paralysant puissant ce qui l'a fait tomber dans le coma un bon moment...

- Hey je suis là, pas besoin de parler à ma place maintenant, fit le blessé d'une voix enrouée.

- Raconte-nous ce qu'il s'est passé alors monsieur le casse-cou, répliqua Epsilon.

- Ouais et en parlant de ça... Je ne pense pas que ça vous plaise tellement.

- Tente toujours Choko.

- Arrête de m'appeler comme ça ! grogna-t-il.

- Cho-ko, renchérit Epsilon.

- Tu vas voir quand je sortirai de ce lit !

- Chokorēto ! s'entêtait-elle.

Pendant que ces deux là se chamaillaient, la fille aux cheveux tressés s'était rapprochée de Kim.

- Epsi aime bien l'appeler Choko parce que la première fois qu'elle l'a vu elle a dit qu'il avait une peau couleur chocolat et qu'elle aimerait le manger, façon de parler... et depuis, elle le taquine toujours, commença-t-elle.

Kim sourit et se tourna vers elle.

- Moi c'est Phi, continua-t-elle.

- Enchantée Phi, moi tu connais déjà mon nom...

- Oui, j'aime bien Sigma. Enfin je veux dire, Kim c'est beau aussi mais Sigma ça sonne bien.

Choko et Epsi se disputaient encore quand soudain le malade s'arrêta net en ayant vu Kim.

- Mais je te connais toi !

Kim s'arrêta elle aussi de parler avec Phi et regarda Choko.

- T'es la fille de la ruelle !

SigmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant