CHAPITRE XVIII

1K 50 3
                                    

    -Comment ça va ce matin? m'interrogea Roy alors que je m'attachais.
-Plutôt bien et toi?
-Qu'est-ce qui fait que ce ne soit pas très?
-Des contrôles, des TP et toujours des cours, avouai-je.
-Il faut t'y habituer Ed. La seconde ne fait que commencer.
-Oui, mais c'est chiant.
Roy soupira en haussant les épaules comme pour m'approuver. Il démarra son élégante voiture noire puis se mit en route.
-Sinon, travail mis à part, qu'est-ce que tu fais ce week-end? reprit-il, le sourire aux lèvres.
-Pas grand chose. Je sors avec Al et Russel samedi après-midi et Izumi emmène toute la famille, dimanche matin, au centre commercial, pour les vêtements, les courses et d'autres conneries dans le genre.
-Tu es libre vendredi soir?
-Oui normalement.
-Tu serais d'accord pour me retrouver en ville? Ca fait bientôt 2 semaines que nous sommes en couple et jamais on a eu de rendez-vous.
Il arrêta la voiture à l'écart du lycée puis se tourna vers moi, tout sourire.
-Alors? fit-il avec enthousiasme d'un enfant.
-Ca me dit bien, fis-je timidement.
Mon tout premier rendez-vous amoureux. C'était étrange de la programmer de la sorte, je n'avais pas imaginé ça comme ça. Je pourrais appeler ça mon premier premier rendez-vous. Non. C'est trop ringard, j'arrête.
-Super. vingt heures? questionna-t-il.
-D'accord.
Le professeur sourit, victorieux. Il posa ses paumes sur mes joues happant mes lèvres comme si ça lui était vital. Nous restâmes submergé par la chaleur du "lèvres contre lèvres" pendant de bonnes secondes -qui me parurent longues et brèves à la fois. Nous séparâmes nos bouches juste avant que je ne sorte du véhicule pour me rendre dans l'enceinte du lycée. Russell m'accueillit à bras ouvert. Comme nous étions mercredi, il était dix heures et nous allions faire sport -raté la semaine dernière pour toute la classe et moi, puisque j'étais "malade".
-Allez Ed! Bouge tes fesses! En sport! hurla Russell enjoué.
Il est vrai que j'aimais le sport plus que d'autres matières -même si la chimie était de loin ma préférée pour deux raisons plus ou moins connues. Mais il est aussi vrai que je ne me débrouillais pas mal en sport. Gym, courses, chrono... tout me convenait. J'étais assez souple, vivace et plutôt rapide.
-Tu sais dans quel gymnase on va aujourd'hui? demandai-je perdu.
-Ouaip, le gymnase du bas, le bâtiment Van Hohenheim.
Je baissai la tête.
-Je sèche, déclarai-je sèchement.
-Ed faudra que tu t'habitues à voir le nom de ton père partout maintenant. Il est presque aussi célèbre que les people!
-Justement! Qu'il aille se faire foutre ce connard! hurlai-je.
Je m'enfuis en dehors du lycée, distançant Russell et me retrouvant seul sous la pluie torrentielle qui venait de débuter. Je m'étais éloigné du lycée, autant que de la maison.
Subitement, je défaillis et tombai sur le béton qui m'écorcha les coudes, les paumes et les genoux. J'avais envie de pleurer. Pas parce que mes membres douloureux me brûlaient mais par rage d'entendre le nom de ce salaud. C'était le seul excès de colère qu'Izumi me permettait. Dès que j'entendais parler de lui, je fuyais comme un lâche. La seule chose que je croyais tenir de lui. Malheureusement, beaucoup me disait que j'étais presque pareil que cet enfoiré. Nous étions blonds, avions des iris dorés, nous attachions nos cheveux de la même manière... c'était peu mais tous ce contentaient de ça. Mais il était "pacifique", con, dragueur et avait bien plus de carrure que moi. Je ne pouvais pas le voir et si un jour, je me retrouvais face à lui, je lui ferais ravaler son abandon. Et ça risquait de faire mal.
Si j'avais gardé le nom de 'Elric", ce n'était surement pas pour lui mais pour ma mère. Elle avait courageusement porté ce nom jusqu'à se mort et alors, s'était maintenant à moi de l'honorer pour elle. Et puis, ce con n'utilisait que très rarement son nom. Il était Van Hohenheim Elric. D'ailleurs, peu de personne connaissait son nom. Et tant mieux.
Je me roulai en boule sous un arbre qui me tenait à peu près au sec. Je retenais difficilement mes larmes de rage. J'avais froid. Mes doigts et mon nez étaient gelés.
La voiture noire de Roy se gara face à moi et le prof en descendit. Sans me brusquer, il vînt vers moi pour me protéger de tout son corps contre la pluie.
-Pourquoi n'es-tu pas en cours Edward? me questionna-t-il.
-Le... le gymnase..., bégayai-je.
-Qu'est-ce qu'il a le gymnase?
-On lui a donné le nom... le nom de ce bâtard.
Une horrible grimace froissa mon visage.
-Van Hohenheim? Mais c'est une figure de la chimie et de la mécanique! fit-il sidéré par ma réaction.
-Ce salaud, pleurnichai-je sans larmes, il a bien réussit sa vie sans nous. Il ne doit pas être malheureux de nous avoir abandonné. Ce connard. Je ne lui pardonnerais jamais!


Le lycée, une galèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant