Chapitre 31 - Le départ

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Le docteur Dilmer et Hawwa habitaient désormais sur la côte, à moins d'une vingtaine de minutes à vol d'oiseau du palais colonial. À leur arrivée sur Karajou, Ibram, la mystérieuse ramienne derrière le soulèvement des humanidés, leur avait offert le gîte et depuis, ils vivaient tous deux avec elle en retrait de la capitale. De nature discrète, sa compagnie s'avérait toutefois des plus agréables et ils se plaisaient dans leur nouvel environnement. Tous les matins, Hawwa se levait tôt pour aller se balader sur la plage au lever du soleil ; elle savourait chaque moment de sa nouvelle vie. Elle croisait souvent son hôtesse, pour qui les promenades matinales constituaient aussi un rituel. Parfois, elles s'assoyaient ensemble sur le sable blond face à la mer, pour discuter. Leurs différences ne semblaient pas compter. Hawwa lui racontait des pans entiers de sa vie et sa nouvelle amie lui accordait toujours une oreille attentive. En revanche, lorsque la jeune femme questionnait sa confidente sur ses motifs l'ayant amenée à appuyer la rébellion des humains, la ramienne refusait de se confier.

« Un autre jour, ma chérie, » disait-elle avec tendresse en regardant l'horizon. Mais la jeune femme suspectait que son amie préférerait mourir avec son secret, quel qu'il fut ; une décision qu'elle respectait malgré son désir de résoudre cette énigme. Au fil des semaines, Ibram devint sa meilleure, sinon sa seule, amie sur Karajou. Hawwa éprouvait de la difficulté à se lier d'amitié avec les membres de sa nouvelle communauté, hommes ou femmes, qu'elles sentaient méfiants à son égard. Malgré tous ses gestes d'ouverture, un fossé semblait les séparer et elle ignorait encore comment jeter des ponts pour leur permettre de s'apprivoiser.

« Chaque chose en son temps, lui répétait Ibram. Tu verras, tout finira par s'arranger, ne t'inquiète pas. » Afsheen et son jeune frère, Sam, constituaient d'heureuses exceptions. Ils venaient les visiter presque tous les jours. Eshram passait tout son temps avec Sam et les deux jeunes hommes s'entendaient à merveille.

Le refus catégorique de l'Empire de négocier avec les rebelles en échange de la libération d'otages surprenait Zorgan et il tablait sur une nouvelle stratégie pour tenir tête à l'Empire – dont il ignorait tout des plus récents déboires avec la confédération. Dilmer préconisait une approche radicale : rendre aux otages ramiens encore vivants une certaine liberté. Il arguait que la surveillance de leurs milliers de captifs dans l'Ahra grugeait de nombreuses ressources tout en privant les rebelles d'un savoir-faire qualifié.

« Vous n'installerez jamais la plateforme TAMROD 2 sans leur coopération. Ce système défensif est beaucoup plus complexe que son prédécesseur, » s'entêtait-il à répéter au stratège. Ibram se rangeait à l'argumentaire du docteur et ensemble, ils tentaient de le convaincre du bien-fondé de leur proposition depuis plus d'une heure. Ils discutaient en prenant une boisson rafraîchissante, confortablement assis à l'ombre, sur le balcon face à la mer.

À l'exception de ses amis Ibram et du docteur Dilmer, Zorgan répugnait à dépendre des ramiens pour survivre mais par-dessus tout, il craignait la réaction de ses troupes face à la réinsertion de leurs anciens maîtres parmi eux.

« Afsheen ne me suivra jamais dans cette voie ; je ne vois pas comment je pourrais le convaincre et sans son support, vos amis vont se faire lapider en moins d'une heure.

- Je crois qu'il nous écouterait, Ibram et moi, suggéra Hawwa, qui croyait avoir une certaine écoute de sa part.

- C'est vrai, ajouta Ibram. Le garçon n'est pas bête et si nous lui présentons le tout de manière rationnelle, il pourrait se ranger derrière toi, Zorgan. » Ce dernier allait répliquer lorsque le centre de commandes les appela sur le canal prioritaire :

« Nous avons un problème. Un drone vient d'apparaître dans le secteur 16. Nous pourrions subir une nouvelle attaque. »

En moins de trente minutes, ils se retrouvèrent tous dans le bunker de l'ancien palais colonial. De nouvelles sondes venaient d'apparaître et leurs trajectoires semblaient erratiques. Zorgan croyait à une nouvelle tactique pour éviter les tirs de l'artillerie anti-spatiale de Karajou. Ils se préparaient aux combats lorsqu'une dépêche leur parvint du vaisseau d'exploration.

Les gondoliers 1: La chute des SafalyneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant