Emily Underhill

Prologue

« Le soleil est là-bas, ces oiseaux s'en vont vers le Sud. Les Anciens les définissent comme 'migrateurs', on peut donc en déduire qu'ils changent d'habitat selon leurs besoins : plus assez de nourriture ou un climat défavorable. Étant donné que nous sommes en Décembre, le temps se refroidit et la neige va sûrement bientôt arriver, ce qui signifie que ces oiseaux cherchent la chaleur et une nourriture plus abondante. Il n'y aurait donc pas d'hiver dans le Sud... Intéressant. »

Je pose le livre des Anciens sur une pierre. L'herbe où je suis couchée devient de plus en plus orangée avec le coucher du soleil. Dans quelques minutes il fera complètement nuit.

« Mais si l'on vole pendant plusieurs centaines de kilomètres jusqu'au Sud, qu'est ce que l'on va trouver..?

-Eh, tu parles toute seule ? »

Je tourne la tête. À travers les brins d'herbes, je distingue le visage de l'un de mes camarades présent lors de la sélection ce matin. Je crois qu'il s'appelle Jean. Je me relève en retenant ma capuche, regarde brièvement le soleil disparaître lentement derrière la montagne, puis tourne la tête vers lui :

« Pourquoi tu me déranges ? Qu'est ce que tu veux ?

- Les membres de notre brigade se rassemblent ce soir pour qu'on apprenne plus de choses sur les uns et les autres. Je t'ai vue depuis la fenêtre donc je suis venu te chercher. »

Je n'avais pas oublié la présentation entre membres de la 104ème brigade d'entrainement de l'armée, j'essayais juste de ne pas y participer. Ne connaissant personne, je ne pensais pas que quelqu'un avait remarqué mon absence de la salle commune du bâtiment.

« Je n'ai pas envie d'y aller, merci quand même d'avoir pensé à moi.

-Ce n'était pas une question, dit-il avec un petit rire, l'instructeur en chef sera là lui aussi. Si tu veux devenir soldat je crois que tu vas devoir passer par cette étape. Et puis, tu ne peux pas rester ici, il fait trop froid. Viens au moins lire dans la salle commune ! »

Je soupire et me lève. Mon souffle fait de légers nuages dans l'air. Il commence à faire froid, c'est vrai. Je récupère mon livre sur le rocher, réalisant que mes mains sont frigorifiées, et me dirige vers lui. Maintenant, qu'il fait nuit, seules les lanternes du bâtiment de la 104ème division nous guident dans le camp. Cette soirée marque l'aube d'un nouveau tournant de ma vie.