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Nous nous fixons en silence. Depuis combien de temps ? Je n'en ai aucune idée. J'en veux à Livaï. Mon frère était là il y a quelques heures et il ne m'a rien dit. Il ne m'a rien dit alors qu'il savait que j'avais envie de le revoir.

« Pourquoi tu ne l'as pas retenu ?

- Nous nous sommes disputés et il est parti, fin de l'affaire, laisse-moi avec ça. »

Je soupire bruyamment et serre la mâchoire. Non, pas fin de l'affaire, caporal-chef.

« Pourquoi vous êtes-vous disputés ? »

Ma question résonne dans la pièce silencieuse. Il me regarde, impassible. La lueur de colère dans ses yeux est toujours présente mais moins intense. Il désigne du menton la chaise de son bureau, m'invitant à m'asseoir. Toujours en le fixant, je m'installe. Il commence à m'expliquer, avec agacement :

« Ton frère est venu au QG pour te récupérer et te ramener à la capitale. »

J'hausse les sourcils, surprise. Me ramener à la capitale ?

« Le Bataillon d'exploration est trop dangereux pour elle, elle va perdre la vie à cause de vous, je la ramène. C'est ce qu'il m'a dit. Je lui ai répondu que tu avais fait ton choix, que tu étais heureuse ici et qu'il n'avait pas à décider à ta place. »

Louis est très protecteur mais il est plutôt susceptible, il n'a pas dû apprécier que Livaï lui réponde comme ça. Il continue :

« Il m'a demandé en quoi je savais si tu étais heureuse donc je lui ai expliqué que tes sourires et ta passion pour ton travail avec Hanji en étaient deux preuves, et c'est parti en engueulade parce qu'il ne comprenait pas en quoi je pouvais mieux savoir que lui ce qui faisait ton bonheur. C'est bon, satisfaite ? »

Je me lève de la chaise, mon regard perdant de sa méchanceté. Maintenant que je sais ce qu'il s'est passé, je ne peux pas lui reprocher grand chose. Et bien que je n'aime pas qu'il me traite comme une enfant, je suis heureuse que Louis veuille me protéger, même s'il ne comprend pas mes choix. Nous avons perdu notre famille, il pensait m'avoir perdue aussi, peut-être que j'aurais été pareille si j'avais eu un petit frère ou une petite sœur.

Je m'approche de Livaï et lui tend la main pour m'excuser, mes lèvres s'étirant en un léger sourire : 

« Merci de m'avoir défendue.

- J'espère que tu as les mains propres., dit-il en me la serrant. »

Je roule des yeux et sors de la pièce. Au final, l'envie de recontacter mon demi-frère perd de sa saveur : si il ne veut que m'empêcher de vivre la vie que je souhaite mener, alors peut-être qu'il vaut mieux attendre qu'il accepte mes choix. Je ne peux m'empêcher de ressentir de la tristesse et un pincement au coeur en me disant cela.

La soirée passe vite, tout comme la semaine suivante, rythmée par les entrainements, les cours avec Livaï et la mise en place du plan pour capturer le Titan Féminin, soit Annie à quasiment 99% de certitude.

Armin et moi avons travaillé sur la stratégie pendant plusieurs heures. Lorsqu'il s'agit d'activités cérébrales, nous travaillons complètement différemment et nous nous sommes disputés plus d'une fois avant de réussir à mettre en place un plan de capture efficace qui nous convienne à tous les deux. Les adultes n'essaient maintenant même plus de nous séparer, ils savent que nous gérons les choses à notre manière et visiblement, le major Smith est plus qu'heureux de nous former à son travail. Je m'implique du mieux que je peux dans la capture de mon ancienne camarade d'entrainement. N'étant pas directement présente sur le terrain, c'est ma façon de venger la mort de Petra et tous les autres.

Emily UnderhillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant