Emily Underhill

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Petra, où es-tu ? Sauves moi s'il te plait ! Je me tends instantanément quand le capitaine dit :

« Petra m'a dit que c'est elle qui voulait que tu restes. Je laisse couler pour cette fois, mais tu n'aura pas de deuxième chance au niveau du respect des horaires. »

Je me promets de remercier Petra de m'avoir évité des problèmes avec lui.

« Demain, ta chambre doit être rangée, continue-t-il, sinon je te fais nettoyer tout le bâtiment et je ne prendrais pas compte de ta blessure, c'est bien clair ? »

Il est juste devant moi maintenant et me regarde de haut. Je lève les yeux pour le regarder en face et déglutis encore une fois. J'hoche la tête en murmurant :

« Compris. »

Il me fixe un moment avant de dire :

« Tu es vraiment désespérante. Un si beau potentiel gâché par de la désorganisation. On dirait la binoclarde en plus jeune. Viens, les autres nous attendent. »

Je le suis à travers un jardin que je ne connaissais pas. Tout le monde est réuni, quelque soit le grade. Il y a plusieurs groupes et je m'approche de celui de Jean et Eren, encore en train de se disputer sous le regard effaré d'Armin et désespéré de Mikasa. Je m'approche d'eux tranquillement en regardant le ciel. Il est magnifique aujourd'hui, il n'y a aucun nuage. J'ai lu dans un livre que les nuages sont en fait de grandes masses de gouttelettes d'eau, c'est incroyable qu'ils volent comme ça. Pourtant l'eau ne vole pas en temps normal, les gouttelettes doivent être sacrément minuscules pour qu'elles lévitent comme ça dans l'air.

Je m'assois dans l'herbe et observe la dispute en rêvassant un peu. Je vois quelqu'un me faire de grands signes, Petra marche vers moi :

« Emily ! »

Je remarque qu'elle a mit l'une des robes qu'elle s'est acheté ce matin. Elle est magnifique. C'est une jolie robe blanche qui lui arrive aux chevilles. Je lui donne ma veste pour qu'elle puisse s'asseoir à côté de moi sans la tâcher, tandis qu'elle me demande :

« Tu n'as pas eu d'ennuis avec le caporal-chef Livaï, c'est bon ?

- Grâce à toi non, merci beaucoup Petra. »

Elle rit doucement, et je me surprends à l'admirer. Malgré toutes les horreurs qu'elle a dû vivre et voir à l'extérieur, elle a su garder une joie de vivre et de rire. Je repense à ce que Jean m'a dit hier soir : « Ce n'est pas un défaut de montrer ce que l'on ressent. » Peut-être que je devrais chercher à comprendre pourquoi je me bloque autant et pourquoi j'ai aussi peur de montrer aux autres mes joies et mes angoisses. Mais quand je vois que le capitaine Livaï, le soldat le plus fort de l'humanité, ne se laisse nullement distraire par des émotions superflues, cela me conforte dans ma manière actuelle de me protéger. 

Pourtant je fais du mal aux autres en ne leur montrant pas que je tiens à eux et que je leur fais confiance. 

Cette constatation est ce qui me tracasse le plus. Je sais que Jean aimerait pouvoir être au courant de tout ce qu'il se passe dans ma tête.

Soudain, me sortant de mon introspection, un bras m'attrape et me tire vers la droite. Hanji m'emmène sans que je n'ai mon mot à dire vers un espace couvert de bâches où sont installés...deux Titans ?! La surprise, la curiosité et l'horreur me clouent sur place. Elle m'explique qu'ils ont réussi à les capturer durant l'attaque de Trost et s'approche de l'un deux et dit d'un air enthousiaste :

« Bonjour Sonny ! Comment vas-tu aujourd'hui ? »

Elle commence à discuter avec lui. Il s'agit plutôt d'un dialogue à sens unique puisque les Titans au mieux grognent, mais ne parlent pas. En me rapprochant d'elle, toujours à distance raisonnable des Titans, je lui demande non sans dissimuler un certain dégoût:

« Tu les nommes et leur parles comme à des humains ?

- Oui, pourquoi ?

- Ils ne méritent pas vraiment qu'on les traite gentiment après tout ce qu'ils ont fait...nous devons les étudier et les analyser mais pas leur accorder de l'affection.

- Tu sais, avant je pensais comme toi. Mais un jour, j'ai décidé de porter un autre regard sur eux. Ce sont des êtres absolument fantastiques, tu sais ! »

Je ne pensais pas qu'Hanji était aussi passionnée par les Titans...et autant informée. Elle commence à m'expliquer toutes les expériences qu'elle a faites et tout ce qu'elle a appris. Je l'écoute attentivement, essayant d'assimiler le plus d'informations possibles, même si j'en connaissait déjà grâce aux carnets de Joy. Ma peur se transforme en fascination. Cette femme, derrière son comportement à la limite de la sociopathie, est d'une intelligence remarquable. Elle est presque en train de me faire apprécier les Titans qui sont effectivement une espèce fascinante et mystérieuse si on les regarde d'un point de vue d'être vivants et non juste d'une espèce à analyser.

Une heure plus tard, ayant fini de tout m'expliquer, nous sortons de l'espace bâché et mangeons ensemble tout en discutant encore des Titans. Le capitaine et le major nous lancent des coups d'œil exaspérés, même si je suis sûre qu'au fond ils savent que les travaux d'Hanji sont d'une importance capitale. J'entends même le capitaine Livaï marmonner au major Smith :

« Elle est en train de contaminer la gamine...encore heureux qu'elle ne soit pas aussi bavarde. »

Après le repas, un jeu est organisé pour tout le monde dans la salle commune mais je décide de me mettre sur une table à part et de coudre ma mitaine. Mon père nous avait appris à mon demi-frère et moi à savoir se servir d'une aiguille quand on était très jeunes. Grâce à ça, nous faisions nous mêmes nos vêtements avec son aide. De nombreux souvenirs affluent dans mon esprit au fur et à mesure que j'avance la conception de ma mitaine. La nuit est déjà tombée depuis un petit moment quand je commence à bailler. Je tourne les yeux : les autres sont encore en train de jouer; il est encore tôt mais je range mes affaires et monte. Après avoir poussé la porte de ma chambre avec mon pied, je me couche sur mon lit sans avoir pris le temps de me changer. Je suis tellement fatiguée que je sens le sommeil me gagner dès que ma tête se pose sur mon oreiller et m'écroule.