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Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermée au mains des trafiquants d'humains. L'angoisse m'empêche de manger correctement et après avoir vomi mon premier repas, j'ai fini par ne manger plus que le quart de l'assiette en plus du verre d'eau. Le reste est avidement picoré par les rats qui me servent de voisins de cellule. Je n'arrive pas à reprendre des forces. Je perds du poids et ma musculature de soldat, ce qui m'enlève tout espoir d'évasion. Je sens que mon esprit m'abandonne peu à peu au fil des heures, désespérée que l'on ne me retrouve un jour.

Le temps passe et j'entends de moins en moins les cris des victimes de la torture. J'ai fais la connaissance de deux autres membres des Brigades spéciales faisant du trafic d'humain, ainsi que de citoyens lambda, venant m'observer et m'insulter. Ce n'est pas une compagnie agréable, mais au moins je ne suis pas coupée du monde.

La maigreur ayant atteint mes poignets, j'ai essayé de me libérer en les faisant glisser à travers la chaîne, mais cela n'a fait qu'empirer ma situation. Je me suis ouvert le dos de la main gauche assez profondément, gravant sur ma peau une douloureuse coupure sanguinolente et infectée. En plus de cela, ma chaire est meurtrie à cause de la chaîne qui me serre trop fort. Je ne peux pas m'enfuir, je n'ai pas assez de moyens et d'informations. Contrant mon instinct de survie, j'essaie d'accepter mon sort. Il est trop tard. Personne ne viendra me chercher.

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Après une nuit encore agitée à cause des cris, je me réveille et remarque que des vêtements propres, des chaussures ainsi que du maquillage et une brosse à cheveux ont été disposés devant ma cellule.

« Enfile ça, me dit le soldat balafré, Tu vas rencontrer ton futur acheteur, un noble, donc tâche de faire bonne impression. »

Même des nobles participent au marché noir ? Je n'ai pas le temps de pousser ma réflexion, mon geôlier continue :

« Il aime avoir dans son lit des femmes exotiques  et ta différence l'intéresse. Il faut croire que son fantasme c'est les monstres dans ton genre. Tu seras un de ses jouets. »

Son regard de pose sur moi avec dégoût. Cette nouvelle me réjouit légèrement : les choses bougent. Je suis visiblement le fantasme d'un vieux noble pervers, mais cela veut dire que je pourrais toujours essayer de m'enfuir de chez lui d'une manière ou d'une autre. Je me risque à demander :

« Qu'est ce qui s'est passé à Trost ?, mes lèvres gercées me faisant mal à chaque mot,

- Tu veux savoir si ton frère est mort ? Je n'en sais rien. J'ai sauvé ma peau et la tienne avant que le Colossal ne fasse exploser le mur., il ajoute en ricanant, Tu devrais me remercier de t'avoir sauvé la vie.

- Trost est tombée aux mains des Titans ?, je demande d'une voix blanche, le coeur lourd dans ma poitrine.

- On a bien failli y passer, mais le trou dans le mur a été rebouché grâce à une jeune recrue, Eren machin chose, il peut se transformer en titan.

- Il peut se transformer en Titan ?

- Tu commences à me gonfler avec tes questions. Si t'essaies de gagner du temps, c'est raté. Maintenant ferme-la un peu et habille toi ! »

Je me tais. Il m'ordonne de me rendre présentable, mais ne quitte pas la pièce. Je suis peut-être un monstre à ses yeux, mais cela ne l'empêche pas de vouloir m'observer me changer. La honte et l'impuissance font monter des larmes que je renfloue immédiatement. Sans me déshabiller, j'enfile la robe qu'ils m'ont choisie : blanche et très longue, elle me permet de garder mon pentalon et ma chemise de l'uniforme militaire. Le balafré râle et crache à mes pieds, visiblement déçu de ne pas avoir pu se rincer l'oeil. L'ignorant, j'enfile les bottines et la cape qu'ils m'ont donnée, coiffe mes cheveux mais laisse mon visage au naturel : je ne me suis jamais maquillée, je ne sais pas comment faire.

Emily UnderhillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant