« J'ai des dossiers à finir, on se voit demain la binoclarde. »
Depuis qu'il a viré Hanji, Livaï n'a pas bougé de son bureau. Je pense que cela fait une heure ou deux que je suis là, je n'ai plus vraiment la notion du temps vu l'endroit où je suis actuellement. Je me vois mal sortir pour rejoindre la porte, il va me voir et je vais devoir trouver une excuse très convaincante pour justifier le fait d'être dans son bureau. Pire : d'être dans son placard. La seule solution est d'attendre qu'il finisse. Je grimace, je commence déjà à avoir une crampe. Je bouge lentement et en essayant de faire le moins de bruit possible pour être plus à l'aise. La chance doit être avec moi aujourd'hui, j'arrive à m'asseoir sur le plancher de l'armoire sans attirer l'attention du caporal-chef.
Je l'observe. Il a les sourcils froncés de concentration et les cernes sous ses yeux trahissent des heures de sommeil remplacées par du travail. Je sais qu'il passe énormément de temps à remplir les dossiers, parfois jusqu'au début du matin. Il n'a alors qu'une ou deux heures de sommeil et ce n'est pas suffisant vu les efforts qu'il fait en journée. Il faudrait qu'il pense un peu plus à s'occuper de lui plutôt que de s'occuper d'Hanji, Eren ou moi.
Je me retiens de bailler plusieurs fois, j'ai les paupières lourdes et des fourmis de partout dans le bas du corps. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, assise dans le placard. Quelque chose attire soudain mon attention, je n'entends plus le bruit du stylo sur le papier. Livaï se serait endormi ? Je risque un coup d'œil vers l'intérieur de la pièce : il a la tête posé sur sa main et ne bouge pas. J'ouvre doucement la porte, priant intérieurement pour qu'il dorme. Je passe discrètement ma tête, tendue, me préparant à courir s'il se retournait. Il ne réagit pas. Je finis par sortir entièrement du placard et étire mes muscles endoloris tout en m'approchant doucement de la fenêtre : il fait nuit noire.
Je me dirige vers la penderie et prends une cape du bataillon. Livaï dort paisiblement, son stylo toujours dans la main. Je plie le tissu en quatre, le pose sur le bureau, lève légèrement la tête de mon supérieur et glisse l'oreiller de fortune sous son crâne. Il sera beaucoup mieux comme ça. Je récupère ensuite sa veste du bataillon et la pose sur ses épaules pour qu'il n'ait pas froid.
J'ai l'impression de m'occuper d'un petit enfant.
La bougie éteinte, je me dirige à tâtons vers la porte et sors, traversant les couloirs furtivement. Quand j'arrive dans ma chambre, je m'effondre de sommeil.
˜˜˜
La lumière du soleil sur mon visage me fait émerger doucement. Heureusement que nous sommes dimanche aujourd'hui sinon j'aurais été en retard pour les entrainements. Je me lève et pars ouvrir ma fenêtre, me dirigeant ensuite vers la salle de bain. La journée commence bien : des gros cernes sous mes yeux trahissent ma nuit agitée et j'ai des courbatures. Je me douche rapidement, enfile ma tenue civile et ma mitaine et après avoir pris une pomme au réfectoire, je rejoins le camp d'entraînement. Livaï est déjà là. J'ai rattrapé mon retard, mais il a décidé de continuer les entrainements afin d'améliorer mon corps à corps qui est l'un de mes plus grands points faibles. Il se tourne vers moi : lui aussi a des cernes, ce qui me fait sourire franchement quand je repense à la situation de la veille. Il me lance, agacé :
« Tu comptes me fixer encore longtemps ou on peut enfin débuter l'entraînement ?
- Mauvaise nuit, caporal ?
- Tu as vu ta tête avant de parler ? »
Je grimace. Touchée et coulée. Il se met en garde avant que j'ai pu répliquer et je l'imite, les poings levés à hauteur de ma poitrine. Nous nous observons quelques secondes et je décide de prendre les devants et l'attaquer, mon genou partant vers son torse. Il avait anticipé le coup qu'il bloque avec sa main. Il me pousse en arrière et je me remets en garde. Il attaque à son tour, son bras vole en direction de mon épaule et je me baisse pour l'éviter, avant de me faire coucher au sol par un coup de pied. Je remarque que son souffle est plus saccadé qu'avant : la fatigue accumulée le rend moins performant, ce qui est tout à fait normal. Après quelques rudes combats où je sens mes muscles devenir de plus en plus douloureux et raides, il me lance :
VOUS LISEZ
Emily Underhill
Fanfiction« Mais si on vole pendant plusieurs centaines de kilomètres jusqu'au Sud, qu'est ce que l'on va trouver ? » Je récupère mon livre sur le rocher. En ouvrant la porte, le calme dans lequel j'étais jusqu'à présent se transforme en brouhaha. Je suis dan...