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Dans la pièce, seul mon souffle encore saccadé par le combat précédent trouble le silence. Je me tends lorsque le visage du caporal-chef me revient en tête, suivit de ceux de Jean, Hanji, Sacha, Armin et tous les autres. Je ne dois pas penser à eux. Je lève les yeux vers Kenny qui me fixe depuis plusieurs secondes, un air amusé ancré sur le visage. Il murmure :

« Donc le gamin a suivit les traces de son vieil oncle et t'as entrainé ? »

Se connaissent-ils ? Peu m'importe à présent. Je cache la dague dans ma botte. La froideur du diamant me fait légèrement frissonner. Je n'ai plus qu'à récupérer mon cheval et aller à la prison des Brigades Spéciales. Je jette un dernier coup d'œil au cadavre étendu devant moi avant de me relever et partir en direction de la porte principale. Derrière moi, Kenny m'interpelle :

« A quoi va te servir cette dague en diamant ?

- Ce ne sont pas vos affaires. »

Il éclate de rire et je l'entends s'approcher. Il se plante devant moi ce qui m'empêche d'avancer, un sourire à faire peur grandissant sur son visage :

« Tu sais l'enfant, j'ai putain de galéré à la trouver cette statue en diamant. J'estime avoir le droit de savoir qui tu vas assassiner avec. »

Je fronce les sourcils en sifflant entre mes dents :

« Qu'est ce qui vous dit que je vais assassiner quelqu'u...

- Tu me prends pour un imbécile ? Et ça va servir à quoi sinon ? A décorer ?

- Fermez là !

- Tu lui parlais comme ça à ton caporal chef ? Surveille ton langage, je ne suis pas réputé pour être tolérant. Une langue d'albinos ça doit valoir une petite somme, tu ne penses pas ?

- Je vous interdis de...

- De quoi, l'enfant ? De quoi ? Tu sais très bien qu'en deux temps trois mouvements je te fous au sol, une balle entre les deux yeux. »

Je serre les dents, il n'a pas tort. Il est beaucoup plus fort que moi. Il continue d'une voix plus calme mais tout aussi ferme :

« Quel est ton but ? »

Je soupire, plus pour calmer ma colère que pour montrer ma frustration et commence à lui expliquer, sachant pertinemment que tant qu'il n'aura pas ce qu'il veut il ne me lâchera pas :

« Le Titan Féminin qui a essayé de grimper sur le mur est l'une de mes ancienne camarades d'entrainement : Annie Leonhard. Elle a tué Marco. Elle a tué Petra. Auruo. Eld. Tous mes amis. Elle a tué mon demi-frère. Elle ne mérite pas de vivre. Elle a fait souffrir trop de personnes. »

Il m'observe un instant, les sourcils froncés. Il me demande très sérieusement :

« C'est seulement pour ça ? Tu crois que chaque personne perdant un proche réagit comme toi ? Tu crois que la vie de ton demi-frère vaut plus que celle des autres soldats ? Tu es complètement aveuglée par la vengeance, l'enfant. »

Je lui bondis dessus, folle de rage. Comment ose-t-il dire ça ? Mon poing serré vole vers son visage mais je me retrouve soudain clouée au sol, la tête face contre terre. Il me tient fermement, je sens son souffle dans mes cheveux ce qui me fait enrager encore plus. J'essaie de me débattre pendant plusieurs minutes, hurlant de rage avant qu'il ne mette sa main sur ma bouche, étouffant le son de ma voix qui est maintenant éraillée. Il crie :

« Tu veux qu'on se fasse choper par l'armée ? Imbécile ! Je vais t'aider à la tuer cette Annie, mais je ne te lâche pas dans cette prison dans ton état. »

Il lâche mon visage et me laisse me dégager. Je m'accroupis en face de lui, prête à bondir à nouveau mais il pointe son arme sur moi. Je me redresse, essuyant ma bouche, et crache par terre.

Emily UnderhillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant