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« Tu sais, tu as le droit d'avoir des émotions. Tu peux rire quand tu es heureuse et pleurer quand tu es triste. Ce n'est pas un défaut de montrer ce que l'on ressent. »

Quand je repense à ce que m'a dit Jean la dernière fois, je me rends compte que je ne lui ai jamais dit ouvertement qu'il comptait beaucoup pour moi. Je dis doucement:

« Jean, merci pour tout. »

Il tourne la tête vers moi : son expression montre son incompréhension. Je précise :

« Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. A l'entrainement tu étais le premier à me défendre. Ton aide lors des épreuves m'a permis d'avoir confiance en moi et je n'aurais jamais réussi à devenir soldat si tu n'avais pas été là. , je fais une pause, En fait, tu ne m'as jamais laissé tomber. Pour tout cela je te remercie. Merci d'être mon ami. »

Je sens mes joues s'empourprer légèrement. C'est la première fois que je fais une déclaration à cœur ouvert depuis un long moment. Au fur et à mesure que je lui parle, ses yeux s'agrandissent et ses lèvres s'étirent en un grand sourire. Il me prend pour une idiote ? Je fronce les sourcils et lui lance, plutôt froidement :

« Eh ! Tu m'écoutes ?

- Oui, oui bien sur ! C'est juste qu'en deux minutes tu as plus parlé qu'au cours des trois dernières années, laisse-moi m'y habituer ! »

Je soupire et grogne :

« N'exagère pas. J'ai fait de gros efforts pour être sociable ces derniers temps.

- Ah bon ? »

Il se met à rire bruyamment, me vexant un peu. Je me lève et pars en direction de la fenêtre en lui tournant le dos : le soleil se lève doucement, il éclaire les toits d'une lueur orangée qui m'éblouit un peu. C'est magnifique. Je me raidis d'un coup. Je ne suis pas irréaliste : c'est peut-être le dernier lever de soleil que je vois, peut-être la dernière fois que je sens la chaleur de ses rayons sur ma peau, peut-être la dernière fois que...

« Tu ne vas pas mourir aujourd'hui, tu me l'as promis. »

Je sursaute : Jean est juste derrière moi et me regarde fixement. Je m'assois sur le rebord de la fenêtre et m'apprête à répliquer mais il continue :

« Quand tu penses à des choses déprimantes, tu as un rictus sur les lèvres et tes yeux s'assombrissent. »

Je tourne la tête vers mon bureau :

« Je ne pense pas à des choses déprimantes.

- Emily...pas de ça avec moi. »

Il avait dit ça d'une voie lasse. Je lève les yeux vers lui :

« Je ne peux plus rien te cacher n'est ce pas ? »

Il hoche la tête positivement et s'installe à côté de moi sur le rebord de la fenêtre en disant doucement :

« Tu l'as toi-même dis, je suis ton ami. Et un ami, c'est aussi fait pour parler de ce qu'il ne va pas. Je peux comprendre que tu as vécu des choses très dures et que tu te protèges en gardant tout pour toi, mais on se connait depuis quelques années maintenant, tu peux me faire confiance. Je ne vais pas retourner ma veste à partir du moment où tu vas ouvrir ton cœur.

- Je te fais confiance Jean. C'est juste que c'est encore très...compliqué pour moi de comprendre mes émotions, et encore plus d'en faire part à quelqu'un d'autre. »

Il soupire et se lève, se plantant devant moi ce qui m'oblige à lever les yeux. Il ne me croit pas, je le vois à son regard. Il me lance, croisant les bras sur son torse :

Emily UnderhillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant