CHAPITRE 7

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{ Bonne lecture ! }

- Bon. Les filles, maintenant qu'on est à la maison, vous avez le droit à la leçon de morale. Bah ouais, devant le principal je vous ai felicité mais ça veut pas dire que je suis fier de ce que vous avez fait.

Elles soupirent toutes les deux, puis Assa fait signe à Mariam de commencer.

- On avait une bonne raison cette fois-ci, le frère. Ils ont insulté nos morts ! Toi-même tu sais que j'ai pas pour habitude de me battre, toi-même tu sais que je suis discrète de nature, qu'on entend rien sur moi. D'un côté, j'ai pas vraiment le choix parce qu'avec un grand frère comme toi, qui ose m'approcher ? Même les mouches me fuient.

- Ne mélange pas tout, Mariam. Ton frère est seulement là pour nous faire la morale, il a pas dit qu'on doit régler nos comptes. Puis ce que tu dis c'est faux puisque moi, je connais la reput' de ton frère et pourtant je suis quand même venue te voir nan ? Puis si même les mouches te fuient, tu penses pas que c'est parce que tu pues pas ?

- Peut-être bien que tu étais là aujourd'hui mais toutes ces années où je me faisais insulter, où je me faisais rejeter, où j'étais considérer comme celle qui ne fallait surtout pas approcher comme si le simple fait de me parler et même me regarder pouvait les réduire en poussières sous mes yeux ou encore leur donner une de ces maladies incurables, tu vois le SIDA ou autre ? Bah voilà, ce genre de maladies, tu étais où ? Et toi, mon frère, où étais-tu ?

Je la regarde, puis baisse la tête. Ouais, moi qui baisse la tête devant personne à part ma mère, je baisse la tête devant ma soeur, je capitule devant elle. Pourquoi ? Simple, j'ai honte. Ouais, à ce moment-là, la honte me ronge, elle me ronge au point de me faire baisser la tête devant ma petite soeur, ma petite Mariam agée de quinze ans seulement alors que j'en ai vingt.

- Ah là vous parlez plus, hein ? Vous savez pas quoi dire puisque vous savez que j'ai raison, que tout ce que je dis n'est que la vérité, que si on compte pas aujourd'hui, vous avez jamais vraiment été là pour moi quand j'allais pas bien. Et là, vous allez pas pouvoir me répondre parceque vous savez que vous êtes en tort. Grand frère baisse la tête ? Tu admets tes torts, mon frère ? C'est bien ce que je me disais, jamais personne ne voit quand la petite Mariam va mal parce qu'après tout, Mariam est une grande fille, elle peut gérer ses problèmes seule pour ne pas être un fardeau pour son grand frère, ouais voilà, Mariam est juste un fardeau de plus jeté aux oubliettes.

Un silence s'installe avant que ce bruit sourd l'interrompt. Je relève la tête d'un coup. Mes sourcils se froncent instantanément en voyant la scène : la tête de ma soeur légèrement inclinée sur la droite et la main droite de la gamine suspendue dans les airs. Avant que je réagisse, la petite enchaine.

- T'es une égoïste Mariam, t'es qu'une putain d'égoïste, je te le jure ! Sur ce point là, t'es une égoïste et capricieuse en plus. Tu crois que t'es la seule à avoir des problèmes ? Tu crois que pour nous la vie est toute belle, toute rose ? Chaque personne présente ici a ses propres problèmes personnels et ce n'est pas pour ca qu'on va les étendre devant le peuple et s'en plaindre constamment. Le monde ne tourne pas autour de ta grosse tête, Mariam, on a tous des soucis de côté qu'on doit régler dans les plus brefs délais. Tu veux que je te dise où j'étais pendant que tu te faisais insulter et rejeter voire semi-persécuter par les gens du collège ? Tu veux le savoir, hein ? Bah j'étais sûrement en train de me battre pour que mes parents puissent récuperer la garde de mes frères et soeurs ou peut-être encore au parloir pour donner des nouvelles de la famille à mon frère si on peut appeler ça une famille puisqu'elle est tellement déchirée, tellement dispersée que je suis le seul enfant qu'il reste à mes parents. Peut-être encore que j'étais juste de l'autre côté de la cours de récré' en train de me battre comme une sauvage une énième fois contre ces connards qui insultent ma famille. Bah oui Mariam, tout le monde a des problemes mais personne n'en parle, on se cache tous derrière un semblant de sourire qu'il soit radieux ou triste. Ouais parce qu'on a tous grandi avec cette loi, cette règle de ne jamais montrer nos faiblesses, tu vois ? Alors arrêtes de te lamenter parce que pour certains, la vie c'est pas un mikado, nan, elle reste pas légère. La vie c'est un fardeau comme tu dis, un poids sur nos épaules qui empêche certains d'avancer, ouais, elle nous stoppe en plein chemin, bloque nos roues pour nous empêcher de progresser. Alors on rame, on rame parce que c'est tout ce qui reste à faire. Certes on perd des compagnons et même de la famille, mais qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? La vie est une épreuve qu'il faut savoir surmonter.

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