CHAPITRE 2

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Douze mai 20**, cette putain de date, cette date maudite, cette date qu'on doit rayer de tous les calendriers du monde. Une date à oublier, à effacer, une date qui n'a jamais existé. Une date à noircir, une date à gommer, une date à faire disparaître de toute l'histoire de l'humanité. Cette putain de date où tant de malheurs se sont abattus sur moi, cette putain de date qui a mis fin à mon bonheur, à mon idéal de vie. Cette date qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui,  un petit thug au coeur sombre. 

Encore une fois, je me réveille sur ce matelas posé à même le sol, des sueurs froides sur le front. Encore une fois, je me réveille sur ce matelas après avoir revécu la même journée. Encore une fois, je me réveille en ayant vu le malheur s'acharner sur moi en l'espace d'une putain de journée.  Ce cauchemar répétitif que je fais chaque nuit, cette chose qui me retient de dormir le soir pour ne pas avoir à revivre ce que j'ai vécu,  ce truc qui me provoque des insomnies, ce putain de mauvais rêve qui m'a fait hurlé à l'ancienne, cette putain de journée qui défile et redéfile dans ma tête me pourrit le crâne depuis deux ans maintenant. Deux ans que je vis avec ce fardeau, cette haine contre le monde, cette colère qui ne demande qu'à sortir, cette tristesse qui ne demande qu'à être comprise et encore cette haine, cette rage qui fait de moi ce que je suis. A force , je ne crie plus la nuit, c'est pas ça qui va faire fuir les mauvais rêves. Je me contente de me réveiller en sursaut, souffler un bon coup, boire un petit verre d'eau pour me reprendre en main, rejoindre mon matelas et tenter de retrouver le sommeil. Mission impossible. 

Qui a dit qu'un thug n'a pas de peur ? Qui a dit qu'un thug est invincible ? Qui a dit qu'un thug est inhumain  ? Un thug est un homme comme tous les autres, avec des frayeurs et des faiblesses, un coeur fragile mais solidifié par une cage. Un thug n'est rien d'autre qu'un homme mystérieux avec un vécu, un passé qui l'a rendu haineux, rancunier envers le monde et constamment sur la défensive. Exactement le genre de personne que je suis. 

Hyper nocif pour les proches, un mystère à résoudre pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis ce genre de virus qui te fait attraper la crève si tu t'en approches trop, celui qui te fait voir la mort d'un peu trop près, celui qui t'en fais voir de toutes les couleurs. Un parasite, un microbe, une bactérie, tout ce qu'il y a de discret qui nuit à la santé des gens, qui les fait souffrir, ressentir une douleur physique comme morale, qui les fait regretter de s'être frotter à son existence. Je suis ce genre de personne qui te rend fou, qui fait charbonner ton cerveau, le roi des rumeurs infondées, le roi des petits bruits erronés. Et le pire c'est que j'en suis conscient, j'en suis conscient alors je m'enferme. J'essaie d'éloigner de moi chaque être de cette terre. Si je pouvais fuir la famille, je l'aurais fait. Mais je peux pas, je peux pas. Ils ont besoin de moi, après toutes ces épreuves vécues, ils ont besoin de moi encore plus que jamais. Et même, je suis pas un traître, un batard, un lâche ni quoique ce soit d'autre, je fuis pas mes responsabilités . Je suis un débrouillard, je me démerde avec ce que je sais, ce que j'ai appris et ce que j'ai. Ouais moi je suis pas un gangster juste un débrouillard, ouais c'est ça, je suis juste un banlieusard débrouillard au passé sombre et au futur inconnu qui sera peut-être joyeux qui sait ?

Ce que j'ai vu par le passé a changé ma façon de voir les choses. Cette date, j'aimerais ne jamais l'avoir rencontrée, ne jamais avoir joué avec elle, ne jamais avoir flirté avec elle parce qu'à trop vouloir la séduire, comme je l'ai fait avec toutes les autres journées avant elle pour qu'elles me laissent encore quelques minutes de répit avant que la mort atteigne un membre de ma famille, je me suis laissé tomber dans ses bras, bercé par les flots de ses mensonges, par la douce mélodie de ses paroles pour qu'au final, elle me trahit plus facilement. Je me suis laissé aveugler par la beauté de cette journée, un beau soleil qui brillait à l'horizon. Elle me chantait de belles mélodies, paroles du printemps, me berçait de belles illusions pour au final tout me prendre en l'espace de quelques heures. 

Traîtresse. 

La vie est une chienne ? Non, la vie n'est pas une chienne, c'est la journée qui a niqué ta vie la chienne dans l'histoire. En tout cas, ma chienne à moi, c'est cette date de malheur, douze mai 20**, date qui m'a retiré un bout d'humanité, qui a assombri mon coeur et qui m'empêche de dormir. Bah oui, repasser la pire journée de ta vie dans tes rêves, c'est pas rien, c'est comme croquer dans une pomme que l'on sait périmée, ça rend malade et c'est suicidaire. C'est se jeter dans la gueule du loup, donner l'arme à l'ennemi ou tout ce que vous voulez mais ça va pas faire du bien du tout. 

Six heures cinquante-deux, mon cerveau cogite toujours. J'ai l'impression que le temps ne veut pas passer, que le jour ne veut pas se lever, que le Soleil esquive ma chambre et qu'il ne veut pas l'éclairer. Les minutes coulent lentement, me laissant me rappeler de chaque événement de cette maudite journée, chaque détail sans en oublier aucun. Toutes ces choses qui me polluent le cerveau ne font qu'attiser ma haine et assombrir mon coeur. Mais quel coeur ? J'en ai plus, j'en ai plus depuis ce jour. La vie ne m'a pas épargné sur le coup, et je jure que plus jamais je ne laisserai quelque chose m'atteindre, c'est pour ça que je ne m'attache plus aux gens. La haine que tu transmets hein ? Bah la mienne, je vais vous la transmettre, noircir vos coeurs et bousiller vos cerveaux. Ma haine, ma putain de haine, je vais vous la transmettre, et pas qu'un peu. 

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Comme promis, en vue de l'atteinte des 100 vues, nous vous avons posté un chapitre en bonus ! N'oubliez pas de voter et commenter ! Bonne lecture! 









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