CHAPITRE 4

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{Le multimédia devait être une chanson de Nessbeal - Roi sans couronne qui va avec la partie. Mais étant donné que Wattpad fait des caprices, nous n'avons pas pu la mettre. Libre à vous de l'écouter en lisant. Bonne lecture !}

J'ai fini mon sport. Je prends le chemin du retour, rejoins mon bâtiment et prends les escaliers pour me rendre en haut de la tour. J'arrive sur le toit, là où je laisse toutes mes pensées s'évader, mes émotions prendre le dessus, là où je transmets ma haine beaucoup plus librement.

Je balaie le sol du regard à la recherche de mes outils de transmission, bah ouais parce que tout haineux qui se respecte, tout thug qui se respecte, transmet sa haine avec un outil qui lui correspond bien.

Cet outil le rend heureux le temps d'un instant, le temps d'exhiber son oeuvre aux yeux de tous. Cet outil, il le manie à la presque perfection parce que bien sûr, rien est parfait. Cet outil, c'est un outil spécial qui fait de lui quelqu'un d'à part : la musique pour certains, la danse pour d'autres, ou encore la boxe, la mode et plein d'autres choses encore.

Pour moi, c'est simple, mes outils c'est mes bombes. Pas n'importe quelles bombes, je parle pas des bombes explosives qui tuent des centaines de personnes ou je sais pas quoi, je suis pas terroriste. Je parle juste des bombes peinture, mes bombes pour faire mes tags. Ouais, moi, ma façon de m'évader, de ne plus penser à toutes ces choses qui me rendent fou, c'est le tag. Un pur moment de bonheur pour moi, l'une des seules choses qui me poussent à garder la tête sur les épaules, à tenir le cap. Sans mes bombes, je suis comme un taureau sans cornes, un cow-boy sans armes, je suis désarmé.

Mes bombes, c'est juste ce qui me permet de garder les pieds sur terre, de ne pas chercher le véritable assassin des chefs de familles qu'étaient mon père et mon pote pour pouvoir l'étriper, lui faire sentir toute la douleur, toute la souffrance, toute la haine qu'il nous a fait ressentir. C'est juste un moyen de ne pas déconner, de ne pas tomber dans les vices de la rue pour pouvoir retrouver le fils de pute qui les a tués et de l'étriper, lui faire sentir toute la douleur, toute la souffrance, toute la haine qu'il nous a fait ressentir. C'est juste un moyen de m'évader, de ne pas penser à ce chien qui les a assassinés et de ne pas l'étriper, lui faire sentir toute la douleur, toute la souffrance, toute la haine qu'il nous a fait ressentir. Mes tags, c'est une partie de moi, un bout de ma chair que j'accroche sur les murs, un poids que je retire de mon fardeau le temps qu'un autre vienne prendre sa place. Mon tag, c'est mon moyen d'expression, et je laisse mes mains me guider sur un joli son de Nessbeal.

Je me rappelle l'époque où je tagais avec mon acolyte, et ouais, Abd'Allah. On tagait là où on trouvait de la place : sur les murs, les poubelles ou encore les bus, sur le trains, les voitures ou encore dans les gares. On passait notre vie à taguer après les cours un peu partout dans cette cité, lui redonner des couleurs, l'embellir, la rendre plus jolie. Petits délinquants innocents, adolescents qui s'expriment par leur art, on avait cette façon a nous de peindre nos sentiments. On faisait des dégradés de couleurs, des mélanges et des fois, on utilisait une seule couleur pour une oeuvre entière. On avait cette façon à nous de rendre mystérieuses nos productions, de leur donner une signification qu'on était les seuls à comprendre, une signification sans leur en donner. On avait cette habitude de taguer un mot qui était banal pour les autres mais qui était l'un des plus important pour nous. On avait nos habitudes, petites habitudes à deux, et ouais à deux... Sauf que maintenant je suis solo.

Il y a plus deux artistes dans cette cité, c'est plus "Les Jums" ou encore "Les Siamois" nan, maintenant c'est "Le fou", "Le schizo", "Le socio", "Le thug" ou encore plien d'autres surnoms comme ça. Maintenant, j'ai pour seule compagnie mes trois bombes : noire, grise et rouge, les seules avec lesquelles je tague. Pourquoi ? Simple. Le noir : couleur qui symbolise la mort, le malheur, couleur de mon bout de chair sombre comme ma haine. Le gris : couleur qui symbolise la tristesse, la douleur, la souffrance et tous les autres sentiments ténébreux. Le rouge, couleur qui symbolise le sang, tout le sang qui a coulé par ma faute. Voilà.

Real Thug LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant