1770 | France, Versailles, pavillon des mousquetaires
Dans l'ombre des soupirs, derrière la caresse d'une étoffe, Apolline se blottissait contre le corps brûlant de son mousquetaire, sentant ses mains se perdre dans sa longue chevelure. Il dessinait leurs boucles avec de venir caresser son derme de ses doigts puis d'embrasser sa peau blanche. La jeune femme frissonna contre le corps si chaud, si différent de celui de Jean-François. Entourant sa poitrine de ses bras, elle se releva, s'approcha de la fenêtre et du soleil qui illuminait les jardins du roi. Elle n'était que rarement venue jusqu'à la cour et elle ne s'y plaisait pas. Seule la présence rassurante de Simon la faisait venir dans le panier des plus dangereuses vipères.
Totalement nue, Apolline sentit le mousquetaire se lever pour venir la prendre dans ses bras. Trouvant ses lèvres en levant la tête, la brune se laissa aller aux baisers de l'épéiste alors qu'il évitait la morsure qui décorait sa gorge. Jean-François ne prenait plus la peine de masquer ses attaques sur celle qui le sentait devenir de plus en plus impatient. Il attendait quelque chose qu'elle ne comprenait et chaque jour elle avait un peu plus peur qu'il découvre la vérité. Qu'il découvre ce qu'elle faisait lorsqu'il dormait, lorsqu'il s'enfermait dans les secrets de son immortalité.
« Emmène-moi avec toi Simon. Laisse-moi partir. Fuir. Il est terrible. Il me fait peur. Il te tuera s'il apprend pour nous. Emmène-moi avec toi jusqu'à ce nouveau monde où il ne me retrouvera jamais. »
Elle avait plongé son regard dans celui du mousquetaire et les yeux de ce dernier s'écarquillèrent alors que les caresses de ses doigts s'arrêtèrent. Il la fit reculer de quelques centimètres, jusqu'à croiser ses iris emplies de peur. Apolline mentait aujourd'hui lorsque Jean-François la faisait jouir. Elle tronquait son dégout pour des gémissements. Il ne parvenait plus à la faire toucher ce paradis duquel il était tombé lorsqu'il était devenu immortel. Elle trompait un vampire mais n'en éprouvait aucune fierté. Car viendrait un jour où Jean-François apprendrait la vérité et où elle serait la première victime de sa rage.
« Je ne peux pas mon amour. Je dois beaucoup trop au roi, je dois beaucoup trop à la France. Si je fuyais maintenant... » Murmura-t-il, baissant les yeux, arrêtant ses paroles sur tout ce qu'elles signifiaient. « Bientôt Apolline. Je te jure sur notre créateur que dans moins d'un an nous embarquerons sur un bâtiment de la marine et que nous voguerons jusqu'au Nouveau Monde. »
Un sourie étira les lèvres de la jeune femme alors qu'elle se blottissait un peu plus contre le corps de son amant, cherchant à lire la vérité dans son regard. Il ne pouvait lui mentir. Simon n'était pas Jean-François. Simon l'aimait et elle en était certaine. Il lui glissait chaque instant à son oreille, il lui murmurait lorsque le sommeil venait la chercher. Il lui hurlait de son regard alors qu'elle devait partir retrouver son dangereux maitre.
« C'est une promesse ? » demanda-t-elle, son regard s'illuminant de l'espoir qu'elle ne pouvait empêcher de grandir dans son cœur.
Le mousquetaire sourit alors qu'il l'embrassait une nouvelle fois, si chastement alors que son corps nu se pressait contre le sien. Leur peau s'accordait et la poitrine d'Apolline contre le torse du brun durcissait déjà. Elle l'aimait. Et pire encore, elle le désirait. Il la faisait sombrer dans l'adultère et pourtant, elle ne se signait en repensant à ce péché. Elle était heureuse lorsqu'elle était à ses côtés. Heureuse comme jamais elle n'avait pu l'être lorsqu'elle chassait pour Jean-François.
« Je te le jure. Là-bas, il ne te trouvera pas. Je te protégerai de ce démon. Je te protégerai de l'enfer. Nous pourrons vivre ensemble. Nous pourrons fonder une famille. J'écrirais à ton frère pour qu'il nous rejoigne. Pour qu'il te protège à son tour. »
Le cœur de la jeune femme se sera alors qu'il lui parlait de l'avenir. Elle n'en avait aucun avec Jean-François. Comment un cadavre aura pu la combler d'un enfant ? Comment un cadavre aurait pu éprouver des sentiments ? Il était mort et sous sa poitrine son cœur ne l'était que plus. Simon était si différent. Simon était si humain. Elle l'aimait. Douloureusement.
« Je te le jure Apolline. Tu porteras mon nom et nous pourrons vivre ailleurs que dans le secret. Je veux que tu brilles à mon bras ma douce. Je refuse de me cacher comme nous le faisons ici. Je veux pouvoir t'offrir toutes les beautés de ce monde. Je veux te prouver qu'elles ne sont rien face aux étoiles qui brillent dans tes yeux. Je veux que tu portes mes enfants. » Sa main se glissa contre la joue de la marquise alors qu'il embrassait son front et lui murmurait : « Je vous aime Apolline Marie-Jeanne d'Apcher. Je vous aime depuis l'instant où j'ai croisé votre regard. Je ferais pour vous plus de chemin qu'Orphée. »
Le vouvoiement fit naitre sur les lèvres de la marquise un sourire alors que le rouge colorait doucement ses joues. Pour toujours. Et à jamais. Comme dans la plus terrible des cérémonies.
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Je suis gentille aujourd'hui, je vous offre deux chapitres pour me faire pardonner de mon retard. Le prochain chapitre sera posté dimanche, il est déjà écrit. N'hésitez pas à me laisser un commentaire et/ou un avis
Je vous aime, bientôt 800 vues, je n'aurais jamais cru en arriver là et c'est grâce à vous ♥
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Evangeline [Terminé]
ParanormalGevaudan, 1764. Alors que la Bête fait des ravages dans le Gevaudan, Apolline d'Apcher est mariée contre son grès à Jean François de Morangiès, puissant marquis de France, soutenu par l'Eglise et le peuple. Elle n'imagine pas qu'elle a été offerte...