II : Macabre Découverte

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Adria se remit à courir, elle adorait sentir cette sensation de liberté, le vent dans ses cheveux, son sac frappant sa cuisse régulièrement et l'absence de loi au-dessus d'elle. C'était une liberté saisissante et bienfaisante.

Ses pas mesurés frôlaient les pavés des rues avec une légèreté déconcertante. Elle rasait les murs, profitant de leur ombre pour passer inaperçue. Les hautes bâtisses en brique de Florence semblaient étendre leur noirceur protectrice sur la jeune fille, la protégeant des dangers.

Soudain, au détour d'une rue, elle entendit un brouhaha au loin. Elle s'arrêta et tendit l'oreille. C'était des bruits de combat, dans le lointain, le fer contre fer, et les cris de gardes qui donnaient des ordres, ou peut-être même des cris de douleur. Elle estimait que le lieu de combat devait se situer assez près, sûrement à moins de trois cents mètres de là, droit devant elle.

Le vent portait dans son sens, elle entendait donc assez distinctement les ordres des soldats. Au son de leurs voix, Adria détermina qu'ils devaient être une dizaine au moins, voire nettement plus. Et ils parlaient tous d'un "Il", d'une voix pressée et paniquée, sûrement leur adversaire ou leurs adversaires.

La jeune fille était rongée par l'envie d'en savoir plus, elle devait en savoir plus, sa curiosité la poussant à aller vérifier. Tout ce qui se passait sur son terrain de jeu, ou plutôt de chasse, l'importait, surtout si c'était un combat. Elle s'élança donc en courant vers le lieu de l'affrontement.

Au bout de quelques secondes, les bruits cessèrent subitement, Adria redoubla de vitesse, craignant de ne trouver que des cadavres sur les lieux.

Arrivée non loin de la zone, elle vit un cheval harnaché qui tournait en rond dans la rue, visiblement énervé et stressé. De nervosité, il frappait les pavés de ses sabots, le bruit sourd résonnait bizarrement dans la rue étroite et déserte. Elle l'approcha doucement et saisit ses rênes qu'elle attacha à un anneau solidement campé dans le mur d'une maison. Elle reviendrait le chercher quand elle aurait découvert ce qui se tramait à quelques dizaines de mètres de là.

Elle déposa aussi son sac de cuir, pour éviter d'être gênée dans ses mouvements en cas de combat rapproché - ce qu'elle redoutait fortement - l'accrochant à la vas vite à la selle.

La rue qu'elle arpentait débouchait sur une place ronde, d'où partaient trois autres ruelles sinueuses, si on ne comptait pas celle dans laquelle elle se déplaçait. Elle le savait, elle connaissait par coeur les rues de Florence, c'était devenu ses rues, son terrain de jeu, dont elle arpentait les recoins toutes les nuits. Elle se remit donc à courir vers la place, redoutant ce qu'elle allait trouver là-bas.

À quelques mètres du tournant menant à la plazza, l'odeur du sang, âcre et métallique, envahit violemment ses narines. Elle prenait tellement à la gorge que la jeune fille dû se plier en deux en toussant pour éviter de vomir le peu qu'elle avait mangé plus tôt dans la journée.

Puis, se reprenant, elle se redressa et courut le long du mur pour arriver le plus vite possible sur place, minimisant le bruit de ses pas et de sa respiration pendant sa course. Quelques secondes plus tard, elle aperçut entièrement le lieu des combats.

Ou plutôt, le lieu du carnage. En effet des dizaines de cadavres de gardes jonchaient le sol, certains gémissaient encore mais la plupart étaient inanimés. Ils portaient tous l'uniforme ensanglanté des Borgia.

Les Borgia étaient les ennemis du peuple florentin, ils le méprisaient et réduisaient les habitants à l'état d'objet. Ils prenaient tous les droits, de vie ou de mort, et se permettaient de commettre des crimes horribles,en toute impunité, dans la cité.

Le sol était taché de sang frais, les pavés ruisselaient et luisaient d'un éclat malsain sous la lune. Sur sa gauche, Adria discerna alors un attroupement. Il y avait en tout six soldats. Au centre, un septième homme était à terre, soutenu, ou plutôt retenu par deux des gardes.

Il était visiblement mal en point, du sang tâchait sa tunique blanche au niveau de son ventre. Sa tête, dénudée, était baissée. Il semblait au bord de l'évanouissement, mais il n'appartenait visiblement pas aux Borgia, au vu de sa tenue. Devant lui, celui qu'Adria devinait être le chef de la patrouille, le menaçait avec une épée maculée de sang, pointée sur son cou.

Un sentiment d'injustice s'empara de la jeune fille. Peu importe le crime qu'avait commis, ou non, cet homme, c'était de son devoir de l'aider à se soustraire aux Borgia, car ils étaient sûrement les personnes qu'elle haïssait le plus au monde.

À ce moment précis, le chef tourna la tête vers la jeune fille, scrutant la pénombre. Celle-ci se recula vivement, profitant de l'ombre des bâtiments pour se fondre dans le décor. Le gradé ordonna alors, d'un mouvement de tête, à un de ses hommes d'aller inspecter les alentours de la place.

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant