XXXVIII : Exécution

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Lorsqu'Adria revint à elle, la douleur intense la rattrapa à nouveau. Tout son corps l'élançait atrocement, mais le pire était son visage. Elle essaya d'ouvrir ses yeux, mais seul son oeil droit lui répondit, l'autre restant résolument fermé, sûrement définitivement.

La jeune femme était allongée sur le sol froid qui pénétrait son frêle corps, sa joue droite baignant dans une minuscule flaque d'eau.

La respiration courte, elle tenta de bouger ses jambes et constata avec étonnement qu'elles n'étaient pas entravées, tout comme ses poignets. D'un geste fébrile, elle amena sa main à sa joue gauche. Sa peau était recouverte de sang séché, de sa gorge à son oeil.

Adria n'avait plus aucun espoir de récupérer son oeil. Elle pesta alors contre Naldo. Son visage fou dansait dans son crâne, la narguant amèrement. Elle réitéra alors sa promesse à voix basse :

"Je te retrouverai Naldo, et je te tuerai !"

Sa voix se brisa sur ces derniers mots, sous le coup de l'émotion ou de la douleur, elle ne savait trancher. Par des gestes lents, elle se releva en position assise et vint s'adosser au mur suintant de sa cellule. On l'avait sûrement reconduite ici après qu'elle ait tourné de l'oeil pendant l'interrogatoire.

La jeune femme pensa alors à son frère et pria intérieurement pour qu'il n'ait pas eu la douleur de la voir dans cet état là. Ainsi appuyée contre le mur, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. L'Assassine allait devoir réapprendre la vie avec un seul oeil valide, enfin, si elle sortait vivante de cette prison ...

Elle resta ainsi pendant plusieurs heures, son esprit embrumé délirant seul au milieu de sa geôle. Aucun bruit, aucun mouvement ne vint rompre le silence oppressant qui menaçait de la faire sombrer dans la folie d'une seconde à l'autre.

La douleur dans son corps ne faiblissait pas et revenait par élancements vigoureux qui secouaient son corps en de spasmes violents. Ses forces ne revenaient pas non plus, et la soif et la faim se faisaient durement ressentir.

Soudain, après des heures d'attente, des bruits de pas pressés se firent entendre dans le couloir, puis des voix, joyeuses et enjouées. Adria releva la tête et fixa les barreaux de sa cellule, se préparant au pire. Un groupe de soldats Borgia, aux uniformes rouges sang tirés aux quatre coins, fit son apparition, mené par un visage qu'elle avait appris à haïr. Naldo.

"Alors Adria, ricana-t-il. Est-ce que ta cellule te plaît ? De toute façon, tu ne la reverras pas. Aujourd'hui sera ton instant de gloire !"

L'Assassine ne put répondre, une quinte de toux féroce s'emparant de son corps au moment où elle ouvrit la bouche pour s'exprimer. Elle cracha du sang au sol, et se plia en deux sous les coups de la douleur. Les gardes en profitèrent pour pénétrer dans sa cellule et rapidement la maîtriser au sol.

Adria tenta de se débattre mais un coup de pied bien placé dans ses côtes la fit se recroqueviller sur elle-même et elle ne put réprimer un gémissement de douleur. Les gardes attachèrent ses mains dans son dos à l'aide d'une corde rêche et la poussèrent sans ménagement en-dehors de sa cellule.

Le trajet dura plusieurs dizaines de minutes, pendant lesquelles l'Assassine fut transportée sous bonne escorte dans une charette tirée par deux chevaux. Au moins vingt soldats l'entouraient, l'arme dégainée pour repousser les passants un peu trop curieux. Elle était traînée comme une bête de foire, sous les huées répétées de la foule qui l'accompagnait jusqu'à son exécution.

Adria scrutait les toits, à la recherche désespérée du soutien d'un Assassin. À son plus grand dam, personne ne vint. L'après-midi était déjà bien avancée et le soleil dardait Florence de ses rayons froids. La jeune femme grelottait. Ses fins vêtements encore mouillés ne la protégeaient guère du froid mordant de l'hiver, son nez gouttait d'un mélange de sang et d'eau.

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