L'ascenseur émotionnel fut violent.
Passer d'une attitude joyeuse et sereine à un état de stress extrême n'était pas aisé, surtout quand des vies innocentes étaient en jeu.
Le coeur d'Adria battait à tout rompre, en désordre, dans sa poitrine, comme si il avait décidé de sortir d'entre ses côtes. À chaque pas, elle martelait le sol, l'onde de choc de ses bottes sur les pavés remontait dans tout son corps et sa colonne.
Un mauvais pressentiment commençait à l'envahir et lui rongeait le ventre. Cet attroupement devant la maison Naldo ne lui inspirait rien de bon, et ce cri ... ce cri qu'elle avait entendu, elle pouvait le jurer, c'était un cri de souffrance inhumaine, et d'agonie. Elle connaissait malheureusement que trop bien ce son.
Elle pressa le pas encore plus, et réussit à rattraper le jeune homme, visiblement peu habitué à piquer un sprint tous les jours.
L'attroupement de badauds se rapprochait de plus en plus, et plusieurs personnes se retournèrent vers eux. Visiblement, ils avaient reconnu le jeune homme.
Arrivé à hauteur de la foule, ils furent stoppés par quelques mains qui les agrippèrent solidement. Adria s'apprêta à se secouer durement pour les faire lâcher mais un homme se posta en face d'eux et attrapa le visage de Naldo entre ses mains, il le tenait tellement fort qu'elle pouvait voir ses veines saillir sur le dos de ses mains.
"Naldo, je suis désolé. Je me devais de protéger ta famille mais j'ai failli. Les Borgia ont débarqué à l'improviste, ça fait plus d'une demi-heure qu'ils sont là dedans. Il vaut mieux que tu te prépare à envisager le pire. Pour l'instant, nous ne pouvons pas intervenir, c'est trop dangereux, ils sont en surnombre et mieux équipés par rapport à nous. Ce serait du suicide."
La jeune fille vit du coin de l'œil des larmes perler dans les yeux de celui qu'elle aimait. C'était dur pour elle mais encore plus pour lui d'apprendre indirectement que ses parents avaient été assassinés. Elle lui effleura la main du bout des doigts, bien déterminée à tenter le tout pour le tout.
Quelques hommes, ayant remarqué leur présence, vinrent les entourer. C'était tous des résistants au régime des Borgia mais ils se comptaient en ce moment-même sur les doigts de la main, alors que les soldats ennemis étaient largement plus nombreux, d'après ce que l'homme avait dit.
C'était de sa faute si la famille de Naldo avait des problèmes en ce moment. Si ils ne l'avaient pas recueillie, ils ne seraient pas ... Elle était vraiment un aimant à problèmes.
Tout ce qu'elle réussissait à apporter aux gens qu'elle croisait était la mort et la destruction. Elle avait encore du mal à réaliser à quel point elle avait changé en quelques mois, c'était saisissant.
Là, au milieu d'une foule qui semblait vouloir la protéger d'un danger imminent, elle ne se sentait pas à sa place. Sa place aurait été aux côtés des parents de Naldo au moment où ils avaient le plus besoin d'elle.
Mais non, elle avait été égoïste et avait préféré passer du bon temps avec le jeune homme. Elle pesta.
Pourquoi n'avait-elle pas penser prendre son arc et ses flèches, quoique rudimentaires ?
L'ancienne Adria ne serait jamais sortie sans au moins une arme pour se défendre. Mais là, rien. Même pas un petit coutelas ridicule. Seulement sa force et sa détermination.
Depuis quelques dizaines minutes, les nuages noirs qui soulignaient auparavant l'horizon s'était rapprochés. Un premier grondement de tonnerre retentit.
Le jeune homme trembla légèrement mais se ressaisit aussitôt, lorsqu'elle tourna la tête vers lui. Ce premier coup de tonnerre annonçait la fin, prélude ou apothéose d'un crime sanglant.

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Arcanes | Assassin's Creed
FanfictionItalie. XVe siècle Un arc, deux poignards et une agilité hors-norme. Voilà le minimum pour survivre dans une Florence soumise aux Borgia. C'est ainsi que vit Adria, une jeune fille orpheline. Un soir cependant, elle va se retrouver mêlée volontairem...