VI : Mort, passes ton Chemin, tu n'auras Personne aujourd'hui

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Cela faisait maintenant plus d'un quart d'heure que les combats avaient commencé, et si Adria avait entendu les bruits d'aussi loin, alors d'autres avaient tout aussi bien pu les entendre. Et si d'autres soldats venaient à arriver pour voir ce qu'il se passait, Adria ne serait pas en état de repousser leur attaque.

Sa main gauche l'élançait douloureusement et l'homme, à la limite du conscient, était difficile à maintenir en place sur la selle. Heureusement, l'endroit où elle comptait l'envoyer n'était plus très loin, quelques minutes de cheval à peine.

Déjà, elle entendait des soldats courir dans les rues en criant des ordres, ils avaient sûrement dû découvrir les lieux du massacre et la multitude de cadavres, et devaient déjà chercher le (ou les) responsable(s).

Cinq minutes plus tard, elle arrêta sa course folle devant la façade d'une bâtisse, perdue parmi les autres dans la ville. Sur le trajet, l'homme avait perdu connaissance, s'affalant contre la cou de l'animal, en équilibre précaire.

Adria sauta à terre, l'impact au sol se répercutant douloureusement dans son bras et son crâne meurtri. Elle prit les rênes du cheval de la main droite et tambourina à la porte à l'aide de son coude.

La première fois, personne ne répondit. Elle réitéra ses coups, priant pour qu'il soit là. Enfin, elle entendit quelqu'un descendre les escaliers, puis entrouvrir la porte et demander :

"Qui va là ? Le cabinet est fermé à cette heure-ci."

La jeune fille poussa la porte du coude pour l'ouvrir en plus grand tout en répondant :

"Loris, c'est moi. J'ai besoin de ton aide, s'il te plait. Il en va de la vie d'un homme."

Le médecin écarquilla les yeux lorsqu'il la vit, visiblement surpris de sa visite quelque peu tardive.

"Adria, cela fait tellement longtemps !"

Il voulut la prendre dans ses bras, pour la serrer amicalement mais la jeune fille esquiva habilement.

"Je t'expliquerai tout ça plus tard, mais il faut aider cet homme."

Elle désigna l'homme blessé, toujours inconscient, de sa main bandée. Loris la regarda de travers, l'air de dire : tu as intérêt à m'expliquer tout ça après, mais il ne dit rien.

Malgré tout, il sortit, et l'aida à descendre l'homme inconscient du cheval, et le traina à l'aide de la jeune fille à l'intérieur, dans une pièce dont le centre était occupé par une table de bois. Ils posèrent l'homme dessus.

La jeune fille entreprit de découper les vêtements du blessé à l'aide de son poignard portant encore les traces du massacre, pendant que Loris criait dans les escaliers à sa femme de descendre immédiatement et allait chercher des instruments médicaux pour pratiquer les premiers soins.

Adria enleva tout le haut de la tunique, sauvant les bouts de tissu encore valables, coupant et arrachant les autres, déchirés ou ensanglantées, ou même les deux.

C'était un vêtement assez spécial, de par sa matière assez souple et par sa forme originale. Elle n'en voyait pas souvent en ville, et lorsqu'elle repérait quelqu'un la portant, celui-ci disparaissait dans les secondes suivantes. Elle soupçonnait que ce soit une secte ou un groupe comme cela.

La jeune fille laissa juste le pantalon et le bandage de fortune, imbibé de sang, sur le ventre du blessé. À ce moment, Loris entra dans la pièce, les bras chargé d'instruments de toutes sortes et suivit de sa femme, à peine réveillée. Elle lui adressa un signe de tête en guise de salut.

Le médecin s'approcha de l'homme, la jeune fille s'écartant pour le laisser passer. Il installa ses outils sur la table, dévoilant un attirail qui n'augurait rien de bon. Sa femme s'installa de l'autre côté du blessé, maintenant parfaitement réveillée et prête à aider son médecin de mari.

"Adria, fit Loris. Tu es fatiguée et la nuit a du être très éprouvante pour toi. Tu ferais mieux d'aller te reposer pendant que j'essaie de le sauver. Ici, tu es comme chez toi, et tu le sais. Vas dans le salon, allonge toi et dors, tu en as bien besoin."

Effectivement, la jeune fille était exténuée mais elle savait qu'elle ne pourrait dormir avant de savoir si "son" blessé allait survivre et passer la nuit. Elle acquiesça et quitta la pièce, sans regarder derrière elle, laissant les deux médecins faire leur travail.

Adria avait besoin de prendre l'air, elle sortit donc par la porte par laquelle elle était entrée, à l'air libre. Là, le cheval attendait sagement devant la porte que quelqu'un vienne s'occuper de lui.

Elle s'approcha doucement et lui caressa doucement le museau avant de saisir les rênes.

"Toi, tu n'as pas l'air de comprendre ce qui se passe. De toute façon, tu ne peux pas comprendre les querelles humaines, tu es un cheval ... Mais tu as bien de la chance."

Puis, comme par magie, le cheval approcha doucement sa tête avant de d'effleurer délicatement la main blessée de la jeune fille, puis posa son front contre son torse. Ce contact fut intense, comme si l'animal comprenait réellement ses souffrances et ses préoccupations.

La puissance de cet instant fut brisée quelques instants plus tard, lorsque la main d'Adria l'élança douloureusement, la ramenant à la dure réalité. L'adrénaline, qui la maintenait en état de vigilance et d'attention, et minimisait la douleur, commençait à se dissiper dans son sang.

Sa blessure à la main s'était visiblement remise à saigner au vu de son bandage gorgé de sang et ses côtes la faisait souffrir. Elle en vint même à se demander comment elle avait pu arriver jusqu'ici dans son état désastreux.

Adria saisit les rênes à l'aide de sa main droite, tachée du sang ayant coulé de son estafilade, maintenant coagulé. Elle mena l'animal à l'arrière de la maison de Loris, munie d'une arrière-cour ombragée et verdoyante.

La jeune fille délesta le cheval de ses sacoches, qu'elle amena à l'abri à l'intérieur. Cependant, elle dût s'y reprendre à plusieurs fois avant d'enfin réussir à détacher les liens qui retenaient la selle et cela lui valut de rouvrir la plaie à son avant bras, qui se remit à saigner, tachant le cuir sombre.

Elle mit rapidement à l'abri la selle et le harnais du cheval, et laissa celui-ci dans la petite écurie de l'arrière cour, il y trouverait de quoi manger et boire.
Puis, Adria rentra à l'intérieur et se dirigea directement dans la pièce où Loris stockait son matériel de médecine. Elle attrapa plusieurs bandages et les enroula autour de sa main et de son avant bras. La douleur était telle qu'elle tenait à peine debout.

Elle tituba jusqu'au salon, attrapant une pomme au passage et s'affala sur le sol, non loin du canapé. Elle ne voulait pas le salir avec ses vêtements plein de sang et de terre, et elle était pour l'instant trop fatiguée pour se changer.

Elle croqua alors dans la pomme en attendant d'avoir des nouvelles du blessé, luttant pour rester éveillée.

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant