La jeune fille descendit dans la rue prudemment, scrutant les moindres recoins pour savoir si on l'avait remarquée ou si il y avait d'autres assaillants qui la guettaient, tapis dans l'ombre, prêts à lui sauter dessus et à l'égorger.
Apparemment, les ruelles paraissaient calmes et personne n'était sorti pour voir ce qui ce passait. D'ailleurs, personne n'osait jamais vraiment s'interposer lorsqu'une rixe ou un combat éclatait dans le quartier.
On laissait faire, et on venait ramasser le ou les cadavres quand c'était fini.Adria s'approcha doucement du corps de celui qu'elle avait tué. Il avait atterrit sur le ventre, écrasant au passage ses deux flèches. Mais, c'est un autre détail qui l'intrigua. Ses deux mains étaient déchiquetées mais elle arrivait quand même à voir un étrange symbole gravé au fer rouge sur ses paumes.
C'était une espèce de croix stylisée. Les plaies semblaient récentes puisqu'elles n'étaient pas encore cicatrisées, seulement un amas de croutes rougeâtres et sanguinolentes. En outre, l'homme portait un étrange collier au bout duquel se trouvait un pendentif d'acier, gravé d'une maxime.
«Non fui, fui, non sum, non curo»
«Je n'existais pas, j'ai existé, je n'existe plus, cela m'est indifférent.»
Au dos, un mot était aussi gravé en rouge : «Affidavit», «Il a juré.» Ces gravures intriguaient Adria au plus haut point. Et les questions étaient nombreuses, un dernière se rajoutant à la liste : que signifiaient ces inscriptions ?
Elle décida donc de conserver le pendentif pour tenter d'en percer le secret. Elle l'arracha au cou de l'homme et le plaça dans sa poche. Puis, abandonnant le cadavre à son sort, elle se mit de nouveau en route pour sa maison.
La jeune fille se retrouva quelques minutes plus tard dans la rue au pied de sa bâtisse. L'endroit semblait avoir été visité puisque des planches gisaient, brisées, dans la rue.
Redoutant ce qu'elle trouverait en haut, elle commença l'ascension et se glissa par la fenêtre.
Ce qu'elle découvrit lui brisa le coeur. Les meubles avaient été déplacés de leur place initiale et la porte gisait au sol, arrachée avec violence de ses gonds.Tout avait été mis sans dessus dessous, son lit n'était plus que charpie, le sol arraché par endroit et un des murs partiellement détruit. En outre, une partie de la pièce avait été calcinée par un feu qui semblait s'être étouffé avant de faire plus de dégâts.
Adria contourna les débris et s'approcha de sa cachette dans les planches et découvrit, le coeur brisé, qu'elle avait été ouverte. Les derniers objets qu'elle conservait de sa famille avait disparus, tout comme ses réserves d'argent.
Complètement choquée, la jeune fille tomba à genoux au sol, des larmes commençant à couler sur ses joues. C'était la première fois depuis le début de sa vie de solitaire qu'une chose pareille advenait.
En une poignée de minutes, elle avait perdu son poignard, failli être tuée par un dégénéré, perdu ses affaires personnelles et, par la même occasion, les seules choses qui la rattachaient encore à sa famille et son passé.
Une petite boule de poil vint alors se glisser sous ses bras, essuyant les larmes dévalant ses joues. Adria l'attrapa et le serra l'animal dans ses bras, y trouvant un peu de réconfort.
Après quelques minutes passées ainsi, recroquevillée à laisser ses émotions se déverser en dehors de son corps, elle décida enfin qu'il était temps de se reprendre.
Elle se releva lentement, et jetant un dernier coup d'œil à ce désastre, elle quitta finalement son repaire, consciente que ce serait la dernière fois qu'elle le verrait.La jeune fille se hissa sur les toits et reprit son arc à la main, une flèche encochée, et balaya les toits du regard.
Tout semblait être revenu à la normale, les bruits habituels de la rue étaient là, les chiens aboyant, le vent soufflant entre les bâtiments et le pas des patrouilles claquant les pavés régulièrement.
Dans tous les cas, personne, à priori, à l'horizon.La jeune fille avait décidé de rentrer au plus vite chez les deux médecins, pour voir si tout allait bien là-bas et interroger Ezio sur le mystérieux pendentif qu'elle avait trouvé. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait l'intuition qu'il savait, de près ou de loin, ce que tout cela signifiait.
Elle se mit donc à courir sur les toits, enjambant les espaces entre les bâtiments dans des sauts spectaculaires. L'adrénaline qui coulait dans ses veines la poussait à aller toujours plus vite.
Son coeur commençait à se serrer dans sa poitrine, la peur de ne trouver que des cadavres lorsqu'elle rentrerait l'obsédait à un point inimaginable. C'était insensé, mais son cerveau, encore traumatisé par ce qu'elle venait de vivre, ne pouvait s'empêcher d'inventer les pires scenarii possibles.
Si l'homme avait été envoyé par quelqu'un de mal intentionné, il pouvait très bien avoir envoyé un autre tueur chez les médecins.
Lorsqu'elle arriva enfin dans le quartier huppé, le coeur tambourinant dans la poitrine, le calme régnait.Elle descendit rapidement des toits, juste à temps pour apercevoir un cheval disparaitre au coin de la rue, un cavalier en robe blanche sur son dos. Encore une fois, son instinct lui soufflait que c'était un ami d'Ezio, puisqu'il portait une tenue semblable à lui, du peu qu'elle avait vu des vêtements du cavalier.
Son coeur se serra d'inquiétude, sa respiration saccadée lui faisait mal. Elle manqua de mal se réceptionner au sol mais elle s'aida de ses mains pour éviter de chuter lourdement.
Adria se précipita vers la porte du cabinet avant de tambouriner dessus. Personne ne vint lui ouvrir et elle se maudit de ne pas avoir pensé plutôt à ouvrir la porte d'elle-même.
Elle attrapa la poignée et la tourna violemment. Comme elle s'y attendait, la porte n'était pas fermée et elle pénétra dans la maison.
N'entendant absolument aucun bruit, elle se mit à hurler à plein poumons :
"Loris ! Ester !"
Personne ne lui répondit.
"Merde ! Merde ! Merde !"
Elle se mit à fouiller la maison de fond en comble, commençant par l'endroit le plus probable : les chambres, à l'étage.
Son inquiétude ne faisait qu'augmenter lorsqu'elle déplorait leur absence dans chacune des pièces qu'elle inspectait.
Pourtant, aucun combat ou autre altercation ne semblait avoir eu lieu dans la maison puisque qu'aucune trace n'était visible, aucun meuble déplacé ou ne serait-ce qu'un infime morceau brisé.
Les deux médecins semblaient s'être volatilisés en l'espace de quelques dizaines de minutes, purement et simplement.
Puis soudain, la jeune fille eut un éclair de lucidité dans sa détresse : pendant ses recherches elle n'avait pas du tout pensé à Ezio.Elle déboula donc rapidement dans la petite chambre attenante à la salle de soin. Comme elle s'y attendait, il n'y avait personne.
L'homme avait disparu avec toutes ses possessions, ses vêtements et surtout ses armes, absentes de la table au fond.Cependant, elle remarqua un papier laissé là, posé sur la table, bien en évidence au milieu.
Adria s'approcha lentement, craignant qu'Ezio l'aie trahie et aie emmené les deux médecins avec lui ou qu'il les ait tout simplement supprimés et caché leurs corps.Son coeur manqua un battement lorsqu'elle prit le papier et lorsque ses yeux découvrirent avec horreur le message couché hâtivement dessus :
"Rendez-vous demain. Plaza della Signoria. À midi. Viens seule.
Memento Mori.Ezio"

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Arcanes | Assassin's Creed
FanfictionItalie. XVe siècle Un arc, deux poignards et une agilité hors-norme. Voilà le minimum pour survivre dans une Florence soumise aux Borgia. C'est ainsi que vit Adria, une jeune fille orpheline. Un soir cependant, elle va se retrouver mêlée volontairem...