XXXIX : Phénix

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Le bâton la frappa à la tempe gauche en quelques millièmes de secondes. Adria n'avait pu l'éviter, l'arme était arrivée par son côté aveugle. Elle encaissa le coup et croisa le regard de Kataï, qui tenait le bâton du bout des doigts.

Cela faisait déjà plusieurs jours qu'il avait décidé d'aider la jeune femme à retrouver ses pleines capacités. Près d'une semaine avait passé depuis sa quasi-exécution, ses blessures étaient toujours bandées. Elle essayait tant bien que mal de reprendre un train de vie normal, mais avec un seul oeil valide, elle avait perdu une grande partie de ses capacités d'observation et de réflexes.

"Adria, souffla Kataï. Il faut que tu bouge plus. Si tu reste statique ton côté gauche est vulnérable et tu ne verras pas venir les coups de ce côté."

L'Assassine soupira à son tour et laissa tomber le bâton de bois qu'elle tenait dans sa main droite.

"Tu ne peux pas comprendre, Kataï, je ne récupérerai jamais la totalité de mes capacités. C'est impossible, et tu le sais."

La chute du bâton de Kataï sur la terre battue produisit un son étouffé, il était désemparé, cela se voyait.

Adria tourna le regard vers le ciel nuageux. Le nuit ne tarderait pas à tomber, tout comme la pluie. Ce soir-ci, elle se rendrait à la cathédrale pour voir son frère. Elle n'avait parlé à personne de ce rendez-vous secret, pas même à Kataï, avec qui elle partageait pourtant désormais un lien plus fort. Elle avait peur qu'il ne la retienne et ne l'empêche de rejoindre le lieu de la rencontre.

Kataï s'approcha alors dans son dos pour la serrer délicatement dans ses bras. Adria accepta l'étreinte, mais la culpabilité qui l'habitait ne voulait pas la quitter. Elle avait promis à Ezio de rester sage et de ne pas s'exposer au danger inutilement, mais elle allait trahir sa promesse pour rejoindre son frère, et surtout, pour le questionner au sujet de Naldo.

L'image triomphante de son ancien compagnon lui passant la corde au cou restait gravée sur ses paupières. L'amour qu'elle éprouvait pour lui quelques mois auparavant s'était transformé en haine profonde. Elle n'aspirait désormais qu'à planter sa lame dans le cou de Naldo et à le regarder se vider de son sang, lentement, sans qu'il ne puisse y faire quelque chose.

Kataï lui avait déjà assuré que ses pensées négatives étaient le fruit de la peur panique qu'elle avait éprouvé lors de son emprisonnement et des moments graves qu'elle avait vécu, mais Adria ne voulait pas y croire, elle se raccrochait à l'idée que cette vengeance était une réflexion longtemps mûrie et méritée.

"Adria, chuchota l'Assassin au creux de son cou. Ne fais pas de chose stupide. Je sais que tu as l'impression que rien ne va droit en ce moment, mais tu sais que tu nous as nous. La Confrérie sera toujours là pour te protéger, et tu sais à quel point tu es importante aux yeux de tous. Ne prends pas la décision égoïste de sacrifier ta vie pour n'importe quelle raison."

Kataï se tut alors, et Adria le suivit dans son silence. Effectivement, lorsqu'elle s'était jetée dans la gueule du loup, elle n'avait pensé qu'à elle-même. Pas un fois, l'idée que sa disparation cause des chagrins ne l'avait traversée. Elle avait été tellement habituée à vivre en solitaire, que même la réflexion que quelqu'un l'apprécie lui était étrangère.

"Qu'est-il arrivé à Sanna ?" questionna alors la jeune femme, tentant d'éloigner le sujet de conversation de sa propre personne.

"Elle est morte, répliqua platement l'Assassin. J'avais réussi à l'extraire du hangar après le départ des gardes. Ils l'avaient abandonnée, vu qu'ils n'avaient plus besoin d'elle. Elle s'est suicidé quelques jours plus tard en sautant de la tour du Palazzo. Elle a pris une décision égoïste, en laissant derrière elle son petit frère seul. Je ne veux pas que ça se passe comme cela pour toi ... Parce que je t'aime."

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant