XL : Tristes Retrouvailles

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Adria courait à travers les rues de Florence, son arc battait régulièrement son épaule et ses pieds frappaient les pavés à un rythme soutenu. C'était exactement comme le soir où elle avait sauvé Ezio. Les rues étaient aussi désertes et le ciel s'était dégagé dans la soirée, laissant la lune baigner d'une lumière blafarde les allées.

La jeune femme ne pouvait s'empêcher de penser à Kataï, à la manière dont ils s'étaient quittés quelques minutes auparavant, et les paroles brutales qu'elle avait prononcé à son encontre. Elle s'en voulait, terriblement. Ce sentiment de culpabilité ne semblait pas l'avoir quitté depuis qu'elle était revenue à la Confrérie, comme si c'était un boulet qu'elle traînait avec elle.

Le vent frais qui fouettait son visage lui procurait une sensation bizarre. Auparavant, elle aimait toujours sentir les éléments contre sa peau, elle se sentait alors plus vivante que jamais, mais cette fois-ci, le passage du vent sur sa plaie provoquait comme un sentiment de gêne chez elle.

Ce soir-là, elle ne croisa aucune patrouille Templière, et pourtant celles-ci s'étaient considérablement multiplié depuis quelques mois, couvrant une grande partie des quartiers de la ville, dans le but d'éviter les émeutes et les soulèvements qui menaçaient d'éclater au sein de Florence.

La tension était montée d'un cran dans les rues, et plus personne ne traversait sereinement un quartier à la nuit tombée. Un affrontement avec les gardes était à redouter à tout moment, et Adria s'était rendue à l'évidence que le prochain combat qui opposerait les Templiers aux Assassins serait déterminant pour l'avenir des Florentins.

La jeune femme jetait régulièrement des regards par dessus son épaule, redoutant d'apercevoir une silhouette blanche sur ses pas, mais personne ne semblait l'avoir suivie. Elle était soulagée.

Au bout de quelques minutes, elle déboucha sur une petite place rectangulaire. Un des côtés de l'espace était occupé par un imposant bâtiment en pierre taillée, dont la flèche aiguisée pointait vers le ciel : la cathédrale de Florence. La place était en outre délimitée par des maison mansardées qui projetaient leurs façades en avant, instaurant une atmosphère oppressante.

L'Assassine s'avança, prudente, vers la cathédrale, longeant les murs le plus possible. Elle repéra alors une silhouette sombre qui émergea subitement de l'ombre. Elle reconnut immédiatement le profil de son frère et traversa au pas de course les quelques mètres qui les séparaient.

Theï eut un minuscule mouvement de recul lorsqu'il croisa le regard décharné de sa soeur, mais il s'abtint d'exprimer ses pensées, sûrement de peur de la blesser. Il la saisit par le bras pour la faire entrer dans l'ombre de l'édifice religieux.

"Tu ne pouvais pas venir avec des vêtements moins remarquables ?" chuchota-t-il entre ses dents.

Adria, quelque peu déçue, fit jouer ses lames secrètes en un discret chuintement avant de lui répondre :

"Je pense sincèrement que tu ne regretteras pas que je sois habillée ainsi si un combat se profile. Ce n'est pas avec la mince dague que tu portes à la ceinture que tu pourras nous défendre tous les deux."

Son frère rougit violemment et baissa la tête vers l'excroissance qui dépassait quelque peu de ses vêtements. Pour un oeil externe, nul ne pouvait discerner les contours d'une arme, mais pour Adria, cela tombait sous le sens. Theï ne s'était pas encombré du sabre qu'il portait normalement en tant que soldat, ni même de son mousquet, alors il avait forcément amené ne serait-ce qu'un minuscule couteau pour se donner une contenance.

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